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L'article provient de Le Journal de Montréal
Justice et faits divers

Mort des fillettes Carpentier: de nouveaux éléments dévoilés lors de l'enquête publique

Une offre d’aide aux recherches restée sans réponse et les premières heures suivant l’accident sur l’autoroute 20 étaient au menu

CAPTURE D'ÉCRAN / TVA NOUVELLES / AGENCE QMI
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Photo portrait de Pierre-Paul Biron

Pierre-Paul Biron

2023-02-14T21:30:23Z
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Deux témoins civils, un policier et un chef incendie ont témoigné mardi à l’enquête publique du coroner sur le décès de Norah et Romy Carpentier, apportant un éclairage intéressant sur les premières heures suivant l’accident qui a été l’élément déclencheur du drame. D’une offre d’aide restée sans réponse aux versions divergentes sur la dangerosité de Martin Carpentier, ces éléments permettront au coroner Luc Malouin de faire progresser son enquête. 

• À lire aussi: Martin Carpentier, un homme tourmenté dans les semaines précédant le drame

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Une offre d’aide aux recherches restée sans réponse

CAPTURE D'ÉCRAN / TVA NOUVELLES / AGENCE QMI
CAPTURE D'ÉCRAN / TVA NOUVELLES / AGENCE QMI

Le directeur du service incendie de Saint-Apollinaire a fait deux offres pour accompagner la Sureté du Québec dans les recherches terrain dans les premiers jours de la disparition de Norah et Romy Carpentier, offres demeurées lettre morte.

Martin Miller a fait une première approche par téléphone au lendemain de l’accident et il a été jusqu’à se présenter en personne au poste local de la SQ le surlendemain, soit le vendredi. Sur place, un patrouilleur lui dit simplement qu’il passera le message à ses supérieurs.

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«Je n’ai jamais eu de retour», laisse tomber M. Miller.

  • Écoutez le segment judiciaire avec Nicole Gibeault où elle vient sur l'affaire Carpentier via QUB radio :

La seule demande qui a été faite à son service est venue pour un barrage routier afin d’informer des automobilistes de la disparition.

«On vous a envoyé faire un barrage routier au lieu de recherches dans le bois», a questionné le coroner Luc Malouin, visiblement un peu incrédule.

«L’autorité compétente pour ce type d’intervention là, c’était la SQ et c’était important pour moi d’attendre leurs directives», a répondu le chef pompier, qui a même dû à un certain moment «retenir ses pompiers».

«C’était difficile parce qu’on voulait aider. On a décidé l’après-midi du vendredi d’aller faire des patrouilles avec nos véhicules dans les chemins publics.»

Les responsables du service incendie ont ensuite été mobilisés pour gérer les bénévoles spontanés qui se sont présentés sur place le samedi pour aider aux recherches. Environ 250 bénévoles ont été déployés sous la gouverne des équipes du commandant Miller.

Demande d’un enquêteur après l’accident sur la 20 : «On cogite là-dessus»

Photo Stevens Leblanc
Photo Stevens Leblanc

Le premier patrouilleur de la Sureté du Québec arrivé sur les lieux de l’accident impliquant Martin Carpentier et ses filles a témoigné avoir rapidement fait une demande pour qu’un enquêteur soit déployé sur place, ce à quoi on lui a répondu : «On cogite là-dessus».

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L’agent Vincent Poirier, du poste de Lotbinière, est arrivé sur la scène d’accident alors que la poussière retombait encore sur l’autoroute 20. Un premier tour du véhicule permet de voir qu’un coussin gonflable est déployé, que les vitres sont éclatées, mais surtout, que les occupants sont manquants.

L’hypothèse d’une éjection est émise, mais celle d’un conducteur en état d’ébriété ayant fui les lieux ou celle d’un véhicule volé sont aussi soulevées par le policier. Rapidement, le policier contacte le Centre de vigie et de contrôle opérationnel (CVCO) pour s’enquérir de la possibilité de déployer un enquêteur.

