Pourquoi le stress fait-il faire des «cacas nerveux»?


Sarah-Florence Benjamin
Avant un examen important ou une conversation malaisante, les «papillons dans le ventre» causés par le stress peuvent se transformer en une envie pressante de déféquer. Cet effet déplaisant du stress est une réaction physiologique assez répandue et normale. Heureusement, il existe des stratégies pour empêcher ses intestins de rajouter une couche à une situation tendue.
Si ça peut vous rassurer, n’importe qui peut souffrir d’un «caca nerveux». Les maux de ventre, les gaz, la constipation et la diarrhée sont des réactions habituelles face à un stress aigu. Ce n’est pas le signe que quelque chose cloche avec votre santé mentale ou gastrique.
Mais pourquoi alors l’angoisse nous met-elle autant l’estomac à l’envers?
L’intestin, le deuxième cerveau
Ce qu’il faut savoir, c’est que le cerveau et l’intestin sont liés par un système de communication bidirectionnel très sophistiqué qu’on appelle «axe intestin-cerveau». Ils communiquent principalement par le nerf vague et des neurones. Les microbiotes, les micro-organismes vivant dans le tube digestif, participent également à cette communication.
L’intestin, comme le cerveau, produit des neurotransmetteurs, ces éléments chimiques qui permettent la communication entre les parties du corps. La sérotonine, ce neurotransmetteur important notamment pour la régulation de l’humeur, du sommeil, de la digestion et de l’appétit est produite à 95% dans l’intestin.
La sérotonine est aussi une grande responsable des dérèglements du système digestif causés par le stress. Elle est sécrétée par l’intestin lorsque ce dernier a besoin de faire passer des éléments plus rapidement dans le transit intestinal, comme des produits irritants ou toxiques. Le neurotransmetteur sert à envoyer le message aux parois de l’intestin de se contracter pour pousser son contenu vers la sortie.
Des quantités importantes de sérotonine sont aussi produites lorsqu’on est stressé et que le corps se prépare à réagir à une menace, de concert avec le cortisol et l’adrénaline. Lorsque le corps produit plus de ces hormones de stress que ce que l’intestin est capable d’absorber, ce dernier se contracte rapidement, ce qui cause les maux de ventre, les ballonnements est les nausées.
Ces spasmes font passer les selles rapidement dans le gros intestin, là où l’eau qu’elles contiennent est absorbée en temps normal.
Lorsque la montée d’adrénaline s’estompe, le corps se détend assez rapidement et le tube digestif n’y échappe pas. C’est donc souvent après un évènement de stress que l’envie d’aller aux toilettes se fait particulièrement pressante, comme nos intestins se relâchent après que tout leur contenu a été poussé vers son extrémité.
• À lire aussi: Pourquoi a-t-on de plus en plus envie de pipi lorsqu’on approche de la maison?
Est-ce grave ?
Les personnes qui souffrent de troubles anxieux ou de l’humeur ont souvent des problèmes de digestion et un microbiote intestinal déréglé, selon plusieurs études. Ces problèmes de digestion peuvent devenir une source d’anxiété supplémentaire.
Lorsque la situation se répète de manière chronique, il vaut mieux en discuter avec un professionnel de la santé, surtout si on constate une perte de poids ou quelque chose d’inhabituel avec le contenu de ses selles.
Comment éviter les cacas nerveux?
La meilleure façon de prévenir ce genre d’émois gastriques est de réduire les sources d’anxiété et d’apprendre à gérer son stress sainement. Si cela s’avère plus facile à dire qu’à faire, il existe d’autres stratégies qui peuvent permettre de réduire le nombre de passages obligés sur le trône.
Une bonne hygiène de sommeil et une alimentation saine peuvent, par exemple, aider à maintenir une diversité saine dans le microbiote intestinal.
Lorsqu’on se sent stressé, on a tendance à aller chercher du réconfort dans des aliments gras et sucrés. Il vaut mieux essayer de les éviter, car ils sont plus difficiles à digérer.
• À lire aussi: L'hyperphagie, ce trouble alimentaire grave méconnu
Pour éviter les cacas nerveux, il est aussi recommandé de manger lentement, sans trop de distraction. Cela permet de mieux mâcher sa nourriture et de la rendre plus facile à digérer, mais aussi de prendre un moment pour se détendre et profiter du moment présent.
Si, malgré toutes ces précautions, il vous est impossible d’éviter le caca nerveux, assurez-vous de rester hydraté, car on absorbe moins l’eau consommée qu’à l’habitude dans une telle situation. Il faut en boire plus ou même consommer des boissons enrichies en électrolytes.
Plutôt que de le voir comme une trahison de son corps, les experts en santé mentale recommandent de voir le caca nerveux comme un signe que quelque chose nous stresse de manière intense et qu’il faut y porter attention.