Drame dans Lanaudière: le harcèlement est un indicateur de risque, selon des experts

Laurent Lavoie
Les meurtres d’une femme et de deux enfants au Québec dans la dernière semaine constituent un rappel brutal d’être alerte face aux «drapeaux rouges» dans les relations où règne un climat de contrôle, plaident des intervenants.
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«Ça peut arriver partout. Il n’y a aucune communauté, aucune famille, aucun quartier, qui est protégé contre ce genre de situation», fait valoir Simon Lapierre, professeur de l’Université d’Ottawa spécialisé dans la violence familiale.
La semaine dernière, un Montréalais a été accusé du meurtre prémédité de sa femme, à Wickham, dans le Centre-du-Québec.
Puis, ce samedi, les autorités ont découvert qu’un homme avait arraché la vie à ses deux jeunes enfants, avant de se suicider, à Notre-Dame-des-Prairies, dans Lanaudière.
Ces tragédies braquent à nouveau les projecteurs sur les signes qui peuvent précéder ces actes irréparables, conviennent les intervenants interrogés par Le Journal.
- Écoutez Dre Suzanne Léveillée, psychologue spécialisée en homicides intrafamiliaux via QUB radio :
Pas de liberté
«Ce qu’on sait, c’est que les hommes qui commettent ces gestes habituellement ont des historiques de contrôle à l’endroit de leur conjointe, mentionne Simon Lapierre. Il faut être davantage à l’affût de ces indices, de ces drapeaux rouges.»
C’est qu’au-delà des sévices physiques, le partenaire veut s’assurer de créer une «dynamique» dans laquelle la victime «n’est plus libre», ajoute Claudine Thibaudeau, porte-parole pour SOS violence conjugale.
«Est-ce que je suis libre d’aller prendre un café avec une amie si je la rencontre à l’impromptu? Est-ce que je suis à l’aise?» cite-t-elle en exemple.
Plusieurs femmes vont également subir de l’abus après une séparation, mentionne Mme Thibaudeau.
«Le harcèlement, ça fait partie des indicateurs de risque d’homicides ou d’infanticides dans un contexte de violence conjugale, soulève la travailleuse sociale. Il faut agir pour protéger les victimes et protéger leurs enfants.»
Effet d’entraînement?
L’ex-enquêteur à la Sûreté du Québec Paul Laurier s’inquiète pour sa part que ces meurtres surviennent dans une aussi courte période, et qu’ils créent un effet d’entraînement.
Avec la forte médiatisation des événements, «ça peut amener à déclencher des gestes irréparables», souligne-t-il.
«Il faut qu’on en parle, mais pas juste d’une histoire. Il faut qu’on regarde les gens qui sont autour de nous. Il y a peut-être des gens qui ont besoin d’aide», ajoute Paul Laurier.
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