Meurtre à Québec: Michel «Doune» Guérin savait que sa vie était menacée
L’ex-motard, assassiné lundi, avait été prévenu par la Sûreté du Québec la semaine dernière
Félix Séguin et Kathryne Lamontagne
Assassiné lundi à Québec, l’ancien motard Michel «Doune» Guérin a été informé la semaine dernière par les policiers que sa vie était menacée, a appris notre Bureau d’enquête.
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Selon nos informations, la Sûreté du Québec aurait rencontré Guérin, jeudi dernier, pour le mettre en garde contre d’éventuelles attaques sur sa personne.
«Il savait qu’il vivait sur du temps emprunté», explique une source, qui rappelle que dans les jours précédant le décès de Guérin, le commerce où il travaillait, Armoires PMM, avait été la cible d’un incendie.

Les policiers ont ainsi rempli leur «duty to warn», une expression dans le jargon qui désigne l’obligation morale qu’ont les forces de l’ordre d’aviser quelqu’un qui pourrait être visé par un acte criminel.
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L’ancien motard proche des Hells Angels n’aurait toutefois pas démontré son inquiétude, selon nos informateurs.
«Doune est solide, ça en prend beaucoup pour lui faire peur, c'est un vrai tough», expose une source qui n'est pas autorisée à parler aux médias.
«Mais il en a parlé à tout le monde autour de lui. Tout son entourage était au courant. Il devait être nerveux quand même», nuance une autre.
Cette mise en garde aura toutefois été vaine: Guérin a été criblé de balles dans une résidence de Charlesbourg, quelques jours plus tard.

Des suspects de Montréal
Les autorités auraient déjà une bonne idée des suspects dans cette affaire. Une des pistes envisagées est que des assassins auraient été envoyés de Montréal pour abattre leur cible.
Ce meurtre pourrait d'ailleurs être lié au conflit explosif qui oppose le trafiquant Dave «Pic» Turmel au Hells Angels Mathieu Pelletier, selon la thèse policière actuelle.
Notre Bureau d’enquête révélait cet automne que plusieurs événements violents survenus à Québec récemment découleraient du fait que des trafiquants indépendants ou reliés aux gangs de rue contestaient désormais l’autorité des Hells Angels.

Ils refuseraient de payer la taxe de 10% normalement versée au groupe criminalisé. Le chapitre de Québec est le seul de Hells Angels à louer des territoires de vente de drogue à des indépendants. Certains secteurs de la capitale se détaillent ainsi à 40 000$ par mois, a-t-on appris.
Visé par un mandat d’arrestation pour une série de crimes violents, «Pic» Turmel, 27 ans, serait en cavale à l’extérieur du pays.

D’autres avertissements
Il n’y a pas que Michel «Doune» Guérin qui aurait reçu des avertissements des autorités. Plusieurs autres caïds de Québec auraient été visités par les policiers au cours des dernières semaines.
La situation est telle que certains acteurs du milieu songeraient à préparer leur départ, nous a indiqué un informateur.