Saoul et à sens inverse sur l’autoroute: 9 ans réclamés contre un chauffard qui a tué un homme dans une collision frontale
Falanka-Yves Kiona avait près du double de la limite permise d’alcool dans le sang

Pierre-Paul Biron
Saoul et à contresens sur l’autoroute quand il a tué un automobiliste, Falanka-Yves Kiona n’a pas provoqué un accident dû à une erreur de jugement, il a commis un crime grave, insiste le ministère public, qui réclame une peine de neuf ans pour le chauffard.
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Kiona ne se rappelle plus comment il a embarqué sur l’autoroute Laurentienne en sens inverse le 19 février 2023. Il ne se souvient pas non plus de la quantité d’alcool qu’il avait consommé avant de quitter une soirée avec des amis au volant de sa voiture.
Mais les conséquences de ce qu’il a qualifié mercredi de «mauvais jugement» le suivront pour le reste de ses jours.
Ce soir-là, l’homme de 54 ans originaire du Congo, a fauché de plein fouet la voiture que conduisait Dominic Gauthier. Ce dernier n’a eu aucune chance.

Près du double
Il a été établi que Kiona avait près du double de la limite permise d’alcool dans le sang quand il a pris la route.
«J’en veux profondément à cet homme qui a détruit nos vies. [...] C’est un très gros manque de jugement de la part de ce dernier, mais aussi de ses amis qui l’ont laissé quitter», a écrit la conjointe du défunt, Mélissa Roy, dans une touchante lettre lue par la procureure de la Couronne, Me Valérie Bélizaire-Joseph.

Les parents de la victime ont eu aussi déposé une déclaration à la cour, racontant avoir failli perdre leur fils Dominic dans un grave accident de la route alors qu’il avait 17 ans. La collision de février 2023 a été pour eu un coup du destin qui a eu l’effet «d’un coup d’épée en plein cœur».

«Notre vie ne sera plus jamais la même», écrivent France Lemay et Marcel Gauthier.
«Je me sens comme un monstre»
L’accusé a aussi pris la barre dans le cadre des observations sur la peine à lui imposer. Déclarant ne pas avoir de problème de consommation et assurant ne pas boire plus que «2 ou 3 cannettes de bière» par trois semaines, il est malgré tout arrivé chez ses amis le soir du drame avec deux bouteilles d’alcool fort.
Et incapable de se rappeler la quantité d’alcool qu’il a bu, il se souvient qu’il était «trop intoxiqué» après l’impact pour expliquer ce qui s’était passé.
«Je suis désolé, ce n’était pas voulu, c’est un accident. Pardonnez-moi», a-t-il supplié la famille. «Je me sens comme si j’étais un monstre, mais je ne suis pas un monstre.»

Le ministère public a proposé au juge l’imposition d’une peine de 9 ans pour le chauffard, en plus d’une interdiction de conduire de 10 ans. Me Bélizaire-Joseph a soulevé le fait que le rapport présentenciel explique que l’accusé «fuyait ses problèmes», notamment de couple, en se réunissant avec des amis pour consommer de l’alcool.
«[Le groupe] priorisait l’usage de l’alcool plutôt que les confidences», écrit l’agente de probation dans son rapport, le ministère public qualifiant ces comportements de «problématiques et dangereux».

En défense, Me Amélie Levasseur est d’avis qu’une sentence de quatre ans serait juste pour son client. L’avocate a plaidé que les exemples jurisprudentiels militant pour des peines comme celle proposée par la couronne concernent des cas plus graves, citant en exemple celui d’Yves Martin, condamné à 11 ans pour avoir tué trois personnes d’une même famille en 2015.
La collision provoquée le 19 février 2023 par Falanka-Yves Kiona et qui a coûté la vie à Dominic Gauthier était la deuxième à survenir en un week-end à Québec qui impliquait un chauffard saoul qui a emprunté l’autoroute en sens inverse. Le 17 février, Salvardor Ramirez-Nolasco fauchait la camionnette conduite par Mario Fleury, provoquant son décès. Le chauffard a écopé d’une peine de sept ans et demi.
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