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L'article provient de Le Journal de Montréal
Culture

Grandir sans grossophobie: favoriser une image corporelle plus saine chez les enfants

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Photo portrait de Marie-France Bornais

Marie-France Bornais

2023-05-21T04:00:00Z
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Après avoir publié Grosse, et puis ? en 2020, Edith Bernier, fondatrice du site web Grossophobie.ca, revient cette année avec un ouvrage qui traite encore une fois des nombreux problèmes liés à la grossophobie. Beaucoup d’enfants grandissent dans une grossophobie ambiante qui peut engendrer une image corporelle tordue, des problèmes d’estime de soi et des troubles du comportement alimentaire. 

Photo fournie par les Éditions Trécarré
Photo fournie par les Éditions Trécarré

Pour briser le cycle de la dépréciation et du jugement, Edith Bernier s’adresse d’abord aux parents, quel que soit leur poids ou celui de leurs enfants, de même qu’aux éducateurs et aux spécialistes de la santé. 

Dans son livre, elle offre des pistes de réflexion et des outils concrets, adaptés à la réalité des jeunes, des familles, de l’école, des sports, de la petite enfance à la préadolescence, au sujet de la grossophobie.

« J’ai été entourée d’expertes formidables et ce livre aurait pu faire quatre fois le nombre de pages. Il y a tellement de choses à dire autour de la relation avec le sport, avec l’image, avec la nourriture, le corps en général. Et de la relation que les parents ont avec tout ça. Et tous les messages qui peuvent être passés », commente-t-elle, en entrevue téléphonique.

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« Les enfants, c’est un mélange d’éponge et de miroir : ce sont des éponges disco ! », compare-t‐elle en riant. « Ça absorbe et ça reflète. »

Phénomène présent 

La grossophobie est un phénomène « encore en masse présent » au Québec, à son avis. 

« Par contre, faut que je donne ça, la dénonciation de la grossophobie est de plus en plus présente aussi, dit-elle. On n’est pas vraiment moins grossophobes, mais je pense qu’on en parle plus et on le remarque plus. »

C’est quoi, au juste, une remarque grossophobe ? 

« Se faire traiter de gros, quand on est un enfant, ça peut être une remarque grossophobe. Dire par exemple : “Si tu manges tout ça, tu vas devenir gros”, c’est ça aussi. Parce que la grossophobie, c’est pas juste ne pas accepter et rejeter les personnes grosses, c’est aussi ne pas vouloir le devenir. »

Edith Bernier précise que de nombreuses études ont été faites au Québec sur l’image corporelle. 

« Il y a énormément de parents qui sont inquiets parce que leur enfant se fait intimider à la fois sur son poids ou sur son apparence physique. Très souvent, c’est une question de “ah, t’es trop mince” ou “ah, t’es trop gros”. »

Déboulonner des mythes

Quand vient le moment de qualifier une différence, le poids tombe souvent dans la catégorie d’une mauvaise différence, ajoute-t-elle. Exemple : « Ah, mon dieu, elle doit pas être fine, la grosse madame ! » 

« Le fait d’être gros, ou l’éventualité de devenir gros, devient quelque chose qui est utilisé pour écœurer les gens, pour les intimider, pour leur faire de la peine, pour les isoler socialement. »

Un autre mythe ? Celui qu’un bon parent n’a pas un enfant gros. 

« Un bon parent a un enfant mince, sportif, qui est beau, qui est parfait. Mais dans cette perfection, il y a justement l’absence de grosseur. Le poids est déterminé par un paquet de choses : la situation socioéconomique, l’environnement, l’éducation et la connaissance des parents, la génétique, la maladie ou la prise de certains médicaments. Ce sont des choses sur lesquelles on a tellement peu d’influence ! »

Quand Edith Bernier travaille avec des ados, elle leur demande, en sachant ces faits, si c’est juste de juger quelqu’un sur son poids. 

« Les jeunes me disent : non, ça n’a aucun sens. À 12-13 ans, ils ont compris ça. » 


♦ Edith Bernier est diplômée de l’UQAM en journalisme, conférencière et consultante.

♦ Son site internet Grossophobie.ca fournit des informations et des références sur le sujet.

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