On a été prendre le SkyTrain à Vancouver - c'est le REM de l’Ouest canadien

Jean-Michel Clermont-Goulet
BILLET - Avez-vous entendu parler du SkyTrain, le cousin de l’Ouest canadien du Réseau express métropolitain (REM)? Ce qui sert de métro aux résidents de Vancouver, en Colombie-Britannique, roule depuis près de 40 ans. On a décidé de l’essayer et de le comparer au petit nouveau de la région montréalaise.
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(Ce texte contient plein de détails intéressants et de comparatifs à Montréal, mais si vous voulez vraiment voir de quoi ç'a l'air le SkyTrain, regardez notre vidéo ci-haut, elle vaut mille mots!)
D’abord, c’est quoi le SkyTrain?
Pour ceux et celles qui n’ont jamais mis le pied dans la plus grande ville de la Colombie-Britannique, le SkyTrain est l’équivalent du réseau automatisé montréalais, donc un train électrique et sans conducteur. La majorité du réseau est sur viaducs — d’où son nom — alors que le reste est semblable au métro, soit souterrain.
Le SkyTrain compte 58 stations réparties sur trois lignes (nommées Expo, Millenium et Canada line) et quelque 79,5 km de voies. En guise de comparaison, une fois achevé, le REM comptera 26 stations, disposées sur 67 km. Il faut toutefois préciser qu’à Vancouver, il n’y a pas de métro pour compléter l’offre, contrairement à Montréal.
Ce que ça couvre comme territoire
Les trois lignes du SkyTrain couvrent la ville centre de Vancouver, mais également les banlieues du sud et de l’est de la capitale, l’aéroport, la cité universitaire de l’Université de la Colombie-Britannique et bien d’autres éléments.

À Montréal, la première portion du REM, inaugurée en juillet, relie Brossard (Rive-Sud) au centre-ville. Une fois tout le réseau complété, le REM desservira aussi l’ouest de la ville, l’aéroport de Dorval et le secteur Deux-Montagnes, sur la Rive-Nord de Montréal.

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Combien ça coûte, prendre le SkyTrain?
Comme dans la métropole québécoise, des zones tarifaires couvrent le territoire de Vancouver. Si nous en avons quatre à Montréal (A, B, C et D), à Vancouver, on parle de trois zones. Le prix du titre de transport dépend des zones que vous traversez, mais également du moment de la journée et du mode de paiement.
Par exemple, un voyage entre les zones 1 et 2 vous coutera 4,55$ en argent comptant ou 3,75$ si vous tapez votre Compass (la carte OPUS locale) sur le moniteur.

Dans la région de Montréal, un déplacement similaire avec le titre Tous modes AB (qui couvre Laval, Montréal et l’agglomération de Longueuil) coûte 4,50$, peu importe la méthode de paiement.
Vous n’avez pas de Compass ni le montant en monnaie? Vous pouvez payer par carte de crédit ou de débit avec le mode tap to pay! Oui, vous avez bien lu! C’est si futuriste. Ils l’ont l’affaire, les Britanno-Colombiens! Le Grand Montréal a encore des croûtes à manger.
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Un point que j’ai adoré à Vancouver, c’est la tarification unifiée. Après 18h30 les soirs de semaines, ainsi que le week-end et pendant les jours fériés, le tarif de la zone 1 s’applique sur tout le territoire, automatiquement.
Ainsi, pour un aller simple de la zone 1 à la 3, ça vous coûtera 3,15$ et non 6,20$ en argent comptant. Et vous n’avez pas besoin d’acheter un titre spécial. Le système convertit le tout lui-même.
Dans le Grand Montréal, il y a une tarification similaire, mais il faut le savoir et acheter un billet en conséquence. Il s’agit des titres Soirée illimitée et Week-end illimité, qui sont valides dans toutes les zones et qui valent le coup à partir de peu de passages (vous pouvez voir les détails ici).
À Vancouver, des frais additionnels de 5$ s'appliquent au tarif quand on part de l'aéroport.
La combinaison de tout ça crée des disparités. Pour aller de l'aéroport (zone 2) à mon hôtel (zone 1), j'ai déboursé 9,55$ un mercredi après-midi (tarif régulier + frais de 5$). Pour faire le trajet en sens inverse un dimanche, ça m'a coûté seulement 2,55$ vu le tarif unifié de fin de semaine.

