Nadia Tranchemontagne dénonce la grossophobie et les préjugés dans son roman «La grosse qui rêvait d'amour»


Marie-France Bornais
Dans un récit palpitant, émouvant, faisant écho à de nombreux enjeux, Nadia Tranchemontagne illustre avec brio ce que vivent plusieurs personnes grosses dans la société actuelle dans son premier livre, La grosse qui rêvait d’amour. Elle montre ce que cela signifie d’exister à travers l’opinion et la perception des autres, parle de honte et de stigmatisation dans une société où l’image compte énormément. Et de quête amoureuse dans un tel contexte.

Nadia Tranchemontagne, une autrice de talent qui milite activement contre la grossophobie, décrit avec beaucoup de sensibilité ce que vivent les personnes grosses. Elle parle des diètes qu’on leur impose dès leur plus jeune âge, des violences infligées à leur propre corps, de la pression sociale, du rejet amoureux et des émotions négatives qui accompagnent le tout.
«Je trouve ça incroyable qu’on fasse passer l’humain après des standards», dit-elle d’entrée de jeu en entrevue. «À la base, les standards, c’est les humains qui les ont créés et façonnés. Là, c’est comme si on t’enlevait ton humanité dès que tu ne corresponds pas à ces standards-là. T’es une personne de moindre valeur.»
L’autrice ajoute que cette situation a des impacts sur beaucoup d’aspects de la vie. «C’est pas juste les commentaires en ligne. C’est au niveau du travail, de l’accès aux soins, c’est partout. On pense que ça affecte surtout les gens qui sont dans des extrêmes, mais la réalité, c’est que ça affecte tout le monde, ces standards-là. Ça vient me chercher et j’avais besoin d’en parler.»
En quête d’acceptation
À travers le personnage de Samuelle, héroïne de La grosse qui rêvait d’amour, Nadia Tranchemontagne montre le parcours d’une jeune femme en recherche d’acceptation. Une jeune femme qui a longtemps pensé qu’elle n’avait pas droit à l’amour à cause de son corps et que, pour se faire aimer, elle devait le transformer.
Ce concept lui avait été inculqué très tôt dans sa vie, par une mère obsédée par les calories, le tour de taille et le poids sur la balance. Samuelle, lucide et vraie, cherche à s’émanciper de tout cela et à trouver l’amour. Ce n’est pas facile, dans la jungle du dating, de naviguer à travers tous les préjugés et tous les rejets.
Pas une autofiction
Nadia dit que son roman n’est pas une autofiction, même si quelques aspects viennent d’elle. «Ça fait plusieurs années que je suis sur les réseaux sociaux. J’ai eu des échanges, au fil du temps, avec des personnes. Il y a des bouts d’histoire qui revenaient tout le temps ou très souvent. Ces personnes – moi incluse dans certains aspects – ont l’impression d’être toutes seules à avoir vécu ça alors que la réalité est autre.»
Un exemple? Les diètes. «D’avoir vécu ce traumatisme, de se faire imposer des régimes, d’avoir fait des programmes de perte de poids, j’entends cette histoire à répétition, depuis des années.»
Un rêve
Nadia Tranchemontagne, titulaire d’un baccalauréat en Études françaises, ajoute qu’elle voulait écrire un livre depuis longtemps et qu’elle voulait raconter quelque chose qui était proche de son cœur, au plus près d’elle-même. Elle a choisi la forme romanesque pour faire passer ses messages. «Si je faisais un documentaire sur la grossophobie ou un livre très informatif, les gens ne le prendraient juste pas.»
«On voulait que le titre soit fort. Pour moi, l’utilisation du mot "gros", "grosse", c’est une évidence. C’est dans l’idée du militantisme de se réapproprier ce mot-là et de lui enlever sa connotation péjorative.»
La forme romanesque lui a permis d’aborder les sujets qui lui tiennent à cœur, dont la quête amoureuse. «Même nos standards pour l’amour sont irréalistes. Nos standards d’image corporelle et de beauté le sont aussi. On vit dans un monde d’illusions.»
La grosse qui rêvait d’amour
Nadia Tranchemontagne
Éditions Québec Amérique
248 pages
▶ En librairie le 28 janvier.
- Nadia Tranchemontagne est créatrice de contenu à ses heures sur les réseaux sociaux (@latranchemontagne sur Instagram).
- Elle milite contre la grossophobie.
- La grosse qui rêvait d’amour est son premier livre.
«— Je sais que tu pognes souvent les nerfs quand on parle de
ces affaires-là, mais c’est pas pour te choquer que je dis ça. Une
mère a le droit de s’inquiéter pour ses enfants.
— Pas ce soir, s’il te plaît...
— Fais juste t’informer, d’accord? Dr Delacroix pense que tu
serais une bonne candidate pour la chirurgie bariatrique et il est
même prêt à t’accompagner dans les démarches et te faire une
référence.
— Mom!»
– Nadia Tranchemontagne, La grosse qui rêvait d’amour, Éditions Québec Amérique
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