«Convoi de la liberté»: le maire d'Ottawa reproche à Doug Ford son inaction


Anne Caroline Desplanques
Le maire d’Ottawa reproche au premier ministre ontarien Doug Ford son manque de soutien pour mettre un terme à l’occupation de la capitale fédérale, en février.
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Le maire d’Ottawa, Jim Watson, est interrogé ce matin devant la Commission sur l'état d’urgence, qui doit déterminer s’il était justifié que le gouvernement fédéral invoque la Loi sur les mesures d’urgence, en février, pour mâter le convoi des camionneurs.
M. Watson a reproché aux autorités provinciales de l’Ontario d’avoir refusé de participer à une table de concertation tripartite, composée de représentants municipaux, provinciaux et fédéraux, pour gérer la crise et coordonner les ressources.

Trudeau et Watson frustrés contre Ford
«C’était frustrant», a dit M. Watson, expliquant que Doug Ford lui avait dit qu’un tel exercice était «une perte de temps». Il a souligné que M. Ford ne s’était même pas déplacé à Ottawa pendant l’occupation pour manifester son soutien à la Ville et aux citoyens pris en otage.
Bien que M. Ford se soit montré totalement solidaire du premier ministre Trudeau dans ce dossier hier lors d’une annonce commune à Ottawa, M. Trudeau partageait la frustration du maire d’Ottawa pendant la crise.
«Doug Ford fuit ses responsabilités pour des raisons politiques», a dit M. Trudeau à M.Watson en février, d’après un échange entre les deux hommes déposé en preuve ce matin à la commission.

Hier, Me Paul Champs, qui représente une coalition de citoyens et de commerçants à Ottawa devant la commission, a souligné que certains membres du gouvernement Ford étaient sympathiques aux manifestants.
Interrogé ce matin, M.Watson souligné qu’une fois que Queen’s Park a bien voulu s’impliquer, son aide avait été très utile, mais qu’il a fallu attendre la fin de la deuxième semaine d’occupation pour en arriver là.
«Nous n’avions pas les ressources» pour gérer cette crise, a dit le maire Watson, soulignant que les revendications des protestataires ne relevaient pas des pouvoirs municipaux.
Il a fallu que la municipalité déclare l’état d’urgence le 6 février, dix jours après l’arrivée des premiers camions, puis que les camionneurs bloquent le pont Ambassador à Windsor, le 7 février, pour que l’aide commence à arriver dans la capitale.
Un échec total
M.Watson s’est aussi plaint du long délai qu’il a fallu à la GRC, qui relève du fédéral, pour intervenir.
«C’était un échec à tous les niveaux. Est-ce que vous êtes d’accord avec ça?» a demandé l’avocate Me Natalia Rodriguez qui a interrogé M.Watson toute la matinée.
«Nous devons tous assumer nos responsabilités pour le fait que nous n’avons pas agi assez rapidement», a répondu le maire d’Ottawa qui quittera ses fonctions dans moins d’une semaine.
Les élections municipales ontariennes se tiendront le 24 octobre. Vivement critiqué durant l’occupation, M. Watson ne se représente pas.
D’après les témoignages entendus hier, au dixième jour de l’occupation, la Ville et la police locale n’avaient pas de plan d’action clair pour mettre un terme à l’occupation, comptant uniquement sur la bonne volonté des protestataires.
Les autorités locales savaient pourtant, quatre jours avant l’arrivée des camions, que les organisateurs du convoi faisaient des démarches pour réserver des milliers de chambres d’hôtel pour un minimum de 30 jours, d’après des documents déposés en preuve à la commission hier.
Questionné, à savoir pourquoi les avertissements du président de l’Association des hôtels d’Ottawa Gatineau, Steve Ball, ne l’avaient pas poussé à l’action, le maire Watson a répliqué que réserver 9 000 à 10 000 chambres dans une ville qui n’en détient que 11 000 lui avait semblé irréaliste.
Mais quelques jours plus tard, au cours des premiers jours de l’occupation, tous les hôtels de la région affichaient complet.