Si vous ne savez pas vraiment quelles zones vous visiterez, vous pouvez vous procurer une passe d’une journée pour 11,25$, qui vous donne un accès illimité aux bus, SkyTrain et SeaBus des trois zones.
Dans le Grand Montréal, vous devrez payer 21,75$ pour un accès illimité (pendant 24 heures) aux zones A-B-C-D, 16,75$ pour les zones A-B-C, 12,75$ pour A-B et 11$ pour Montréal seulement.
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Mon expérience
En tout et partout, j’ai grandement apprécié le SkyTrain de Vancouver. D’abord pour son efficacité, tant sur l’aspect de la tarification que sur la ponctualité. Je ne sais pas si c’est un coup de chance, mais je n’ai vécu aucun ralentissement ou arrêt de service.
Il faut dire aussi que le SkyTrain offre une vue imprenable sur le Grand Vancouver, surtout lorsqu’on regarde en direction des grosses montagnes au nord de la ville. Ça fait différent du mont Royal, disons.


Roulant à une moyenne de 50 km/h, comme le REM, vous avez le temps d’admirer la vue, tout comme à Montréal.
En voyageant en hauteur, on a une tout autre vision de la Rive-Sud et de Montréal. J’ai l’impression d’être en Europe, chaque fois que j’embarque dans la rame montréalaise. Et de transiter à travers les quartiers. J’ai moins cette impression à Vancouver.
Le fait que l’aéroport soit accessible en train est un plus. Il m’aura fallu 40 minutes pour joindre mon hôtel.
À noter que Montréal-Trudeau sera également desservi par le REM, et ce, en quelque 26 minutes à partir de la Gare Centrale, 43 minutes de Brossard et 31 minutes de Deux-Montagnes. Il faut toutefois attendre à 2027. C’est long, quatre ans.
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Le bruit
On reproche depuis des mois au REM de faire beaucoup de bruit et de déranger les quartiers riverains, soit principalement les résidents de Griffintown, l’Île-des-Sœurs et Pointe-Saint-Charles lors du passage des wagons. Des travaux d’atténuation du bruit sont d’ailleurs en cours depuis le 15 octobre dernier.
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Si certains trouvent le REM bruyant, ils n’ont pas entendu les wagons du SkyTrain se frotter aux rails du réseau. Déjà, de l’intérieur, le son est ahurissant. Idem de l’extérieur, tant au départ, en déplacement qu’à l’arrivée en station de l’habitable.
Voyez et entendez à quoi ressemble le bruit du SkyTrain:
À Montréal, c’est, à mon avis, bien moins pire.
À Vancouver, le bruit n’est pas pareil d’une ligne à l’autre, puisque les lignes et les rames de trains n’ont pas le même «âge». Par exemple, la CBC rapportait en 2019 que les plus vieilles (Expo et Millenium lines) faisaient plus de bruit qu’un chantier de construction, soit 106 décibels sur certains tronçons.
La plus récente, la Canada Line, est beaucoup moins dérangeante, mais également celle avec le plus de stations souterraines.
À Montréal, le journaliste du Journal Louis-Philippe Messier a mesuré le bruit du REM. À certains endroits, le bruit atteignait 85 décibels.
On peut entendre ici le REM à l'approche de Griffintown:
Des accueils mitigés
Si les fervents défenseurs du transport collectif ont accueilli à bras ouverts le SkyTrain et le REM, force est d’admettre que les deux systèmes ne font pas que des heureux et pas qu’à cause du bruit.
Dans la région de Vancouver, notamment en banlieue, les résidents dénoncent le «massacre» et la densification de leur quartier familial au profit de nouvelles tours à condos de 30 à 40 étages. En pleine crise du logement, des appartements à prix modiques ont également disparu de la map, comme le rapportait le Journal.

Bien que moins intense, les craintes sont similaires dans le Grand Montréal, notamment à Deux-Montagnes. De nombreuses rues en bordure de futures stations du REM, dont l’ouverture est prévue en 2024, ont été rezonées afin d’augmenter la densité, en plus de voir des tours à condos pousser les unes après les autres.