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L'article provient de Le Journal de Québec
Opinions

Notre fierté de contribuer à la formation des enseignantes et enseignants

Photo Adobe Stock
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Collectif de signataires

2024-05-23T18:10:55Z
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Nous avons lu avec désolation le cri du cœur de Pascale Bourgeois, chargée de cours en fondements de l’éducation à l’UQÀM. Non pas que nous partagions son constat désolant sur l’ineptie de ses étudiantes et étudiants, mais nous sommes consternés de réaliser que le mépris peut s’afficher aussi clairement de la part des personnes qui se voient confier la formation des cohortes de futurs enseignantes et enseignants. 

• À lire aussi: Une chargée de cours sonne l’alarme concernant les futurs profs: nos universités diplôment «des analphabètes fonctionnels»

Les étudiantes et étudiantes en formation à l’enseignement à l’Université Laval présentent certes leur lot de défis, mais surtout de qualités essentielles pour assurer la relève en enseignement. Nous côtoyons de plus en plus des situations familiales particulières qui bousculent le rythme de l’université élitiste du XIXe siècle. En effet, des femmes et des hommes de 25, 30 ou 40 ans en réorientation de carrière choisissent, de plus en plus nombreux, la formation à l’enseignement, non pas strictement par amour des enfants ou par dépit économique comme le soutient Madame Bourgeois, mais parce qu’ils et elles ressentent un profond désir de contribuer à l’édification des générations futures, en leur montrant à lire, à découvrir la littérature, à compter, à penser, à débattre, à respecter, à s’ouvrir à l’autre.

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D’autres, de jeunes adultes qui nous arrivent du collégial, vivent dans leur ère postpandémique, avec les travers, mais surtout le potentiel de leur génération. Nous croyons que des professeures, professeurs, chargées et chargés de cours inspirants peuvent éveiller en eux la curiosité intellectuelle, le goût d’une langue de qualité, d’un enseignement exigeant. Une proportion d’étudiantes et d’étudiants n’adhèrent pas à cette vision de la profession enseignante. Ils feront partie des 50% qui abandonnent le bac en cours de route.

Certes, quelques rares individus se faufileront au travers des cours pour obtenir leur brevet, en visant le minimum, mais nous savons que leur contingent est presque disparu en 3e et 4e années. Parce que nos exigences demeurent élevées, parce que les stages et l’encadrement que nous leur fournissons à l’université leur montrent que la pratique de l’enseignement repose sur la capacité à se remettre en question, à puiser dans les savoirs universitaires et auprès de leurs collègues mentors pour enrichir leur pratique et devenir eux aussi des enseignants inspirants pour leurs futurs élèves.

Il faut réfuter ce discours réactionnaire

Notre longue expérience dans l’enseignement et la gestion des programmes de formation à l’enseignement nous convainc que l’on doit réfuter ce discours réactionnaire sur la médiocrité des étudiantes et étudiants en formation à l’enseignement que porte Mme Bourgeois. L’université n’est plus un club privé d’héritiers qui reproduisent entre eux les codes de leur classe sociale. Chaque année, plus de 50% de nos étudiantes et étudiants en formation à l’enseignement sont les premiers de leur famille à fouler les marches d’une université. Nous ne voyons aucune raison de contribuer au cynisme actuel qui nourrit l’image d’une profession non intellectuelle ne requérant que quelques cours universitaires de mise à niveau. Loin d’avoir l’impression d’alimenter la médiocrité, nous savons que nos enseignements et que le travail passionné de nos collègues contribuent à éveiller chez nos futurs enseignantes et enseignants l’étincelle de curiosité intellectuelle et d’empathie qui contribuera à tirer le Québec vers le haut.

Érick Falardeau, professeur, directeur du Département d’études sur l’enseignement et l’apprentissage, Université Laval

Christine Hamel, professeure, vice-doyenne aux études à la Faculté des sciences de l’éducation, Université Laval

Et 26 collègues signataires, professeures, professeurs, chargées et chargés de cours au Département d’études sur l’enseignement et l’apprentissage de l’Université Laval

Nathan Béchard, chargé d’enseignement

Audrey Bélanger, professeure

Laurent Bernatchez, conseiller pédagogique et chargé de cours

Marie-France Boulay, chargée d’enseignement

Claudia Corriveau, professeure

Viviane Desbiens, chargée de cours

Marie-Pier Duchaine, chargée de cours

Stéphanie Duval, professeure

Sabrina Faleschini, professeure

Pierre-Luc Fillion, professeur

Andréanne Gagné, professeure

Géraldine Heilporn, professeure

Sivane Hirsch, professeure

Thérèse Laferrière, professeure

Simon Larose, professeur

Stéphane Levasseur, chargé d’enseignement

Marie-Andrée Lord, professeure

Hélène Makdissi, professeure

Izabella Oliveira, professeure

Anne-Sophie Parent, chargée de cours

Vincent Richard, professeur, directeur du BÉPEP

Kim Samson, chargée d’enseignement

Pauline Sirois, professeure

Catinca Adriana Stan, professeure

Patrice St-Louis, chargé d’enseignement

Anabelle Viau-Guay, professeure et doyenne

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