«Nous n’avons pas terminé le combat»: un nouveau Convoi de la liberté en février?
Anne Caroline Desplanques | Journal de Montréal
Les organisateurs du Convoi de la liberté veulent récidiver. Ils se préparent à débarquer de nouveau dans la capitale fédérale en février, un an après en avoir été expulsés et juste à temps pour le dépôt du rapport de la Commission d’enquête sur les mesures d’urgence.
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L’annonce qui veut que le rassemblement devienne un évènement «annuel» a été lancée par un des organisateurs de l’occupation de février dernier, l’albertain James Bauder, aussi fondateur de Canada Unity.
Il y appelle à un départ d’un convoi à l’ouest du pays les 11 et 12 février 2023 et un départ à l’est les 14 et 15 février, pour un rassemblement général à Ottawa le vendredi 17 février.
Tout le monde est appelé à rester dans la capitale pendant quatre jours, soit jusqu’au mardi 21 février. On promet des jeux gonflables et des discours à gogo dans un scénario qui ressemble comme deux gouttes d’eau à celui de l’hiver dernier.

«Timing parfait pour le rapport final de la Commission d’enquête sur les mesures d’urgence», clame l’annonce.
Lancé il y a une semaine sur Facebook, l’appel au rassemblement circule maintenant sur les chaînes Telegram qui ont été très actives durant l’occupation d’Ottawa.
Bauder qui a lui-même témoigné devant la Commission Rouleau le 3 novembre, clame dans son appel à un Convoi de la Liberté 2.0: «nous n’avons pas terminé le combat».
L’homme de Calgary a été arrêté le 20 février. Il fait face à des accusations de méfait, de désobéissance à un ordre de la cour et d’obstruction à la police. Son procès doit se tenir à Ottawa en février 2023.
Frustration manifeste
Depuis le témoignage de Bauder, les supporters du convoi tout comme leur avocat Brendan Miller expriment de vives frustrations à l’égard de l’enquête qui ne va manifestement pas dans le sens qu’ils espéraient.
«Le commissaire lui-même, avec le conseil de la commission, NE respectent PAS des règles justes. Le commissaire a perdu le contrôle du processus et de la salle. Le processus N’EST PAS plus important que la VÉRITÉ», a twitté hier Tom Marazzo, l’expert en renseignement du convoi, ex-capitaine dans les Forces armées canadiennes.
#POEC Commissioner himself, with Commission Council, are NOT playing by fair rules. The Commissioner has lost control of the process and the room. The process is NOT more important than the TRUTH.
— Tom Marazzo (@TomMarazzo) November 22, 2022
Croisé dans la salle d’audience, M. Marazzo a refusé de parler au Journal.
Hier, l’avocat Brendan Miller a été expulsé de la salle d’audience après une incartade avec le juge Paul Rouleau et ce matin il s’est vu refuser l’ajout de témoins. Le juge a aussi repoussé sa demande de décarviarder des messages textes déposés en preuve à la commission.
Objectif: la chute du gouvernement
L’organisation Canada Unity est à l’origine d’un absurde protocole d’entente (MOU en anglais) qui a émergé durant l’occupation d’Ottawa et exigeait la démission du gouvernement Trudeau. Le document prévoyait l'instauration d'un nouveau gouvernement dirigé par les leaders du convoi, le Sénat du Canada et la gouverneure générale.
Bauder a tenté personnellement de mettre ce document entre les mains de sénateurs avant même le convoi, dès décembre 2021. Mais il s’était vu éconduire par un policier à l’extérieur du Sénat. Le document a ensuite été signé par quelque 400 000 supporters, d’après Bauder, qui s’en est lui-même désolidarisé le 8 février.

Canada Unity organise des convois depuis 2019. En 2019, le convoi «United We Roll» réclamait déjà la démission de Justin Trudeau, en plus de la construction de pipelines et l’abolition de la taxe carbone.
Certains roulaient aussi contre le Pacte mondial sur les migrations des Nations Unies. On y avait notamment vu des membres d’organisations d’extrême droite violentes, comme les Three Percenters, de nouveau présentes lors de l’occupation de la capitale l’hiver dernier.