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L'article provient de Le Journal de Québec
Culture

«OMG»: le cri libérateur de Laurence Nerbonne

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Photo portrait de Sandra Godin

Sandra Godin

2021-02-27T06:00:00Z
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« Oh my god! » Ce sont les trois mots que Laurence Nerbonne – sûrement comme plusieurs d’entre nous – confie avoir le plus prononcés en 2020. La pandémie, la vague de dénonciations et la haine sur les réseaux sociaux lui ont fait lâcher cette petite expression de découragement la plupart du temps. La beatmaker s’est inspirée de tout ça pour faire un album explosif qui donne espoir et envie de liberté. Et pourquoi ne pas le coiffer de cet acronyme qui résume parfaitement la dernière année ? 

Photo courtoisie
Photo courtoisie

Deux ans après l’excellent album Feu, Laurence Nerbonne livre une troisième bombe musicale aussi ensoleillée que ce dernier, d’où jaillit la même énergie frondeuse, des beats nouveaux qui mélangent les genres et des textes engagés, mais parfois, aussi, très légers et festifs.

« J’ai ressenti moins la pression cette fois-ci, moins d’obligation que chaque chanson soit dénonciatrice. J’ai eu du gros fun à faire ça », laisse-t-elle tomber à l’autre bout du fil. 

Au départ, l’opus devait être un EP de chansons « qui rentrent dedans » pour dynamiser ses spectacles prévus en festival l’été dernier. Mais comme il n’y a pas eu de festivals et que son horaire était donc libéré, Laurence Nerbonne a « modifié la trajectoire » du EP pour en faire un album de 12 chansons.

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L’ombre de la dernière année y plane. La pièce-titre évoque les « irritants » de 2020, et la rigolote chanson Uber dénonce les haters. Sur l’extrait One Love, manifestement destiné à être un des hits de l’été, Laurence Nerbonne chante qu’elle veut du « love sans la distance ». Mais le message va au-delà de ça, de la règle du deux mètres.

« En ce moment, on est beaucoup déchiré, divisé comme société, affirme-t-elle. On a tous le goût de baisser les armes et de dire : est-ce qu’on peut juste s’aimer ? À un moment donné, ça devient intense pour tout le monde, même sur les réseaux sociaux. Est-ce qu’on peut faire attention aux autres, se donner du love ? En même temps, je vois qu’on le fait avec la COVID. On se prive tous de choses qu’on voudrait faire pour faire attention à l’autre. Je pense qu’on est capable d’empathie. C’est une chanson pour nous rallier ». 

Liberté et confiance

Sinon, OMG est un album aussi décomplexé sur le plan musical que dans ses textes. La chanteuse, qui a les deux mains sur le volant de sa carrière en portant les chapeaux d’auteure-compositrice-interprète, de réalisatrice et de productrice, écrit beaucoup sur la liberté, la confiance en soi, et le fait de s’affirmer haut et fort en tant que femme.

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Elle chante même sur l’orientation sexuelle dans Wet Dreams. « Qu’une femme chante à propos de la sexualité, c’est encore quelque chose de tabou », croit-elle. Dans des pièces comme Porto Rico et Kawasaki, où on l’imagine mener une course folle en moto, elle veut aider les femmes à se sentir libres. « Dans Kawasaki, je suis rentrée dans un personnage à 100 %, un peu comme dans Première ministre. Les Américains font beaucoup ça : le temps d’une chanson, on est invincible, capable de tout. Il faut des chansons comme ça, pour te donner confiance quand tu te lèves le matin. »

Parlant de s’assumer, Laurence Nerbonne est une des rares beatmaker féminines francophones au Québec, mais elle sent que les choses sont en train de changer. « La nouvelle génération est beaucoup plus décomplexée, remarque-t-elle. Ils n’ont pas ce malaise, ce sentiment d’imposteur. Je me sens investie d’une mission de prouver qu’il peut y avoir de la diversité, des filles qui portent le chapeau de réalisatrice, de productrice. Pour moi, c’est important de mener ça jusqu’au bout. »

Encore plus mordant 

De son premier album solo XO (2016) à aujourd’hui, Laurence Nerbonne n’a cessé d’explorer de nouvelles avenues musicales. Dans OMG, elle a encore enlevé une couche pop pour s’investir davantage dans un hip-hop mordant, une musique qui lui ressemble encore davantage et la fait vibrer, mais qu’elle n’a pas toujours assumée.

« Je pense que mon son se définit encore plus dans cet album-là, concède-t-elle. J’ai trouvé une façon de placer mes textes dessus pour que ça fonctionne bien. Je pense que j’ai réussi à trouver quelque chose qui se précise de plus en plus. C’est vraiment la musique que je souhaite faire. »

Si elle reste optimiste à l’idée de remonter sur scène bientôt – « ça va bien finir par finir un jour », dit-elle – Laurence Nerbonne pourrait bien orchestrer un spectacle virtuel bientôt, même si elle n’est pas tellement fan de la chose. « Pour moi, c’est une porte qui s’ouvre sur d’autres moyens créatifs, mais ça ne peut pas remplacer le show réel. »


♦ L’album OMG est disponible maintenant.

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