Bombes au phosphore en Ukraine: le Kremlin dément toute violation du droit international

AFP
MOSCOU | La Russie a démenti vendredi toute violation du droit international après avoir été accusée par l’Ukraine d’utiliser des bombes au phosphore dans le cadre de l’offensive militaire qu’elle mène dans ce pays voisin depuis un mois.
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«La Russie n’a jamais violé aucune convention internationale», a déclaré le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, interrogé par la presse au sujet des accusations portées par le président ukrainien Volodymyr Zelensky.
Les bombes au phosphore sont des armes incendiaires dont l’usage est interdit contre des civils, mais pas contre des cibles militaires, selon une Convention signée en 1980 à Genève.

Le Protocole III de la Convention internationale sur les armes classiques CCAC, signée en 1980 et entrée en vigueur en décembre 1983, stipule que ce type d’armes «est interdit en toutes circonstances» contre les populations civiles.
Les armes incendiaires sont également interdites contre des cibles militaires lorsqu’elles sont proches de populations civiles.
Mais ce protocole ne concerne pas le phosphore blanc lorsqu’il est utilisé pour ses propriétés fumigènes ou bien éclairantes.
La Russie et l’Ukraine sont considérées comme signataires de ce protocole III depuis 1982 (du temps de l’URSS) tandis que les États-Unis l’ont signé avec réserve en 2009 et la France, également avec réserve, en 2002.
Plusieurs pays ont été accusés d’avoir utilisé des armes incendiaires ces dernières années, comme les États-Unis en 2004 en Irak ou la Russie en 2018 en Syrie.
Biden veut «détourner l’attention» du programme chimique et biologique américain en Ukraine, selon le Kremlin
Le Kremlin a accusé vendredi le président des États-Unis Joe Biden de vouloir «détourner l’attention» du programme d’armement chimique et biologique américain en Ukraine avec ses déclarations sur un possible recours par la Russie aux armes chimiques en Ukraine.
«Il est clair que les Américains tentent de détourner l’attention en parlant d’une prétendue menace russe, sur fond du scandale provoqué (...) par les programmes de développement des armes chimiques et biologiques que les États-Unis ont mis en place dans plusieurs pays, y compris en Ukraine», a déclaré à la presse le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov.
Les États-Unis «n'ont pas l'intention d'utiliser des armes chimiques quelles que soient les circonstances», c'est-à-dire même si la Russie en emploie en Ukraine, a assuré vendredi le conseiller à la sécurité nationale américain Jake Sullivan, à bord d'Air Force One.
Lors d'un échange avec la presse, il a cependant prévenu que Moscou payerait «un prix très élevé» en cas d'utilisation d'armes chimiques, clarifiant des propos de la veille du président Joe Biden qui avait promis une «réponse» dans un tel scénario, mais en restant évasif sur la «nature» de cette riposte.

Le président américain a déjà assuré lundi qu’il était «clair» que la Russie envisageait d’utiliser des armes chimiques et biologiques en Ukraine, avertissant qu’une telle décision entraînerait une réponse occidentale «sévère».
Pour sa part, le ministère russe de la Défense accuse presque quotidiennement les États-Unis d’avoir financé un programme d’armes biologiques en Ukraine, affirmant avoir trouvé des preuves en ce sens dans des laboratoires ukrainiens.
Le chef de la diplomatie Sergueï Lavrov avait assuré lui que les Américains «mènent ces activités dans le plus grand secret» en créant des laboratoires «tout au long du périmètre de la Russie et de la Chine».
Les États-Unis comme l’Ukraine ont démenti l’existence de laboratoires destinés à produire des armes biologiques dans le pays.
Entre autres programmes, Moscou accuse Washington notamment a avoir voulu utiliser des oiseaux migrateurs pour répandre des pathogènes.
Moscou dénonce les relents «hitlériens» du discours européen contre la Russie
Le chef de la diplomatie russe a estimé vendredi que les dirigeants européens tenaient un discours aux relents «hitlériens» contre la Russie, visée par de lourdes sanctions en raison de son offensive en Ukraine.
«On nous a déclaré une véritable guerre hybride totale. Ce terme (de guerre totale, NDLR) qu’utilisait l’Allemagne hitlérienne est désormais prononcé par beaucoup de politiciens européens lorsqu’ils expliquent ce qu’ils veulent faire de la Russie», a dit Sergueï Lavrov, lors d’une réunion avec des représentants d’une fondation diplomatique russe.

«Ils ne cachent pas leurs objectifs: détruire, casser, anéantir, étouffer l’économie et la Russie dans son ensemble», a ajouté le diplomate.
La Russie, depuis qu’elle a fait entrer des dizaines de milliers de soldats en Ukraine, est visée par des sanctions occidentales d’une ampleur sans précédent qui ont déjà affecté entre autres le système financier, la chaîne logistique, la monnaie et l’inflation.
Moscou considère être en lutte en Ukraine contre des «néonazis».
Le rôle central de l’URSS pour vaincre l’Allemagne d’Hitler en 1945 est au cœur de l’identité nationale russe et du discours patriotique de Vladimir Poutine.
Le président russe avait déjà utilisé des termes rappelant les nazis en parlant des Occidentaux, dénonçant leur «blitzkrieg» économique ou encore comparé leurs sanctions à des «pogroms antisémites».