On a demandé à un médecin combien de fois on devrait aller à la selle chaque jour (et semaine)
Jean-Michel Clermont-Goulet
À quelle fréquence devrait-on aller à la selle? Est-ce qu'il y a des risques à ne pas y aller assez souvent? Un gastro-entérologue répond à toutes nos questions.
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La bonne fréquence est...
Une personne qui n’a pas de problème de santé peut aller à la selle entre une fois par jour et trois fois par semaine, affirme le Dr Prévost Jantchou, gastro-entérologue pédiatrique au CHU Sainte-Justine.
Mais attention: ce n'est pas parce qu'une personne va aux toilettes une fois par semaine qu'elle est constipée ou en mauvaise santé. Divers facteurs peuvent influencer la fréquence, comme l’alimentation (fibres, hydratation, consommation de boissons comme alcool et café) et le fonctionnement du colon.
«Des cas répertoriés ont passé des semaines sans avoir déféqué, mais tant qu’on a des gaz et qu’on n’a pas d’obstruction complète ni de maux de ventre ou de douleurs à l’anus, c’est correct», mentionne le Dr Prévost Jantchou.
Comment savoir alors si on y va suffisamment? Si une personne met du temps à faire ses besoins, qu'elle doit «pousser fort pour évacuer le produit de la défécation, qu’on appelle le caca, on est alors dans une situation anormale [de constipation]», explique le médecin.
Ne consultez pas au moindre problème
Si vous êtes constipé, avant de penser à consulter un professionnel de la santé, essayez de changer certaines habitudes de vie, comme mieux vous hydrater, manger plus de fibres, limiter la consommation de thé, de café et d'alcool et faire de l’activité physique.
«Si, après ça, ça ne fonctionne pas, là il faudrait consulter», souligne le gastro-entérologue.
Des complications peuvent survenir
La constipation peut provoquer trois types de complications:
- Des fissures anales. Si vous forcez trop, des fissures anales pourraient se créer, c'est-à-dire des coupures sur la surface de l’anus. Du sang se retrouvera alors dans les selles.
- Des hémorroïdes. Si la constipation s’étend sur des jours, des semaines, voire des mois, des hémorroïdes pourraient se former.
- Des diverticules. Un diverticule est une crevasse formée par les plis de la paroi intestinale. Sa taille peut être aussi grosse qu’une bille. Une perforation d’un diverticule peut mener à des complications et des infections nécessitant une hospitalisation.
Dans de très rares cas, une occlusion peut survenir, c’est-à-dire un blocage à l’intérieur même de l’intestin. «Si ça ne passe pas [par l’anus], ça remonte, ça remonte et on finit par tout vomir», mentionne Dr Jantchou. Une intervention chirurgicale est alors nécessaire.
Mettez un petit banc devant le toilette
Chaque foyer devrait se doter d’un petit banc ou d'un tabouret pour surélever les pieds lorsqu'on va à la selle, suggère le Dr Prévost Jantchou. C'est parce que quand on est assis avec les pieds au sol, l’angle recto-anal n’est pas idéal pour faciliter la descente des selles.
«Disons que l’on compare cela à une descente en rafting. Pour descendre en rafting, on glisse mieux quand la pente est à pic. Si la pente est près de l’horizontalité, ce n’est pas optimal. En mettant le banc sous les pieds, on rend l’angle bien vertical, facilitant la vitesse de la défécation et on force moins», explique-t-il.
«Encore mieux qu’un banc», le gastro-entérologue pédiatrique propose de faire ses besoins en position de squat, comme c’est la coutume dans certains pays où la toilette est un simple trou à même le sol.
«En squat, on est au maximum de l’ouverture de l’angle recto-anal. Le banc fait en sorte qu’on se rapproche de la position physiologique du squat», conclut-il.