Michèle Piuze remporte sa bataille contre le Collège des médecins

Nicolas Saillant | Le Journal de Québec
La propriétaire de la clinique esthétique MP Medic, Michèle Piuze, qui était accusée de pratique illégale de la médecine, a été blanchie des accusations qui pesaient contre elle, le tribunal estimant que les soins esthétiques comme le détatouage se retrouvent dans un « vide juridique » qui nécessite une intervention du législateur.
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C’est une victoire importante que vient d’obtenir la propriétaire de clinique esthétique au terme d’un long débat juridique qui ne s’est pas fait sans entraîner des conséquences financières et psychologiques.
En novembre 2018, une cliente s’était présentée à la clinique de Mme Piuze afin de se faire enlever un tatouage de fleur au bras.
Une première séance avait eu lieu, mais des « complications graves » étaient survenues à la suite du deuxième traitement, ce qui avait mené à une plainte au Collège des médecins. Cinq chefs d’exercice illégal de la médecine pour la séance de détatouage, mais également pour avoir exercé une activité réservée au médecin, avaient été déposés contre Mme Piuze.
Vide juridique
Or, devant le tribunal, Mme Piuze et ses avocats ont fait valoir que le Collège des médecins avait outrepassé son mandat et les règles qui définissent les soins esthétiques. Un argumentaire que la juge Sylvie Marcotte entérine dans son jugement. « Si le tribunal suit le cheminement du poursuivant, cela signifie que tant le tatouage que le détatouage sont invasifs [...] que penser des types de piercings qui traversent complètement la peau ? » est-il écrit.
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La juge demande alors « à quel moment un soin esthétique franchira-t-il la frontière pour atteindre l’exercice de la médecine ? », ajoutant que la mode est aux soins esthétiques. « D’autres vont prétendre que le tatouage est une activité réservée à la médecine », illustre la juge en défaisant l’argumentaire du Collège des médecins.
La juge a ainsi tranché qu’il était « déraisonnable » de penser que le tatouage et le détatouage étaient inclus par le législateur à titre de soins esthétiques réservés à la médecine. Le tribunal constate toutefois qu’il y a un vide juridique qui « laisse une pratique sans balise » et que « seule une intervention du législateur peut y remédier ».
Débat important
Michèle Piuze estime que son combat judiciaire était crucial pour l’ensemble des soins esthétiques, une industrie importante au Québec, mais la femme d’affaires s’est sentie bien seule dans ce combat.
« J’ai été démolie, ma confiance et le regard des autres m’ont affectée énormément », a-t-elle écrit dans un courriel.
« La juge a bien mentionné que le législateur n’a mis en place aucune loi en ce qui a trait à l’esthétique, le tatouage et le détatouage ou les technologies laser esthétiques et qu’ils ne relevaient pas de la santé, mais de la beauté ».
Ironiquement, la femme qui a perdu une clinique dans cette aventure coûteuse remarque que c’est une question financière et de chasse gardée qui a poussé le Collège des médecins à agir.
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