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L'article provient de Le Journal de Montréal
Justice et faits divers

Noyade au Super Aqua Club: la mère de la victime dévastée par le dilemme d'un sauveteur

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Photo portrait de Laurent Lavoie

Laurent Lavoie

2022-07-28T00:55:00Z
2022-07-28T04:00:00Z
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Une mère de famille est dévastée à l’idée qu’un sauveteur du Super Aqua Club de Pointe-Calumet ait dû faire un choix pour sauver l’une de ses deux filles qui se sont retrouvées en détresse en eaux profondes vendredi.

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«C’est comme si on avait fait un choix [entre les deux sœurs], pousse en sanglots au bout du fil Estelle Iloyi. Il en a quand même sauvé une.»

Sa fille de 14 ans Tracy Yvette Deba Andely profitait de la chaleur de vendredi au Super Aqua Club en compagnie de ses deux sœurs aînées.

Photo Courtoisie Famille Tracy Yvette
Photo Courtoisie Famille Tracy Yvette

Mais cette journée festive a cependant viré au cauchemar lors de la toute dernière glissade. 

L’adolescente de 14 ans et Joserance, sa sœur de 18 ans, se sont retrouvées en détresse dans les eaux profondes d’un lac. 

Comme le prévoient les procédures québécoises de sauvetage, un seul sauveteur était en poste au bas de la glissade à ce moment-là.

«Il s’est démené à me faire sortir, relate Joserance, traumatisée par l’événement. Ensuite, il est parti chercher Yvette, mais il ne l’a pas trouvée.» 

Plusieurs sauveteurs ont par après été appelés en renfort, pour repêcher quelques minutes plus tard la jeune ado, qui était inconsciente. 

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Son décès a été confirmé durant la soirée.

Eaux trop profondes

Depuis cette tragédie, colère et incompréhension habitent la famille endeuillée.

Estelle Iloyi savait que son enfant Tracy Yvette n’était pas une nageuse aguerrie. Elle devait d’ailleurs suivre des cours à l’automne. 

 Ainsi, avant de payer à ses filles une journée de plaisir au parc aquatique, elle dit avoir fait des vérifications afin de s’assurer qu’il n’y aurait pas d’eaux profondes.

Elle était ainsi persuadée que ses filles se trouveraient en sécurité au Super Aqua Club. Elle dit ainsi se sentir «trahie» et «dupée» par l’entreprise. 

Photo Agence QMI, Mario Beauregard
Photo Agence QMI, Mario Beauregard

Installations certifiées

Appelé à réagir, le Super Aqua Club précise que des panneaux étaient visibles, annonçant que les glissades étaient pour «bon nageur seulement ».

L’entreprise souligne également que ses installations ont été certifiées par la Société de sauvetage au début du mois, ajoutant ne pas pouvoir commenter davantage en raison de la tenue d’une enquête.

La Régie de police du Lac des Deux-Montagnes a confirmé au Journal qu’un sauveteur se trouvait en haut et qu’un autre était en bas de la glissade. Aucun manque de personnel n’aurait d’ailleurs été répertorié le jour du drame.

Aucun changement n’est prévu dans la procédure de sécurité, à moins que le coroner qui enquête sur le décès de l’adolescente ne soulève des lacunes, indique le président du Regroupement des parcs aquatiques du Québec (RPAQ), Yves Juneau.

Grandes ambitions

Au-delà des circonstances de la tragédie, la mère de Tracy Yvette se désole de savoir que sa fille ne pourra jamais aller au bout de ses ambitions.

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Celle qui est décrite comme joyeuse, intelligente et dynamique par ses proches rêvait un jour de devenir juge.

«Elle prévoyait avoir de bonnes notes pour aller en droit. [...] Elle focusait sur ça», relate fièrement sa maman, qui implore que des mesures soient prises pour éviter qu’un autre parent vive un tel deuil. 

Des baigneurs qui surestiment leurs habiletés

Le décès de l’adolescente de 14 ans au Super Aqua Club, à Pointe-Calumet, rappelle qu’«il y a une différence entre savoir nager et savoir se baigner», selon Raynald Hawkins, directeur général de la Société de sauvetage.

Théoriquement, les sauveteurs préviennent les baigneurs lorsqu’ils s’apprêtent à entrer dans un bassin plus creux.

«Ça peut paraître facile, mais ce ne l’est pas quand on arrive dans l’eau», indique M. Hawkins.

Le DG précise également qu’apprendre à nager dans une piscine résidentielle n’égale en rien la prise de cours de natation.

Or, certaines personnes ont tendance à surestimer leurs habiletés.

«Quand on pose la question durant les enquêtes du coroner si la victime savait nager, la plupart du temps, la réponse, c’est oui, pointe Raynald Hawkins. C’est là que je demande c’est quoi le test que la personne a passé, et on me dit qu’elle n’a jamais pris de cours de natation.»

Selon la Croix-Rouge, les catégories de personnes les plus impliquées dans des noyades sont les hommes de 18 à 44 ans faisant du bateau et les enfants de moins de cinq ans dans les piscines résidentielles, qui échappent à la surveillance d’un adulte.

Les noyades en chiffres

  • 37 décès depuis le début de l’année
  • On en recensait 48 à pareille date en 2021
  • En moyenne 80 noyades par année dans la dernière décennie
  • 73% d’entre elles ont lieu entre mai et septembre

Source : Société de sauvetage

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