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L'article provient de 24 heures

«On doit vivre les fenêtres fermées en tout temps»: des résidents de Pointe-Saint-Charles en colère contre le REM

Pierre-Antonin Thibault fait partie des nombreux résidents de Pointe-Saint-Charles qui ont exigé de CDPQ Infra mardi de meilleures informations quant au bruit émis par le REM dans leur quartier.
Pierre-Antonin Thibault fait partie des nombreux résidents de Pointe-Saint-Charles qui ont exigé de CDPQ Infra mardi de meilleures informations quant au bruit émis par le REM dans leur quartier. Photos Camille Dauphinais-Pelletier
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Photo portrait de Camille Dauphinais-Pelletier

Camille Dauphinais-Pelletier

2023-09-27T03:37:48Z
2023-09-27T13:54:34Z
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Des dizaines de citoyens de Pointe-Saint-Charles ont fait part de leur colère mardi soir à l’équipe du Réseau express métropolitain (REM), venue présenter les mesures qui seront mises en place pour réduire le bruit lié au passage des trains.

Des résidents du coin ont notamment partagé ne pas être capables d’entendre leur télévision lorsque leurs fenêtres étaient ouvertes, avoir de la difficulté à se faire entendre par leurs enfants lorsqu’ils jouent au parc, être importunés par des bruits de réverbération et même connaître des gens qui ont de la difficulté à dormir la nuit à cause du passage des trains.

Deux éléments ont particulièrement retenu l’attention lors de la présentation: le fait que les mesures de son présentées soient le nombre de décibels moyens sur une période de 24 heures, non pas le nombre de décibels lors du passage du train, et que des absorbeurs dynamiques ne seront pas installés sur la partie de la voie qui longe Pointe-Saint-Charles

Impossible de connaître le niveau sonore lors du passage du train

Même si les données de bruit sur 24 heures, qui oscillent entre 52 et 57 dBA, ne dépassent pas la norme gouvernementale, ce sont les décibels atteints lorsque le train passe qui dérangent et inquiètent la population. 

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Mais tout au long de la présentation, l’équipe du REM n’a pas pu fournir cette mesure, malgré les demandes répétées des citoyens.

«Une donnée fondamentale que vous ne nous avez pas montrée, c’est le niveau de bruit lors du passage du train», a notamment mentionné Pierre-Antonin Thibault, 20 ans, qui a habité dans le quartier toute sa vie. Il a été applaudi par la foule, qui visiblement souhaitait avoir accès à cette donnée.

Ces pointes de bruit sont atteintes chaque fois que le REM passe, soit pendant une dizaine de secondes deux fois par période de 7 minutes hors des heures de pointe (et davantage pendant les pointes). En voici un exemple dans la vidéo ci-dessous (deux passages). 

C’est une durée peut-être trop faible pour influencer considérablement la moyenne sur 24 heures, mais assez élevée pour déranger les résidents, avaient-ils comme hypothèse.

Pierre-Antonin Thibault a d’ailleurs eu une analogie éloquente: «Si on vous cognait la tête juste une seconde par minute, vous nous diriez que c’est minime parce que c’est juste une fois par minute? Ce serait quand même très dérangeant. En termes de transparence, ça pourrait être pertinent de présenter à la population de vraies données qui impactent les gens au sol», a mentionné le Montréalais, qui tenait par ailleurs à préciser qu’il était favorable au projet du REM en tant que tel, comme plusieurs autres personnes dans la salle. 

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Devant la claire volonté de la foule d’avoir ces données, l’équipe du REM a dit qu’elle prenait la question en délibéré. Elle a mentionné ne pas être fermée à ce que les données soient un jour rendues publiques en temps réel pour ceux et celles qui souhaitent les consulter. 

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Pas d’absorbeurs dynamiques dans la courbe de PSC

L’équipe du REM était de passage dans le quartier pour présenter les mesures qu’elle compte mettre en place au cours des prochaines semaines pour diminuer le bruit du REM. 

Les mesures, qui avaient déjà été présentées aux médias la veille, sont les suivantes:

  • Meulage des rails pour en diminuer la rugosité.
  • Installation sur la voie d’absorbeurs dynamiques, c'est-à-dire des blocs de caoutchouc avec de l’acier à l’intérieur qui diminuent les vibrations et leur impact sonore.

La carte des absorbeurs montrée lors de la présentation indique toutefois que ceux-ci ne seront pas installés sur la courbe qui passe le plus près de Pointe-Saint-Charles, ont relevé les citoyens. 

«J’habite dans la courbe. De voir qu’il n’y aura pas d’absorbeur... (...) il y en a des gens qui habitent là, et encore plus de gens qui vont habiter là parce qu’il y a des projets en développement aussi», a mentionné Jessica Préfontaine, qui habite dans le quartier depuis près de 13 ans.

«Je ne sais pas si vous réalisez à quel point vous tenez la population en otage. On doit vivre les fenêtres fermées en tout temps si on veut une qualité de vie. Même avec les fenêtres fermées on vous entend. (...) Est-ce que c’est tant demander d’avoir aussi des absorbeurs dynamiques?», a-t-elle ajouté.

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L’équipe a essentiellement répondu qu’elle avait dû choisir les emplacements qui auraient le plus d’impact sur le plus de résidents, en considérant le fait que les travaux d’installation devaient être faits avant l’hiver. La situation pourra être réévaluée après. «Si on n’atteint pas les résultats présentés [NDLR: une réduction du bruit à la source entre 5 et 10 décibels], on retournera à la table à dessin», a notamment mentionné Élizabeth Boivin, directrice Environnement chez CDPQ Infra.

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Et les murs antibruit?

L’équipe a confirmé que des murs antibruit ne seraient pas installés. «C’est la première solution à laquelle on pense quand on a des problèmes de bruit. Mais notre analyse et compréhension des phénomènes nous pousse à dire que ce n’est pas la solution la plus adaptée pour la problématique qui nous concerne. On ne s’attend pas à des gains très significatifs pour la pose de murs antibruit pour plusieurs raisons», a expliqué Jean-Luc Wojtowicki, expert en acoustique chez SYSTRA, firme qui travaille de concert avec l’équipe du REM. 

Il a notamment mentionné que lorsque des constructions sont en hauteur, comme c’est le cas dans d’autres quartiers près des voies (Griffintown et Île-des-Sœurs), des murs de 2,5 mètres de hauteur ne sont pas très utiles. La vidéo suivante, prise à partir de la terrasse d'une tour à condos de Griffintown, permet de voir à quel point certains logements sont en hauteur.

«Ça ne bénéficie pas à tout le monde alors que le meulage et l’absorbage affecteront toute la population», a dit M. Wojtowicki.

L’équipe du REM fera des rencontres semblables mercredi soir avec les citoyens de Griffintown et jeudi avec ceux de l’Île-des-Sœurs

Philippe Batani, premier vice-président aux Affaires publiques, communication et stratégie chez CDPQ Infra, assure être très attentif au processus d’échange. 

«C’est clair que ce qu’on entend aujourd’hui c’est qu’il y a beaucoup de préoccupations, et qu’il va falloir continuer de prendre ça au sérieux dans le futur», a-t-il mentionné mardi à la fin de la rencontre avec les citoyens de Pointe-Saint-Charles.

 

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