Meurtre de Guylaine Potvin: la défense questionne les limites de l'autopsie réalisée en 2000
Les avocates de Marc-André Grenon ont fait mercredi certains constats limitant selon elles l'analyse complète de l'expertise pathologique réalisée il y a presque 24 ans

Pierre-Paul Biron
La défense s’est attaquée mercredi aux limites de l’analyse que pouvait faire la pathologiste chargée d’expliquer les causes du décès et les blessures de Guylaine Potvin au procès de Marc-André Grenon, puisque ce n’est pas elle qui a réalisé l’autopsie il y a 24 ans.
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Comme expliqué lors de son témoignage mardi matin, la Dre Caroline Tanguay n’a pas procédé elle-même à l’autopsie de la jeune femme assassinée le 28 avril 2000.
C’est le pathologiste Claude Pothel qui avait à l’époque effectué l’analyse du corps. La Dre Tanguay ne lui a pas parlé en préparation de son témoignage, son travail d’experte se base donc uniquement sur les notes de son collègue, son rapport, ainsi que sur les photos de l’autopsie.

«Donc si le Dr Pothel manque un détail, vous, en date d’aujourd’hui, vous ne pouvez pas noter que c’est manquant», a demandé d’entrée de jeu au témoin l’avocate de la défense, Me Vanessa Pharand, ce à quoi la Dre Tanguay a dû acquiescer.
Même chose pour le rapport final rédigé sept mois après l’autopsie, un délai qui «augmente les chances d’un oubli dans ce qui est colligé» a fait remarquer la défense.
Confiante des conclusions
Plusieurs constats visant à relever les limites de l’opération vu le temps écoulé depuis l’autopsie initiale ont suivi en cours de contre-interrogatoire par la défense:
- La science pathologique a évidemment évolué depuis 24 ans.
- La comparaison des mesures exactes des blessures uniquement par les photos est approximative.
- Les lames histologiques utilisées pour analyser au microscope l’ampleur des lésions dans les tissus de Guylaine Potvin n’ont pas été réévaluées par la Dre Tanguay.
- Idem pour les prélèvements visant à identifier des spermatozoïdes sur le corps.
- Certaines dissections, notamment des poignets et des chevilles, n’ont pas été effectuées.
Malgré ces faits, la pathologiste a insisté avoir foi en les conclusions de son collègue Claude Pothel, conclusions qu’elle fait siennes 24 ans plus tard.
«Personnellement, je ne pense pas que l’autopsie est limitée en ce qui a trait aux conclusions avec les techniques qui ont été utilisées», a souligné la Dre Tanguay, mettant notamment l'accent sur les nombreux prélèvements effectués lors de l'autopsie, 14 au total.
Blessures
La défense s’est aussi concentrée sur les blessures de Guylaine Potvin, questionnant en long et en large la pathologiste sur leur ampleur et leurs causes possibles. Au niveau des blessures génitales, Me Pharand a notamment demandé au témoin si les saignements observés pouvaient résulter du fait que Guylaine Potvin était en période menstruelle au moment de son décès plutôt qu'à des lésions.

«Oui ça peut provenir de là, mais est-ce que toutes les sécrétions sanguinolentes viennent de là, ce n’est pas à moi de le dire», a expliqué la médecin, rappelant que des infiltrations de sang dans les tissus montraient des blessures.
L’avocate de Marc-André Grenon a aussi insisté sur l’absence de blessures au niveau des cuisses de la victime, laissant supposer que «rien n’indique qu’on a forcé l’ouverture [de ses] cuisses». Me Pharand a aussi soulevé la possibilité que certaines des blessures puissent dater d’avant l’agression ou que la victime se les soit infligées elle-même en luttant contre son agresseur.
Mardi, en interrogatoire, la pathologiste avait conclu qu’une combinaison d’une strangulation manuelle et d’une strangulation par lien, possiblement une ceinture, avait causé le décès de Guylaine Potvin.
Bourse retrouvée au centre de tri
Le témoignage de la Dre Tanguay s’est terminé au moment de la pause du dîner mercredi. La présentation du témoin suivant de la Couronne débutera en après-midi.
Il a d’ailleurs été admis par les parties en matinée qu’une bourse appartenant à Guylaine Potvin avait été retrouvée par une employée d’un centre de tri dans la semaine suivant sa mort. Des photos de son contenu ont été présentées au jury.

Une photo de la victime prise lors de son anniversaire quelques semaines avant le meurtre a aussi été déposée. On y voit une bague que portait la jeune femme à ce moment, mais qu’elle n’avait plus au moment de son autopsie.

Ces éléments devraient être abordés dans le cadre des prochains témoignages.
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