Mom Boucher: une époque périlleuse pour les journalistes

Florence Lamoureux | Agence QMI
La mort du roi du crime organisé ravive de douloureux souvenirs pour les journalistes qui ont travaillé à l’époque de la guerre des motards.
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«Quand on dit Mom Boucher, on se rappelle tous de la tentative de meurtre sur le journaliste aux faits divers Michel Auger, dans le stationnement du Journal de Montréal», a raconté Éric-Yvan Lemay, journaliste au bureau d’enquête de Quebecor en entrevue à QUB radio, lundi.
L'ancien chef des Hells Angels, Maurice «Mom» Boucher a succombé à un cancer de la gorge, dimanche, au pénitencier Archambault à Sainte-Anne-des-Plaines dans l’Unité spéciale, la seule unité à sécurité super maximum au pays.
Michel Auger, qui était journaliste spécialiste du crime organisé à l’époque pour «Le Journal de Montréal», a été criblé de six balles dans le dos, dans le stationnement du quotidien sur la rue Frontenac en 2000.
Non seulement Michel Auger a survécu, mais l’affaire a suscité un vaste mouvement d’indignation au Québec et a été un exemple de détermination pour plusieurs journalistes québécois, dont Éric Yvan Lemay.
«Pour moi, il a toujours été une inspiration! Personne ne va nous empêcher comme journaliste d’écrire la vérité», a-t-il dit.
«Je me rappelle encore que Michel avait dit “ils ne m'arrêteront jamais”.»
Les jours suivant la tentative de meurtre, il avait aussi dit sur son lit d'hôpital qu’il voulait recommencer à écrire.
L’année qui a suivi la tentative de meurtre sur Michel Auger, «Le Journal de Montréal» a pratiquement publié des articles tous les jours sur les motards.
«[Ces textes] ont mené à des changements politiques comme les lois antigang», a raconté le journaliste au bureau d’enquête à Alexandre Moranville à QUB radio.
La soif de pouvoir des Hells
Aujourd’hui les Hells ne sont plus actifs comme au début des années 2000, même s’ils «continuent de faire des affaires, mais discrètement».
C’était une tout autre histoire dans les années 1990. Ils faisaient régner la terreur dans les rues de Montréal et tentaient de contrôler l’ensemble de la distribution de la drogue sur le territoire québécois.
«C’était une époque difficile dans l’histoire du crime au Québec, il y a eu 165 meurtres en sept ans», a ajouté Éric-Yvan Lemay. Ils s’en sont ensuite pris au système de justice.
En 1997, «Mom» a commandé le meurtre de deux gardiens de prison, Pierre Rondeau et Diane Lavigne, choisis au hasard afin d’ébranler le système.
Ce sont ces crimes qui ont mené à sa condamnation à la prison à vie. Il purgeait sa peine depuis 22 ans sans possibilité de libération conditionnelle avant 25 ans.
«Il y a aussi la mort du jeune garçon de 11 ans, Daniel Desrochers, tué par l’explosion de la voiture d’un trafiquant dans le quartier Hochelaga-Maisonneuve», a précisé M. Lemay.
Il s’agit de la plus jeune victime de la guerre contre les trafiquants indépendants instiguée par Boucher.