Procès de Michèle Piuze: le détatouage est-il un acte médical?
Nicolas Saillant | Journal de Québec
Accusé d’exercice illégal de la médecine, la propriétaire de la clinique esthétique MP Medic, Michèle Piuze, se défend des accusations en faisant valoir que le détatouage ne relève pas de la santé.
Est-ce que le détatouage est un acte médical? Voilà la «question de droit sérieuse» soulevée au procès qui s’est ouvert devant la Cour du Québec concernant la clinique esthétique de Michèle Piuze. Selon les procureurs de la femme d’affaires, le tatouage «échappe» au giron de la médecine, d’ailleurs, c’est la première fois que le Collège des médecins porte des accusations de pratique illégale de la médecine en lien avec des activités de détatouage.
Le syndic du CMQ qui a porté cinq chefs d’infraction contre Mme Piuze a cependant un avis bien différent. Une femme qui a porté plainte après avoir subi des «préjudices graves» suivant une séance de détatouage à la clinique MP Medic de la rue Maguire est venue raconter son expérience.
Brûlure au deuxième degré
La plaignante avait rencontré Mme Piuze une première fois en novembre 2018 pour faire disparaître un tatouage sur le bras droit à l’aide d’une technologie au laser. Or, après le traitement, la cliente s’était plainte de la dépigmentation de la peau.
Le deuxième passage de la plaignante a toutefois eu des conséquences plus importantes. Dès sa sortie de la clinique, des cloques d’eau sont apparues sur le bras de la dame là où un tatou de fleur apparaissait nécessitant un passage à l’urgence le jour même pour traiter des «brulures au deuxième degré».
C’est après ce deuxième rendez-vous de mai 2019 que la dame a fait une plainte au CMQ en raison des «complications graves». En contre-interrogatoire, l’avocate de Mme Puize a cependant fait ressortir que la plaignante s’était également rendue dans une autre clinque un mois à peine avant ce deuxième rendez-vous qui s’était aussi soldé par un rendez-vous à l’hôpital pour traiter des cloques d’eau.
C’est aussi devant l’insistance de cette plaignante pour recevoir un traitement malgré la réticence de Mme Piuze que cette dernière a finalement accepté de faire un traitement.
Client-enquêtrice
À la suite de cette plainte, l’enquêteur du CMQ a embauché une enquêtrice qui s’est fait passer pour une fausse cliente auprès de Mme Piuze. Cette cliente s’est informée afin de faire disparaitre un tatouage ainsi qu’une tache sur la joue.
La propriétaire de la clinique dit alors sous enregistrement, «j’irais peut-être voir un dermato».
Cinq infractions sont reprochées à Mme Piuze en plus d’avoir agi de manière à donner lieu de croire qu’elle était autorisée à exercer une activité professionnelle réservée au membre du CMQ, on lui reproche d’avoir «diagnostiqué» une maladie et «déterminer le traitement médical» approprié. Le procès se poursuit toute la semaine.