Meurtre de Patricia Sirois: un appel 911 qui glace le sang

Pierre-Paul Biron | Journal de Québec
«Ils étaient complètement traumatisés. Ils avaient le regard vide.» C’est dans ces mots lourds de sens que le premier policier intervenu le soir du meurtre de Patricia Sirois a décrit l’état dans lequel il a retrouvé les deux enfants de la victime que l’on entend dans un déchirant appel 911.
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Les bambins se trouvaient dans le siège arrière du Ford Edge de Patricia Sirois quand Martin Lévesque a fait feu. Les six balles ont atteint la mère de famille, la tuant sous le regard de sa fille de deux ans et son fils d’un an.


La voiture a continué son chemin pendant 900 mètres, jusqu’à ce qu’une autre voisine parvienne à l’arrêter. À son arrivée, l’agent Guillaume Belleau-Boutin n’a aucune idée du drame qui s’est joué.
Un appel est entré au 911, on y entendait des cris d’enfants, mais quand il s’approche de la voiture après avoir discuté avec la femme de Martin Lévesque, qui se trouvait tout près, le policier n’entend rien.
«J’ai vu les enfants, mais je n’avais pas entendu aucun cri, aucun pleur», a témoigné le policier, étouffé par l’émotion à ce moment précis.

«Ils étaient complètement traumatisés», ajoute l’agent, précisant s’être dirigés vers la petite en lui disant qu’il était la police. Sur la bande audio de l’appel 911 présenté en cour mercredi, on entend l’agent rassurer la petite.
«On est là pour t’aider ma belle.»
«Quand je lui ai dit ça, elle m’a tendu les bras comme si c’était mon propre enfant», a laissé tomber l’agent Belleau-Boutin, encore ébranlé.
Des cris à fendre l’âme
S’ils étaient tétanisés à l’arrivée du policier, l’appel 911 provenant de la voiture de Patricia Sirois présenté au jury permet de saisir la panique que ressentaient les deux enfants dans les moments suivant le meurtre de leur mère.
Dans une bande sonore qui arrache le cœur, on entend les deux enfants hurler de détresse pendant la quinzaine de minutes que dure l’appel.
«Quoi fait maman», dit la fillette dans ce qu’on comprend être les secondes suivant les coups de feu.


S’en suivent des cris de mort, entrecoupés de sanglots qui, à eux seuls, décrivent l’horreur de la scène qui se joue sous les yeux innocents des deux petits.
L’écoute de l’extrait a tiré des sanglots à trois ou quatre jurés, les autres étant tout aussi secoués, mais tentant du mieux qu’ils le pouvaient de retenir leurs larmes. Le juge François Huot a d’ailleurs décrété une pause après ce moment difficile du procès prévu pour 5 semaines.
Insultes de la femme du suspect
L’appel provenait du cellulaire de Patricia Sirois, connecté sur le Bluetooth de son véhicule. Si on n’entend jamais la victime, on entend la femme du tireur, Guylaine Laflamme, crier durant de longues minutes.
Intoxiquée selon la poursuite, la femme aurait essayé de stopper la voiture de la victime qui a continué de rouler à faible vitesse sur la rue Marlène et la rue Francine après les coups de feu.
Réclamant les policiers en insultant à de nombreuses reprises les répartiteurs d’urgence, Guylaine Laflamme hurle aussi après les enfants.
«Arrêtez de crier calice de tabarnak», l’entend-on crier sur l’extrait qui a évidemment arraché les larmes aux proches de la victime présents. Mme Laflamme a finalement été arrêtée plus tard ce soir-là pour entrave au travail des policiers et voies de fait, deux accusations pour lesquelles elle a plaidé coupable.
Et c’est finalement une autre voisine qui a réussi à stopper le véhicule.

Dans un calme remarquable pour les circonstances, elle réussit à apaiser les enfants.
«Tu es correct hein mon amour? [...] Ça va aller», lance d’un ton rassurant la femme, avant de poser un constat sans appel en jetant un coup d’œil vers Patricia Sirois.
«Elle est morte.»
Meurtre admis, culpabilité à prouver
Martin Lévesque a admis en ouverture de procès lundi avoir tiré les coups de feu mortels qui ont atteint Patricia Sirois. Les policiers qui ont témoigné mercredi ont précisé que l’homme avait également fait des aveux le soir du crime.
À ce moment, il affirmait que Patricia Sirois avait voulu heurter sa femme avec sa voiture.
«C’est moi qui ai tiré dessus parce qu’elle fonçait sur ma blonde. C’est moi le coupable», a-t-il lancé à la policière Audrey Leclerc, une hypothèse qui n’a jamais toutefois été démontrée selon les prétentions du procureur de la couronne, Me Matthieu Rochette.

Martin Lévesque plaidera plutôt la non-responsabilité criminelle pour troubles mentaux. La défense de l’ex-militaire affirme qu’il souffrirait d’un syndrome de stress post-traumatique lié à ses missions à l’étranger.