Nucléaire: «Fermer la porte, ce serait irresponsable», dit Fitzgibbon
Le ministre reconnaît toutefois que rien ne plaide en faveur de la relance de Gentilly-2 pour le moment


Sylvain Larocque
Il serait «irresponsable» de fermer la porte au retour de l’énergie nucléaire au Québec, a soutenu lundi le ministre Pierre Fitzgibbon, tout en assurant qu’une décision à cet effet n’était pas pour bientôt.
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«Je pense que fermer la porte [au nucléaire], ce serait irresponsable. Maintenant, il faut que des projets de nouvelles sources énergétiques soient [...] acceptables socialement. Donc, si jamais on veut aller vers le nucléaire, il y a un travail de communication à faire», a déclaré M. Fitzgibbon lors d’un point de presse.
La semaine dernière, Le Journal a révélé que le nouveau PDG d’Hydro-Québec, Michael Sabia, a commandé une étude de faisabilité sur la possibilité de relancer la centrale nucléaire Gentilly-2, inactive depuis 2012.
«Dans un contexte où on a une pénurie d'électricité, c’est important, intellectuellement, de comprendre ce qui se passe, a expliqué Pierre Fitzgibbon. Alors M. Sabia a demandé: “Est-ce que c’est possible de voir s’il y a des choses qu’on peut faire à Gentilly-2, sur le site?” On ne parle pas de mettre un réacteur CANDU des années 1960.»
Le ministre de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie a confié qu’il n’avait pas, «pour l’instant», amorcé de discussions avec des entreprises du secteur nucléaire.
«Loin d’une décision»
«C’est prématuré de conclure qu’on peut faire du nucléaire à des coûts raisonnables et à des fins environnementales où les gens vont être confortables», a-t-il insisté.

«On est loin d’une décision par rapport à ça, a-t-il poursuivi. L’élément décisionnel, ça peut être [dans] un an ou deux, ça peut être [dans] trois ans, ça peut être [dans] cinq ans, ça peut être jamais. Il n’y a pas de pression.»
«Il faut aussi que ce soit économique, a souligné M. Fitzgibbon. À l’époque [en 2012], c'était à peu près trois ou quatre milliards $ [pour la réfection de Gentilly-2]. On parlait d’un coût marginal de quasiment 10 ou 11 cents le kilowattheure, ce qui est très cher par rapport à d’autres sources d’énergie – l’éolien est à six ou sept cents, par exemple. [...] Il faut rester ouvert [mais] aujourd’hui, basé sur ce qu’on a, il n’y a rien qui supporte le nucléaire.»
Éolien: «Il y a beaucoup de gens qui lèvent la main»
Le ministre a par ailleurs dit avoir bon espoir que plusieurs nouveaux parcs éoliens verront le jour au Québec malgré la grogne qui souffle dans plusieurs régions.
«Je crois qu’il va y avoir beaucoup d’éolien qui va se faire parce que, justement, il y a des gens qui lèvent la main [pour obtenir des projets sur leur territoire], a-t-il affirmé. [...] On va aller où les gens veulent.»
Au printemps, Hydro-Québec a lancé un appel d’offres pour 1500 mégawatts d’électricité éolienne, et d’autres suivront.
«Il ne faut pas oublier que dans le monde, l’éolien, tout le monde en fait. L’enjeu qu’on va avoir, c’est que si on veut avoir les équipements au Québec, il faut avoir une visibilité» sur le développement de la filière, a prévenu Pierre Fitzgibbon.
Pour atténuer l’opposition aux projets éoliens, «il faut travailler avec les communautés», a-t-il dit. «Il y a beaucoup d’éducation à faire.»