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L'article provient de Le Journal de Québec
Culture

Nouveau roman d'Amor Towles: sur les routes de la vie

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Photo portrait de Karine Vilder

Karine Vilder

2022-10-23T04:00:00Z
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Jusqu’à présent, tous les romans de l’écrivain américain Amor Towles ont été pour nous des coups de cœur. Et ce petit dernier, qui sera en librairie début novembre, n’échappe pas à la règle.

Photo courtoisie
Photo courtoisie

Celles et ceux qui ont lu les deux premiers romans traduits en français de l’Américain Amor Towles seront sûrement d’accord avec nous sur un point : il n’y a pas beaucoup d’écrivains qui, comme lui, parviennent chaque fois à transporter les lecteurs dans des univers complètement différents. 

Avec Les règles du jeu, ça a été le New York des années 1930. Avec Un gentleman à Moscou, ça a été la Russie bolchévique et le parcours loufoque d’un aristocrate condamné à vivre dans les combles d’un luxueux hôtel moscovite. Et maintenant, avec Lincoln Highway, c’est au cœur des années 1950 dans une modeste ferme du Nebraska qu’on va d’abord être catapulté. 

«De façon générale, je commence à imaginer mes romans à partir d’une idée très simple, explique Amor Towles, à qui on a parlé en septembre quand il était de passage à Paris. Cette fois, j’avais en tête l’image d’un garçon ramené chez lui par un directeur de prison. Ni l’un ni l’autre ne va s’en douter, mais deux des amis dudit garçon seront aussi du voyage, cachés dans le coffre de la voiture.»

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«J’ai ensuite peu à peu élaboré l’ensemble de l’histoire, poursuit Amor Towles. Notamment en décidant qu’elle allait se dérouler en 1954, sorte d’année charnière parce que de grands changements culturels couvaient sous la surface et allaient bientôt éclore : le mouvement des droits civils, la révolution sexuelle, la télévision dans tous les foyers, le rock & roll... Du reste, Lincoln Highway n’aurait pu être raconté en 1968, car tous les personnages auraient été envoyés au Vietnam!»

En voiture!

En juin 1954, le jeune Emmett Watson va donc être ramené au bercail par le directeur du centre pénitentiaire pour mineurs où il vient de passer 15 mois. Bon. Il faut le reconnaître, bercail est un bien grand mot. Son père venant de mourir, la ferme du Nebraska où il a toujours vécu avec son petit frère Billy vient en effet d’être saisie par la banque. 

À peine arrivé, Emmett devra ainsi faire ses valises et aller vivre ailleurs avec son frère. D’accord, mais où ? Aux yeux de Billy, la question ne se pose pas. Ayant découvert les cartes postales que leur mère avait envoyées en 1946 après avoir déserté le nid familial, il propose tout simplement de suivre le même itinéraire qu’elle a autrefois emprunté pour se rendre en Californie. Ce qui veut dire rouler sur la Lincoln Highway jusqu’à San xFrancisco à bord de la Studebaker Land Cruiser bleu poudre d’Emmett, l’une des rares choses dont la banque n’a pu s’emparer. 

«Avant d’écrire Lincoln Highway, je n’avais jamais entendu parler de cette autoroute, souligne Amor Towles. Elle a pourtant longtemps été très célèbre et très appréciée, parce qu’elle permettait de parcourir les États-Unis d’une côte à l’autre. En 1913, seulement 150 personnes avaient réussi à traverser le pays en voiture. À l’époque, les infrastructures routières n’étaient pas très développées et sur des centaines de miles, il n’y avait ni station-service, ni restaurant, ni hôtel. Mais à partir des années 1920, avec la construction de la Lincoln Highway, plus de 20 000 Américains vont traverser le pays chaque année. La Lincoln Highway a complètement changé la culture et la façon dont les gens voyagent. Mais avec le temps, elle a été délaissée au profit de plus grosses autoroutes qui ne passaient pas par les petites villes.»

En cavale!

Si le plan de Billy a du bon, il sera vite chamboulé par l’arrivée de Duchess et de Woolly, des amis d’Emmett qui se sont évadés du centre pénitentiaire pour voyager incognito dans le coffre de la voiture du directeur. Car eux aussi ont un plan : se rendre dans l’État de New York afin de mettre la main sur la part d’héritage de Woolly, qui se chiffrerait dans les 150 000 $. Sauf qu’en consultant une carte routière, on ne tardera pas à remarquer que cet État est carrément aux antipodes de la Californie... 

Même s’ils ne sont pas foncièrement mauvais, Duchess et Woolly régleront ce léger problème de logistique en « empruntant » la Studebaker d’Emmett. Et n’appréciant pas du tout la manœuvre, les frères Watson se lanceront aussitôt à leurs trousses... en train. 

Un très, très bon roman.

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