Mike Ward se porte à la défense d’un humoriste brésilien qui vient d’être condamné à huit ans de prison pour des blagues: «Personne ne devrait aller en prison pour avoir offensé quelqu’un»
Léo Lins a fait des blagues jugées discriminatoires envers les minorités dans son spectacle «Perturbator»


Raphaël Gendron-Martin
«Si un État peut emprisonner un humoriste pour ce qu’il dit sur scène, qu’est-ce qui l’empêche de faire la même chose avec un autre artiste, un auteur, un chroniqueur, un journaliste, un citoyen ordinaire?» Mike Ward a rapidement pris position en apprenant l’histoire de l’humoriste brésilien, Léo Lins, qui vient d’être condamné à huit ans et trois mois de prison pour des blagues faites dans un spectacle.
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Il y a quelques jours, Léo Lins a été condamné par la justice fédérale de São Paulo pour avoir tenu des blagues jugées discriminatoires et incitant à la haine dans son spectacle de 2022, Perturbator.
Dans ce one-man-show, pas mal tous les groupes minoritaires étaient ciblés par l’humoriste de 42 ans: les personnes malentendantes, noires, autochtones, homosexuelles, handicapées, séropositives, âgées et obèses.
Comme si ce n’était pas assez, Lins avait aussi fait des blagues sur l’inceste et la zoophilie.
La dignité humaine doit primer
Le tribunal a jugé que ces blagues constituaient «un discours haineux» et violaient les lois brésiliennes contre le racisme, la discrimination religieuse et le handicap. La Cour a souligné que la dignité humaine doit primer sur la liberté d’expression, surtout lorsque les propos visent des groupes vulnérables.
Le spectacle de Lins avait déjà été retiré de YouTube en mai 2023 par décision du tribunal. Il comptait trois millions de visionnements. Une amende de près de 70 000$ a aussi été infligée pour «dommages moraux collectifs». Léo Lins fait appel de cette décision, affirmant que son humour satirique est «mal compris» et revendique sa liberté artistique.
«L’humour c’est bordélique»
Sur Facebook, Mike Ward s’est porté à la défense de Lins. «On peut ne pas aimer ce qu’il a dit. On peut trouver ça mauvais, déplacé, de mauvais goût. On peut choisir de ne pas rire. Mais personne ne devrait aller en prison pour avoir offensé quelqu’un.»
«L’humour c’est bordélique, poursuit-il. C’est chaotique. C’est censé provoquer. C’est censé déranger. Et parfois, oui, ça dépasse les bornes. Mais si l’humour est obligé d’être propre, sage, formaté et approuvé par le gouvernement ou les tribunaux... alors ce n’est plus de l’humour.»

D’autres problèmes pour Lins
Reconnu pour son humour noir, Léo Lins est loin d’être un premier venu en humour. Il a commencé sa carrière dans le stand-up en 2005. Il a participé à plusieurs émissions de télévision et films, en plus d’avoir publié quelques livres.
En 2021, il a été condamné à payer 1200$ pour dommages moraux à la danseuse Thais Carla dans le cadre d’un procès qu’elle avait intenté contre lui pour grossophobie.
L’année d’après, il perdait sa collaboration sur l’émission The Noite après avoir fait une blague sur un enfant atteint d’hydrocéphalie.