Nids-de-poule: vers un record de réclamations à Montréal
L’année 2025 n’est pas finie que déjà 1113 automobilistes ont demandé un dédommagement à la Ville


Anouk Lebel
Le nombre d’automobilistes qui demandent à être dédommagés par la Ville de Montréal à cause de bris causés par les rues mal entretenues atteindra un record cette année.
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«On se dirige vers une saison record et les usagers de la route vont être exaspérés, je peux vous le garantir», lance Serge Lebfevre, président de Bitume Québec, une association d’entrepreneurs en pavage et de fournisseurs de bitume.
Depuis le début de l’année 2025, 1113 automobilistes ont fait une réclamation à la Ville en raison d’un dommage matériel causé par le piètre état de la chaussée, selon les données obtenues par Le Journal.
C’est presque autant que les 1116 réclamations reçues par la Ville pendant toute l’année 2022, un record en huit ans à l’époque (voir plus bas).
«Le nombre de réclamations reçues ou payées n’est pas un indicateur de l’état de la chaussée», précise le porte-parole Gonzalo Nunez dans un courriel.
Manque d’entretien
Ce n’est pas l’avis de M. Lebfevre, qui blâme le vieillissement de la chaussée et le manque d’entretien.
«On a une baisse importante au niveau de la production d’enrobés bitumineux, de l’asphalte qu’on pose sur nos routes. Moins on a d’argent, plus il y a de trous, et plus il y a de trous, plus il y a d’incidents», dit-il.
Simon Bourassa, porte-parole de CAA-Québec, abonde dans le même sens.
«L’état des routes se dégrade et on n’arrive pas à rattraper le retard d’entretien qu’on prend chaque année. [...] Avec ce que les automobilistes paient en droits d’immatriculation, en frais d’essence, on est en droit de s’attendre à avoir des routes en bon état», croit-il.
Il croit que comme plusieurs municipalités au Québec, Montréal manque de ressources.
Mais fin août, un rapport cinglant de la vérificatrice générale de Montréal blâmait la Ville pour le mauvais entretien des rues.
Andrée Cossette faisait entre autres état de travaux insuffisants, d’un manque de coordination et d’une absence de reddition de compte.
Pas beaucoup de dédommagements
Parmi les 1113 réclamations reçues par la Ville cette année, seulement 85 ont été payées, pour un total de 23 492$.
En 2022, c’était moins d’une réclamation sur quatre, pour un total de 103 157$.
«Ça peut s’expliquer par le fait que, selon la loi, les municipalités sont exonérées de rembourser les réclamations quand il y a des problèmes de pneus et de suspension. Il faut que ça ait endommagé une autre partie de la voiture comme la carrosserie ou la roue», explique Simon Bourassa.
Cette protection légale n’est toutefois pas absolue, selon le site de vulgarisation juridique Éducaloi.
«Une municipalité ne peut pas se dégager de ses responsabilités si elle a intentionnellement laissé la situation se détériorer», indique-t-on.

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