Mike Ward, le parrain des «podcasts» d’humour
Lancé en 2011, «Mike Ward Sous écoute» a pavé la voie à de nombreux autres balados


Raphaël Gendron-Martin
«Sous écoute, c’est comme ce que faisaient les galas [Juste pour rire] avant. C’est quasiment une consécration. Quand tu fais un Sous écoute, ça envoie le message que ça marche. Puis quand tu fais un hit à Sous écoute, là, ça fait vendre des billets pour vrai.» Animateur du podcast d’humour francophone «le plus populaire au monde», Mike Ward est bien conscient d’avoir transformé son milieu.
Treize ans après sa création, Mike Ward Sous écoute est toujours aussi populaire. Le balado enregistre présentement une moyenne entre 1,2 et 1,4 million de visionnements par mois sur YouTube. À l’audio, sur différentes plateformes, ils sont entre 500 000 et 800 000 à l’écouter mensuellement.
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Sans surprise, Ward a vu le succès de Sous écoute se refléter directement sur ses ventes de billets pour ses spectacles solo dans les dernières années. «Pour Noir [en 2019 ], j’ai fait une prévente juste pour mes [abonnés sur la plateforme] Patreon. On a vendu quelque chose comme 8000 billets. Quelques jours après, j’ai payé de la pub à Occupation double et Tout le monde en parle et j’ai vendu [seulement] 1500 billets.»
«On a moins de monde qui nous écoute que Tout le monde en parle, mais nous autres, ce sont uniquement des fans d’humour, explique-t-il. C’est vraiment bon pour vendre des billets.»
«Quand j’ai sorti Noir, je me disais que je ne vendrais jamais autant de billets que ça parce que Sous écoute était à son pic. Mais là, pour mon nouveau show [Modeste], on a vendu 25 000 billets la première semaine et 50 000 en un mois. Avant, 50 000 billets, ça me prenait un an et demi à vendre.»
Différentes sources de revenus
En 2011, Mike Ward était seul à présenter un balado d’humour au Québec. Et pendant des années, l’humoriste a essayé de convaincre des collègues d’en lancer à leur tour. Pourquoi? Parce qu’il était tanné de devoir sans cesse expliquer aux gens ce qu’était un podcast! «Je me disais que si d'autres humoristes en lançaient eux aussi, les gens finiraient par comprendre!»
Aujourd’hui, selon différents sites, il y a entre 150 et 200 balados d’humour au Québec. «Chaque personne qui en a lancé un, j’ai dû lui dire huit fois de le faire!» blague Ward, qui accepte avec le sourire le sobriquet de «parrain des podcasts d’humour».
En 2018, Ward a décidé de lancer sa plateforme payante sur Patreon. Chaque mois, de nombreux abonnés – l’humoriste préfère ne pas dire combien – paient de 3$ à 18$ pour avoir du contenu exclusif de son balado. À ces revenus s’ajoutent ceux des commanditaires, des publicités, des ventes de billets pour la tournée et la marchandise de Sous écoute.
Garder son record
Financièrement, Mike Ward reconnaît qu’il pourrait vivre uniquement avec Sous écoute. L’an dernier, alors qu’il n’avait pas de spectacle de tournée, l’humoriste a vécu à 100% avec les revenus de son balado. Maintenant qu’il promène sa tournée Modeste dans tout le Québec, il prévoit que ses revenus pour 2024 proviendront à 50/50 de sa tournée et de Sous écoute.
L’humoriste préfère ne pas dévoiler précisément ses revenus pour Sous écoute, craignant que ce soit mal interprété. Même s’il est un des rares au Québec à faire de l’argent avec son balado, il rappelle ne pas avoir fait un sou pendant les sept premières années de Sous écoute.
Après avoir battu un record Guinness en présentant Sous écoute au Centre Bell devant plus de 21 000 personnes, Mike Ward aimerait retourner prochainement dans l’amphithéâtre du Canadien. Et si son record devait être battu – il croit que l’Américain Kill Tony le fera –, l’humoriste rêve déjà d’aller sur les plaines d’Abraham, à Québec, pour établir une nouvelle marque. «Dire qu’on va être 100 000 sur les plaines, le monde va trouver ça drôle. Un petit podcast du Québec qui est capable de battre tous les podcasts américains!»