«On demande l’appui d’un enquêteur parce que c’est possible que ça s’enligne vers de possibles accusations criminelles de délit de fuite», a expliqué l’agent Poirier.

Or, la réponse qui vient du CVCO n’est pas celle attendue.

«On cogite là-dessus», a rétorqué la coordination à l’agent.

Plusieurs passations de commandement

D’ailleurs, la prise en charge du dossier a changé de main à plusieurs reprises dans les premières heures.

De l’agent Poirier à son arrivée sur les lieux, la responsabilité a ensuite été transmise à un autre agent, puis au sergent Éric Vézina vers 23h. Ce dernier transmet ensuite le commandement au capitaine Jean-François Ouellet à 1h35. Un enquêteur a finalement été envoyé sur place à 3h, soit presque six heures après l’accident.

«Il y a eu plusieurs chefs au départ et moi je dois démêler ça», lui a fait remarquer le coroner Malouin.

Versions divergentes sur la dangerosité de Martin Carpentier

Photo courtoisie SQ
Photo courtoisie SQ

L’agent Vincent Poirier a raconté que les premiers témoins joints après l’accident avaient des versions divergentes du degré de dangerosité de Martin Carpentier.

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S’il ressort de sa première discussion avec la mère de Norah et Romy que leur père est aimant et n’est pas dangereux pour les fillettes, le nouveau conjoint de la mère offre un éclairage différent.

«Il y a eu une discussion sur la notion, par rapport aux enfants, d’un enlèvement. M. Pelletier mentionne l’alerte Amber à ce moment», a expliqué le patrouilleur, indiquant que le nouveau conjoint parle de la peur de perdre la garde et d’une perte de poids.

Et il y a ensuite un collègue de travail de Martin Carpentier qui se présente sur place et qui affirme que oui, Carpentier a semblé dépressif, mais qu’il ne ferait jamais de mal à ses filles.

«Il vient un peu mitiger tout ça», a ajouté le policier, confiant être allé au lit le lendemain matin en ne comprenant toujours pas ce qui s’était passé. 

«À ce moment-là, l’accident c’est un puzzle de 1000 morceaux et moi, j’ai juste 10 morceaux, pis je ne sais pas où ils vont.»

Aperçus sur l’autoroute par des témoins de l’accident

Photo Annie T. Roussel
Photo Annie T. Roussel

Deux témoins civils ont raconté mardi au coroner Luc Malouin avoir aperçu Martin Carpentier, Norah et Romy, fuir les lieux de l’accident sur l’autoroute 20, le soir du 8 juillet 2020.

Roulant en direction ouest, Louise Dubois a vu au loin des phares traverser le terre-plein central, suivis d’une «levée de poussière». Ralentissant par prudence, elle aperçoit la voiture que l’on sait aujourd’hui être celle de Martin Carpentier en piètre état dans sa voie. En passant doucement près du véhicule, elle remarque deux personnes qui marchent, s’éloignant de l’accident.

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«Il y avait une personne qui marche vers le terre-plein et en avant, un monsieur avec un enfant dans les bras», a relaté la femme.

Malgré la brunante du ciel de cette fin de soirée de juillet, la témoin distingue malgré tout des détails importants. La personne derrière était «une jeune fille délicate, avec les cheveux attachés et une casquette». 

«On dirait qu’elle avait mal à une jambe, qu’elle boitait.»

Et devant, un homme. «Lui marchait avec un enfant dans les bras», a précisé Mme Dubois, qui, voyant que d’autres véhicules étaient arrêtés pour prêter secours, a poursuivi son chemin. «J’avais deux enfants avec moi dans l’auto.»

Plus loin, dans un champ

Un autre témoin, arrivé quelques instants plus tard, a quant à lui relaté avoir vu «deux personnes courir dans le champ», de l’autre côté de l’autoroute.

«Ils avaient traversé le terre-plein, traversé la 20 et ils étaient rendus dans le champ. Ça m’a paru être un homme et l’autre avait l’air d’une femme, mais j’ai vu ça vite», a expliqué André Couture, qui a contacté les policiers le lendemain en voyant la médiatisation de l’affaire.

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