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L'article provient de Le Journal de Montréal
Justice et faits divers

Meurtre de Catherine Daviau: le tueur était un bandit de carrière

Depuis ses 18 ans, il enchaîne les condamnations criminelles

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Laurent Lavoie et Frédérique Giguère

2025-09-17T21:50:00Z
2025-09-18T01:08:49Z
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Grâce à des banques généalogiques, un multirécidiviste de crimes violents a été identifié par la police de Montréal comme l’auteur du meurtre sauvage de la jeune Catherine Daviau, survenu il y a presque 17 ans.

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Il s’agit de Jacques Bolduc, mort en détention à 60 ans, en 2021, pendant qu’il purgeait une peine à durée indéterminée.

Il avait été déclaré délinquant dangereux l'année précédente pour deux vols qualifiés et deux tentatives de meurtre par arme à feu à Montréal.

Bolduc avait déjà une feuille de route judiciaire très garnie qui remonte à la fin des années 1970 (voir encadré).

La police de Montréal a confirmé, mercredi, qu’une autre infraction pouvait maintenant s'ajouter à son palmarès: le meurtre sordide de Catherine Daviau, survenu le 11 décembre 2008.

Catherine Daviau
Catherine Daviau ARCHIVES JOURNAL DE MONTRÉAL

«Complètement gratuit»

La jeune femme de 26 ans vivait dans un appartement de la 5e Avenue, dans Rosemont, à Montréal.

Elle a été victime d’une agression sexuelle, avant d’être retrouvée ligotée dans son logement. Celui-ci a été incendié par le tueur, vraisemblablement dans le but de brouiller les pistes.

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• Écoutez aussi cet épisode balado tiré de l'émission de Mario Dumont, diffusée sur les plateformes QUB et simultanément sur le 99.5 FM Montréal :

«Elle ne devait pas mourir à cet âge-là, si jeune. C’était complètement gratuit. Personne ne peut être insensible à ça», a souligné au Journal Mélanie Dupont, cheffe de la Section des crimes majeurs du SPVM.

La police de Montréal a annoncé mercredi avoir identifié le meurtrier de Catherine Daviau, tuée en 2008. De gauche à droite : la commandante Mélanie Dupont, cheffe de la Section des crimes majeurs du SPVM, Suzanne Marchand, directrice générale principale du LSJML et Diane Séguin, directrice générale de la biologie au LSJML.
La police de Montréal a annoncé mercredi avoir identifié le meurtrier de Catherine Daviau, tuée en 2008. De gauche à droite : la commandante Mélanie Dupont, cheffe de la Section des crimes majeurs du SPVM, Suzanne Marchand, directrice générale principale du LSJML et Diane Séguin, directrice générale de la biologie au LSJML. Photo Laurent Lavoie

Dès lors, les policiers avaient trouvé le profil génétique de Jacques Bolduc à plusieurs endroits, sans être en mesure de l’identifier.

«Dans toute l’enquête, jamais on a eu Jacques Bolduc comme suspect dans le dossier», a affirmé la commandante Mélanie Dupont.

Les forces de l’ordre avaient néanmoins pu recueillir des informations cruciales.

Le parfum de Catherine avait été utilisé comme accélérant afin d'allumer l'incendie. Par ailleurs, il était connu que l'assassin fumait des Player's filtre, puisqu’un mégot avait été retrouvé dans l'appartement de Catherine.

L’enquête a piétiné jusqu’à l’automne 2024.

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Jacques Bolduc identifié par le SPVM le 19 septembre 2025 comme étant le meurtrier de Catherine Daviau à Montréal en 2008.
Jacques Bolduc identifié par le SPVM le 19 septembre 2025 comme étant le meurtrier de Catherine Daviau à Montréal en 2008. Photo fournie par le SPVM

Lors d’une vérification d’usage, le Laboratoire de sciences judiciaires et de médecine légale (LSJML) a pu croiser l’ADN trouvé sur la scène de crime avec celle d’une personne se trouvant dans la famille éloignée de Bolduc et qui était dans une banque généalogique.

Selon nos informations, les enquêteurs pourraient avoir envisagé de l'exhumer dans le but de valider son identité, mais il avait été incinéré à son décès.

«Ça a pris des personnes proches de M. Bolduc pour confirmer qu’il s’agissait de son profil», a expliqué au Journal Diane Séguin, directrice générale de la biologie au LSJML.

• Regardez aussi ce podcast vidéo tiré de l'émission de Benoit Dutrizac, diffusée sur les plateformes QUB et simultanément sur le 99.5 FM Montréal :

Voiture à vendre

Les enquêteurs ont découvert que le meurtrier était entré en contact avec la victime dans les jours précédant le crime pour acheter sa voiture, affichée dans les petites annonces. Bolduc ne s’était toutefois pas présenté à un rendez-vous prévu le 10 décembre.

«Est-ce qu'il l'a observée à ce moment-là? C’est une hypothèse [...] On sait aujourd’hui que le 11 décembre, il était là», a affirmé la commandante Mélanie Dupont.

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Le meurtrier était alors en libération conditionnelle et était logé dans une maison de transition, mais n’est jamais revenu ce soir-là.

Bolduc a finalement été arrêté deux jours plus tard en essayant de voler une voiture, à Sherbrooke.

Le logement de Rosemont où habitait Catherine Daviau, au moment du meurtre.
Le logement de Rosemont où habitait Catherine Daviau, au moment du meurtre. MARC PIGEON/JOURNAL DE MONTRÉAL/AGENCE QMI

L’homme qui a sauvagement assassiné Catherine Daviau en 2008 était un multirécidiviste violent qui a cumulé des peines totalisant au moins 48 ans... en 42 ans de vie adulte. En fait, dès qu’il a atteint la majorité, Jacques Bolduc a enchaîné les condamnations criminelles et a passé le plus clair de son temps en prison. Le Journal a préparé un aperçu de sa vie de criminel.

1979. Condamné à 16 ans de prison pour avoir tiré trois balles sur un chauffeur de taxi qu'il venait d'arrêter pour le voler.

1982. Il s’évade avec deux détenus à bord d’un camion du service correctionnel volé et commet un vol à main armée avant d’être arrêté. On ajoute trois ans à sa peine.

1987. Lors d’une permission de sortie, il séquestre cinq personnes, dont un enfant et tire deux coups de feu. Il écope de 12 ans de prison.

1998. Alors qu’il bénéficie d’une semi-liberté, on l’arrête pour vols qualifiés armés et séquestrations. Il planifiait en même temps un complot pour s’évader. Il reçoit une sentence de 16 ans.

2008. Alors qu’il est en liberté d’office dans une maison de transition, il commet des intrusions de nuit, des méfaits, des voies de fait en plus de posséder de la drogue. Il tente de voler deux véhicules, notamment en menaçant une victime avec un couteau. C’est pendant cette période qu’il tue Catherine Daviau.

2014. Il signe un engagement de ne pas troubler l’ordre public, communément appelé un «810», à la prison La Macaza, dans les Laurentides.

2017. En liberté, il commet deux vols à main armée en une douzaine d’heures à Montréal. Il tire sur une caissière de dépanneur pour la détrousser puis ouvre le feu sur un homme qui venait de refuser de lui remettre les clés de son véhicule et son portefeuille. Il purgeait depuis ce temps une peine de prison à durée indéterminée puisqu’il avait été déclaré délinquant dangereux. Son ADN devait être prélevé en 2020, mais en raison des délais causés par la pandémie, il est mort avant.

2021. Il décède de causes naturelles au pénitencier fédéral Archambault, à Sainte-Anne-des-Plaines.

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