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L'article provient de Le Journal de Montréal
Opinions

On ne parle pas assez du fléau des drogues

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Photo portrait de Mario Dumont

Mario Dumont

2023-04-14T19:30:00Z
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La semaine dernière, le ministre français de l’Intérieur dénonçait le trafic de drogues comme un fléau pour son pays. «La consommation s’est débridée, que ce soit pour le cannabis ou la cocaïne», constatait-il, statistiques en main. Il parlait d’un phénomène qui gangrène le pays.

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J’ai hâte d’entendre des discours semblables chez nous. Bien sûr, les policiers font leur travail et nous annoncent de temps à autre des opérations en matière de stupéfiants. Cependant, la notion de lutter contre le trafic, de le punir plus sévèrement et de prévenir la consommation de drogues dangereuses semble passée de mode chez nos élus.

À Québec, on en parle peu. À Ottawa, on fait même le contraire. La légalisation de la marijuana a banalisé l’idée même de consommer du cannabis. Les jeunes ont intégré le message que si c’est autorisé par le gouvernement, c’est correct. Puis la loi C-5 est venue assouplir les peines en matière de stupéfiants.  

Pourtant la drogue fait des ravages. Les opioïdes tuent des jeunes par milliers. En 2022, 2300 personnes sont décédées de surdoses en Colombie-Britannique. La plupart à cause du fentanyl.

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À l’école

La drogue fait aussi des ravages chez les très jeunes. Un rapport alarmant de l’Institut de la statistique du Québec a révélé cette semaine que le wax pen explose en popularité chez les 15 à 17 ans. Le wax pen est un dispositif de vapotage avec lequel on consomme un concentré liquide de cannabis. 

Sans odeur et ne produisant qu’un peu de vapeur, le wax pen est parfait pour l’école. Il y est omniprésent, selon plusieurs témoignages. Une petite poffe avant le premier cours du matin, puis deux à la récréation, on ne crée pas des conditions très propices à l’apprentissage. Ce produit est de deux à trois fois plus fort en THC qu’un joint de marijuana traditionnel.

Une des conséquences de la consommation de drogue à un jeune âge est aussi le fort accroissement du risque de développer des problèmes graves de santé mentale. La psychose ou la schizophrénie, par exemple.  

Individus en crise

Nous avons vécu ces dernières semaines une série de tragédies meurtrières et absurdes. À chaque fois, devant les inexplicables gestes, nous nous rabattons collectivement sur la santé mentale.  

Rarement on osera associer santé mentale et consommation de drogue. Pourtant cette association devrait se faire, et deux fois plutôt qu’une. Certains des troubles de santé mentale ont été provoqués ou amplifiés par la consommation de drogue. Et certains des comportements fous et destructeurs sont le résultat de l’intoxication totale de la personne dans les heures avant de commettre l’irréparable. 

Les policiers s’en plaignent : ils ont à intervenir de plus en plus souvent auprès d’individus en crise parce que complètement givrés.

C’est la contradiction de notre époque. Jamais les drogues n’ont causé autant de problèmes. Et pourtant l’idée de combattre le fléau n’est plus au goût du jour.

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