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L'article provient de Le Journal de Montréal
Justice et faits divers

Martin Carpentier, un homme tourmenté dans les semaines précédant le drame

Son ancienne belle-mère a témoigné de sa crainte obsessive de perdre ses enfants et de comportements «incohérents»

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Photo portrait de Pierre-Paul Biron

Pierre-Paul Biron

2023-02-14T19:04:01Z
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Obsédé à l’idée de perdre ses filles. Tourmenté par des démarches de divorce entreprises dans le dos de son ex-conjointe. Amaigri et dépressif. C’est le portrait d’un Martin Carpentier troublé qu’a dressé son ex-belle-mère à l’enquête publique du coroner sur le décès de Norah et Romy.

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Gaétane Tremblay a toujours entretenu une bonne relation avec Martin Carpentier. Même après la séparation entre sa fille et l’homme, ce dernier ayant racheté l’autre moitié du jumelé où Mme Tremblay habitait avec son mari.

Photo d'archives
Photo d'archives

La grand-maman chérissait cette proximité avec ses deux petites-filles, Norah et Romy, qui vivaient à la porte d’à-côté.

«Pour moi, c’était un privilège», a confié Mme Tremblay au coroner Luc Malouin lors de son témoignage mardi.

Et comme Martin vivait à côté, elle avait des contacts avec lui presque tous les jours. Elle a raconté l’avoir vu changer dans les semaines précédant le drame.

«Ça a dégénéré», a confié Gaétane Tremblay à propos des changements chez Carpentier qui concordent avec le moment où il a commencé un emploi de nuit.

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«Il était incapable de dormir le jour. Il était plus nerveux, il avait maigri. [...] Il arrivait chez moi et me disait des choses un peu incohérentes», a précisé la dame.

  • Écoutez le segment judiciaire avec Nicole Gibeault où elle vient sur l'affaire Carpentier via QUB radio :

Agité, tourmenté

Deux situations significatives ont été exposées au coroner Luc Malouin.

La première survient le 6 juillet, soit deux jours avant que la vie de la famille ne bascule. Martin Carpentier se présente chez son ancienne belle-mère «agité, en sueurs».

«À brûle pour point, il m’a dit : "Je ne veux pas divorcer, je ne veux pas vendre la maison, je veux rester ici. [...] Il tremblait», a relaté Mme Tremblay. Ces procédures de divorce entreprises par Carpentier sans en parler à Amélie Lemieux ont été évoquées au premier jour de l’enquête publique lundi. La procédure le stressait, des collègues de travail lui ayant dit que son ex «lui ferait vivre l’enfer».

Son ex-belle-mère a précisé avoir demandé à l’homme de s’adresser aux personnes concernées plutôt que de se tourner vers elle. «J’étais épuisée, ce n’est pas à moi de parler à sa blonde, de parler à Amélie.»

Et quelques semaines auparavant, Carpentier lui avait confié être allé voir le nouveau conjoint de la mère des fillettes. Encore une fois, il semblait tourmenté.

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«Il pleurait. Il disait qu’il ne comprenait pas pourquoi il faisait ça», a raconté la grand-maman, qui a mis ces écarts sur le dos de la pandémie et de son manque de discipline dans la prise de ses médicaments pour la glande thyroïde.

«Je lui ai dit un jour: "Martin, tu ne ferais pas une dépression?" Mais je n’ai pas fait de suivi.»

Peur obsessionnelle

Puis, comme un nuage noir constant au-dessus de la tête de Martin Carpentier, une crainte maladive de perdre la garde de ses enfants. Comme les premiers témoins entendus lundi, Gaétane Tremblay a été catégorique sur cette peur quasi pathologique de se faire enlever ses filles.

«C’était une obsession. Ça revenait très souvent. Et plus je voyais qu’il maigrissait, plus je voyais qu’il n’allait pas bien, plus il en parlait», a souligné la mère d’Amélie Lemieux.

La situation était telle que Martin Carpentier peinait même à voir d’autres gens s’occuper de Norah et Romy.

«Il passait des commentaires sur Alexandre [le conjoint d’Amélie Lemieux à l’époque]. Martin n’aimait pas que quiconque d’autre que lui s’occupe de ses enfants», a affirmé la grand-mère des petites.

«Il m’a déjà dit : "Je n’aime pas ça voir Alex prendre Romy dans ses bras".»

Mme Tremblay a même fait état de mensonges de Martin Carpentier à l’encontre de sa conjointe de l’époque pour s’assurer d’être disponible au cas où Amélie Lemieux aurait besoin de faire garder Norah et Romy.

«Lorsqu’il n’avait pas les filles, il disait à sa blonde qu’il les avait. "Au cas où Amélie m’appelle, je vais être disponible"», a expliqué la grand-mère.

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Incompréhension

C’est cet homme visiblement brisé qui s’est retrouvé avec ses enfants dans une voiture accidentée sur l’autoroute 20 le soir du 8 juillet. Et c’est ce même homme qui a pris la décision de fuir vers la forêt et d’aller jusqu’à tuer ses deux filles, «les deux personnes qu’il aimait le plus au monde», dans les heures qui ont suivi.

Une conclusion tragique que Gaétane Tremblay ne s’explique toujours pas malgré les signes de mal-être qu’avait démontrés Martin Carpentier dans les semaines précédentes.

«On ne l’avait pas abandonné», a insisté la femme.

«Je ne comprends pas. Martin n’avait aucune raison d’avoir peur de perdre ses enfants. On lui disait tous, mais c’était comme une phobie.»

Gaétane Tremblay revoit chaque jour l’image de Martin Carpentier qui part avec Norah et Romy lorsqu’elle jette un coup d’œil dehors. Un peu comme si la dernière vision de cette vie qu’elle a tant chérie s’était imprimée à jamais dans le verre de la grande fenêtre.

«Il m’avait dit: "Gaétane, je vais ramener les enfants à 21h, mais j’aimerais ça y aller tout seul avec mes filles’’», a-t-elle raconté en pleurs au coroner Malouin à propos de cette sortie pour aller manger une crème glacée.

«Il n’est jamais revenu.»

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