Mauvaise qualité de l’air à Québec: «On ne peut pas tolérer ça»
Il veut davantage de stations pour mesurer la qualité de l’air à Québec
Annabelle Blais | Bureau d'enquête
Le maire de Québec veut davantage de stations de surveillance de qualité de l’air et exhorte ses citoyens à remplacer rapidement leurs vieux poêles à bois afin d’améliorer la qualité de l’air de sa ville.
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Comme le révélait notre Bureau d’enquête dans notre dossier sur la pollution de l’air, la Ville de Québec traîne un bilan peu reluisant. L’analyse des données des stations de surveillance du ministère de l’Environnement montre que les concentrations de particules fines sont plus élevées à Québec qu’à Montréal, notamment.
La station située sur le terrain de l’école Les Primevères-Jouvence, à Québec, détient le triste record au Québec du nombre de jours où la qualité de l’air était mauvaise en raison des particules fines trop élevées (43), en 2021.

Un enjeu pour toute la ville
Le maire de Québec, Bruno Marchand, assure que la qualité de l’air est une priorité pour son administration.
«Et pas juste dans Limoilou, c’est enjeu partout dans la ville», dit-il en entrevue au Journal.
«La qualité de l’air à Québec s’améliore, mais pas suffisamment, il faut être meilleur et prendre des actions vigoureuses», dit-il. Il veut notamment augmenter le nombre de stations d’analyse de la qualité de l’air de façon permanente, et des discussions sont en cours avec le ministère à ce sujet.
Actuellement, le ministère compte huit stations à Québec, dont une nouvelle dans le secteur Maizerets, depuis quelques mois. La Ville a aussi installé trois stations temporaires dans le cadre d’une campagne d’échantillonnage qui a eu lieu l’automne dernier. Le Port de Québec fournira les données de ses deux stations. Les résultats seront diffusés en mars.

«Mais il en faut encore plus, plaide le maire. On a besoin d’avoir des données, ça permet d’avoir une capacité d’agir», insiste-t-il.
«Dans votre dossier, on voit la réalité à partir des stations identifiées, mais on n’a pas l’information aux endroits où il n’y a pas de station, qu’en est-il? Ce n’est pas parce qu’il n’y a pas de mesure que c’est bon», affirme-t-il.
«Il faut mesurer, mesurer et mesurer encore plus pour avoir un portrait dans l’ensemble de la ville», ajoute le maire Marchand. Combien? Il attend de voir les résultats de la première campagne d’échantillonnage et qui seront présentés aux citoyens en mars avant de se prononcer.
Il souhaite également que l’information soit plus facilement accessible aux citoyens. «Mon rêve, dans quelques mois ou quelques années, est qu’on aille un site web ou une application qui va nous permettre de voir par quartier qu’elle est la réalité avec la pollution de l’air.»
- Écoutez l'entrevue avec Bruno Marchand à l’émission de Philippe-Vincent Foisy diffusée chaque jour en direct 7 h 51 via QUB radio :
Des responsabilités à assumer
Bruno Marchand veut plus de prévisibilité. Par exemple, si les citoyens sont avisés quelques jours d’avance que la qualité de l’air sera mauvaise, ils seront ainsi plus à même de s’adapter et de réduire leur utilisation du poêle pour éviter d’empirer le smog.
Car si les industries et le Port de Québec doivent prendre leurs responsabilités – et le maire assure qu’il fera un suivi serré –, M. Marchand rappelle que les citoyens ont aussi un rôle à jouer pour améliorer la qualité de l’air.
Les poêles à bois sont responsables des nombreux jours de mauvaise qualité de l’air à la station Primevères située dans un quartier résidentiel. Selon le maire, la ville de Québec compte entre 5000 et 8000 poêles non conformes.

«Il y a des politiciens qui ont dit: bon, le maire essaie de remettre ça dans la cour des citoyens... On ne peut pas dire que c’est la faute des citoyens, mais on a une responsabilité, insiste-t-il. Quand on a un poêle non conforme, on ne peut pas dire qu’on n’a pas d’impact sur la qualité de l’air.»
Actuellement, la Ville subventionne 90% du coût de remplacement des appareils de chauffage au bois jusqu'à un montant maximal de 1000$. D’ici 2026, tous les poêles à bois devront être conformes. Il n’écarte pas la possibilité d’augmenter la subvention ou de resserrer le règlement pour accélérer cette transition.
«Quand on regarde la quantité de mauvaises journées dans la région de Québec par rapport à d’autres comme Montréal, on ne peut pas tolérer ça. On doit travailler sur l’ensemble des éléments, et les citoyens ont du pouvoir», dit le maire.
«On ne peut pas se dire que c’est juste la faute des autres; on a tous une capacité d’améliorer la qualité de l’air, et je pense que ça préoccupe grandement les gens et je pense que les gens ont envie d’agir.»