«New Orleans Blues»: une célébration de la vie en musique


Frédérique De Simone
Normand Brathwaite a réussi son pari de transporter un peu de La Nouvelle-Orléans à Montréal par le biais du nouveau spectacle New Orleans Blues, qu’il met en scène.
Présentée en première, mardi soir, au Studio-Cabaret de l’Espace St-Denis, la soirée, qui s’est déployée sous forme de souper-spectacle aux saveurs cajuns, a recréé, avec une grande attention, l’ambiance festive et carnavalesque de la Bourbon Street, ce carrefour névralgique et vibrant qui longe le Vieux carré français de La Nouvelle-Orléans, où se rejoignent le jazz, le bluegrass, le funk et le gospel.

À son grand bonheur au cours de la soirée, le public a aisément reconnu les classiques L’arbre est dans ses feuilles de Zachary Richard, Jailhouse Rock d’Elvis Presley, Johnny B. Goode de Chuck Berry, A Song for You de Donny Hathaway, A Change is Gonna Come de Sam Cooke, et bien sûr Baby One More Time de Britney Spears, toutes jouées, pour le bien-être de l’exercice, façon blues.
Il s’est aussi laissé porter par les pièces I'm Coming Home et St.James Infirmary Blues, toutes les deux reprises par «Snooky» Alston, Yellow Moon par Élizabeth Blouin-Brathwaite, qui a aussi assuré une partie des percussions, ainsi que Down by the Riverside, interprétée par la britannique francophile Dawn Cumberbatch – qu’on a d’ailleurs pu entendre sur l’album Crash de Les Louanges et qu’on a aussi pu voir aux côtés de Daniel Bélanger, Roch Voisine et Dumas.

Le maître de cérémonie, Fayolle Jean Jr., s’est pour sa part présenté au public sous les traits du Baron Samedi – oui même le mardi, il est le Baron Samedi –, l’un des esprits de la religion vaudou connu comme le maître du trépan qui guide les esprits vers l’au-delà. «Le GPS des esprits, quoi», a-t-il lancé à la foule, un sourire en coin. Cette partition lui seyait à merveille et ajoutait à elle seule tout un pan atmosphérique, presque fantasmagorique, à cette soirée festive, endiablée.

Au fil de ses interventions à la foule, courtes, mais soutenues, il a amené quelques faits historiques sur la Louisiane, de son imposant territoire français en 1803, au bannissement de l’enseignement de la langue de Molière il y a un peu plus d’un siècle, jusqu’à la redéfinition de ses frontières, qui lui a laissé une riche culture influencée par son métissage.
Cet État du sud des États-Unis, où la fête est un devoir, est également considéré comme étant le berceau du blues, «ce style musical si particulier, né d’un père polygame et d’une “mer à boire”», a fait valoir le Baron Samedi.
Quelques numéros de groupe ont été particulièrement appréciés du public, notamment en deuxième portion de spectacle. Ce fut le cas de l’interprétation acoustique de la pièce O Marie, chantée en trio par Franck Julien, Normand Brathwaite et sa fille Élizabeth Blouin-Brathwaite, qui a aussi impressionné lors de son duo avec Dawn Cumberbatch sur l’ll Fly Away, et de l’incontournable Amazing Grace, chantée en créole par Fayolle Jean Jr. et les quatre chanteurs qui ont assuré les harmonies vocales.

En tout, le spectacle s’est étendu sur un peu plus de 2h, réunissait sur scène 12 artistes, dont sept musiciens.
C’est le chef Paul Toussaint (Kamúy, Agrikol, Toqué!), reconnu pour sa cuisine caribéenne, qui a concocté le menu.
Pour créer ce spectacle, qui saura certainement ravir les amateurs de musique, Normand Brathwaite, qui porte aussi le chapeau de directeur artistique, de percussionniste et d’harmoniste dans cette production, s’est entouré de Joël Ferron à la conception musicale et d’Ève Déziel aux textes.
New Orleans Blues sera présenté tout l’été à l’Espace St-Denis de Montréal et sera présenté à la fin de l’automne au Capitole de Québec.