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L'article provient de Le Journal de Québec
Environnement

Nickel dans l’air: le directeur de la Santé publique prié de réétudier la question

De nouveaux éléments inquiétants sont boudés par la direction nationale de la santé publique

Le directeur national de santé publique, le Dr Luc Boileau
Le directeur national de santé publique, le Dr Luc Boileau Photo Agence QMI, Joël Lemay
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Photo portrait de Nicolas Lachance

Nicolas Lachance

2022-05-11T04:00:00Z
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En raison «d’impacts potentiels néfastes pour la santé de la population», la présidente de l'Association québécoise des médecins pour l'environnement a demandé au directeur de la santé publique de réétudier sérieusement la norme de nickel dans l'air au Québec. 

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Dans une missive transmise le 29 avril dernier, la Dre Claudel Pétrin-Desrosiers demande au Dr Luc Boileau d’évaluer à nouveau l’étude sur le nickel dans l’air.  

Dre Pétrin-Desrosiers et les 18 directions régionales de santé publique du Québec soutiennent que de nouveaux éléments scientifiques n’ont pas été considérés dans la décision de son prédécesseur, Horacio Arruda. 

La semaine dernière, le Dr Boileau a refusé de rouvrir le dossier de son collègue.  

«Si le patient vu par un de mes collègues a été diagnostiqué. Il n'a pas de raison pour lesquelles je dirais qu'il n'a pas bien suivi ça», a affirmé le directeur de la Santé publique. 

Cette affirmation a fait sursauter la présidente de l'Association. «Il y a matière à réviser son avis en fonctions des nouveaux éléments. En médecine, lorsqu’un collègue fait une évaluation et que le patient te consulte deux semaines plus tard avec des éléments nouveaux (...) Je vais devoir les considérer et peut-être changer mon diagnostic», illustre la médecin.  

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Éléments nouveaux

Le rapport initial sur lequel le Dr Arruda s’était appuyé pour faire sa recommandation indiquait qu’il n’existait pas d’étude déterminant la forme de nickel qui se retrouvait dans l’air du Québec.  

«C’est faux», mentionne Dre Pétrin-Desrosiers. «On en a une et ça change la donne complètement. On réalise que le nickel que nous avons est différent de celui qui est retrouvé en Ontario et en Europe.» 

Horacio Arruda se serait basé sur une revue de littérature dont l’expertise s’arrêtait en 2011. L'Association québécoise des médecins pour l'environnement a quant à elle complété une revue de littérature récente qui s’étirait jusqu’en 2021.  

Potentiellement néfaste

Selon le rapport de l’Association, le nickel atmosphérique présent dans la ville de Québec n’est ni sous forme de sulfate ni sous forme de sous-sulfure, comme en Ontario et en Europe. Elle est plutôt sous forme de pentlandite, un sulfure de nickel et de fer qui pourrait potentiellement être cancérigène. «Une augmentation des cancers pulmonaires a été rapportée chez des mineurs de pentlandite», indique le document.  

«Il y a plein de questions sans réponses. On n’a même pas regardé quel était le risque potentiel», plaide-t-elle. 

La semaine dernière, le premier ministre François Legault a affirmé que «pour être capable» de fabriquer les batteries pour les autos électriques et créer des emplois payants, Québec devait «rehausser la norme au même niveau que l’Europe.» 

Le Québec devrait toutefois se fier à l’Australie où la norme est plus basse, car ils y traitent un composé de nickel similaire, dit l’association. 

«L’industrie a continué à fleurir malgré la baisse de la norme», signale Dre Pétrin-Desrosiers. 

Réponse «décevante»

Le Dr Boileau a brièvement répondu à l’association que la DSQ traite ce dossier «avec tout le sérieux nécessaire» et qu’elle faisait «un suivi attentif». 

Avec la réaction «décevante» du directeur de la santé publique, Dre Pétrin-Desrosiers a «le sentiment que la bataille est perdue» en raison de «la pression de l'industrie qui est tellement forte.» Elle souhaite que des maires comme celui de Québec continuent à mettre de la pression sur le ministre de l’Environnement afin de renverser la vapeur. «Leur travail est de protéger la population», conclut-elle.  

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