Mary Spencer doit s'avouer vaincue


Ian Gauthier
Opposée à une machine de boxe que rien ne semble arrêter, la Canadienne Mary Spencer a dû s’avouer vaincue par décision unanime devant l’Américaine Mikaela Mayer, jeudi soir, au Casino de Montréal.
Mayer met ainsi la main sur les titres mondiaux WBA, WBC et WBO des super-mi-moyennes dans ce qui était l’un des plus importants combats de boxe féminine à être tenus au Québec.
L’Américaine devient également championne du monde dans une troisième catégorie différente.
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Connue pour sa puissance, Spencer (10-3-0, 6 K.-O.), protégée du promoteur Eye of the Tiger Management (EOTTM), attendait Mayer de pied ferme. Sa rivale, qui boxait à 151 livres pour la première fois de sa carrière, voulait d’ailleurs encaisser la force de l’Ontarienne tôt dans le combat afin de savoir à quoi s’en tenir.
À l’évidence, la championne de 35 ans a vite compris qu’elle pouvait tenir le coup devant Spencer, qu’elle s’est rapidement mise à matraquer.
«Elle a de la puissance, je pouvais sentir sa grosseur par rapport aux catégories plus basses», a admis Mayer, après le combat.
«La différence, c'est que dans les catégories plus petites, il y a beaucoup de coups, de volume, a-t-elle poursuivi. Quand elle laissait partir un coup, il y avait de la puissance derrière [...] quand elle frappait, je devais m'assurer que mes mains étaient hautes. Et elle m'a atteint quelques fois, mais grâce à ma condition physique, j'ai toujours été capable de prendre des coups.»
Round après round, le volume de coups de Mayer (22-2-0, 5 K.-O.), une athlète réputée pour être infatigable, était supérieur à celui de Spencer qui, à l’inverse, a montré des signes de fatigue grandissants dans la deuxième moitié du combat.
«Elle a manqué de jus, clairement», a observé le grand patron d’Eye of the Tiger Management, Camille Estephan.
«Elle manquait d'énergie, a-t-il insisté. Et avec une fille comme Mayer, qui travaille sans cesse, qui n'arrête pas de garrocher des canons, c'est fatigant. Elle met beaucoup de pression, c'est la clé. Pour moi, on gagnait le combat si on l'arrêtait dans les cinq premiers rounds. Sinon, les chances qu'on perde étaient plus grandes.»
Mayer a finalement réussi à ébranler Spencer vers la fin du neuvième round, au point où plusieurs ont cru que la boxeuse de 40 ans allait peut-être se faire stopper pour la première fois de sa carrière professionnelle.
Il n’en fut rien, mais une fois le combat terminé, il était clair que Mayer avait gagné.
Les juges ont remis des cartes de 98-92, 98-92 et 100-90, toutes en faveur de la championne américaine.
Il s’agit d’une troisième défaite pour Spencer en combat de championnat du monde. Mais il n’y a pas de honte, a assuré Estephan.
«On a l'opportunité, on l'essaie, a-t-il rappelé. On a essayé, il y avait trois ceintures en jeu. Elle a perdu contre Mikaela Mayer, qui est une super vedette. Il n'y a pas de gêne là-dedans. On est déçus. La probabilité qu'on gagne était peut-être de 30% ? On pensait que Mary avait la puissance pour lui faire mal. Si elle avait eu l'énergie pour y aller avec des contre-attaques, elle aurait peut-être pu gagner ce combat-là.»
Mathieu passe le test
Shakeel Phinn devait représenter le plus important test de la jeune carrière du talentueux Wilkens Mathieu, jeudi soir au Casino de Montréal, et c’est ce que le boxeur de Brossard lui a offert.
Mis à l’épreuve plus d’une fois par le vétéran Phinn, Mathieu l’a néanmoins emporté par décision unanime devant un public majoritairement vendu à sa cause.

L'énoncé de Biyarslanov
L’Ontarien Arthur Biyarslanov (20-0-0, 16 K.-O.) avait toute une commande sur les bras en affrontant l’ancien champion du monde Sergey Lipinets, jeudi soir, en sous-carte du gala mettant en vedette Mary Spencer et Mikaela Mayer au Casino de Montréal.
Précis et irrépressible, le gaucher d’origine russe, protégé d’Eye of the Tiger Management, a démontré pourquoi il est considéré comme l’un des meilleurs boxeurs de 140 livres au pays en donnant beaucoup de fil à retordre à Lipinets (18-5-1, 13 K.-O.), qui avait perdu trois de ses cinq derniers combats.
Déclaré vainqueur par décision unanime, Biyarslanov a laissé son adversaire tuméfié et en sang pour conserver son titre North American Boxing Federation (NABF) des super-légers.
Il s’agit d’une véritable démonstration de force pour Biyarslanov, puisque Lipinets, qui a visité le tapis à la fin du troisième round, est considéré comme un «gatekeeper», ou adversaire de référence, dans la catégorie.

Unal expéditif
Le Montréalais d’origine turque Mehmet Unal (14-0-0, 12 K.-O.) a amorcé en force son duel contre le Letton Ralfs Vilcans (18-3-0, 7 K.-O.), qui en a eu plein les bras dès le premier son de cloche jusqu’à ce qu’une énorme droite de son rival l’étale dans les cordes à 2:44 du même round.
Unal conserve ainsi sa ceinture WBC continentale des mi-lourds.
Guerrero par décision
Au terme d’une lutte serrée qui n’a pris son erre d’aller qu’à mi-chemin dans le combat, le Montréalais d’origine mexicaine Christopher Guerrero (16-0-0, 9 K.-O.) s’est imposé par décision unanime devant l’Argentin Williams Andres Herrera (17-5-0, 7 K.-O.), qui ne lui a toutefois pas fait de cadeau.
Herrera a même énervé le favori de la foule en le frappant après la cloche au terme du cinquième round. Quelques gestes et mots doux ont été échangés mais la bagarre a repris à la régulière par la suite. Guerrero a également été secoué par un coup sous la ceinture au dernier round, mais s’est ressaisi pour terminer le travail. Les juges ont remis des cartes de 97-97, 99-91 et 98-92 en sa faveur. Il conserve ainsi sa ceinture WBC continentale des mi-moyens.

Chabot plie
À son premier combat en plus d’un an, Thomas Chabot a été convié à une guerre par son adversaire, le Britanno-colombien Logan Clouthier. Au jeu des bombes, c’est le visiteur qui a eu le dessus : Chabot a posé le genou par terre deux fois au cinquième round après avoir été atteint au corps.
Relevé par son courage et les cris du public, Chabot est reparti à la guerre au round suivant. Forcé de coucher son adversaire pour l’emporter, le boxeur de Thetford Mines a tout donné, sans succès.
Clouthier l’a emporté par décision unanime. Il s'agit d'une première défaite chez les pros pour Chabot.
Israyelyan, de justesse
Dans le premier combat de la soirée, Erik Israyelyan, qui a déjà un autre combat à l’horaire le 13 novembre prochain, espérait sans doute en finir rapidement avec l’Albertain Dylan Schroeder, mais ce dernier n’avait pas fait le voyage à Montréal pour venir se coucher après quelques échanges.
Le Montréalais d’origine arménienne a tenté de laisser parler sa puissance, en vain. Le protégé d’EOTTM en a cependant tout juste assez fait pour mériter une victoire par décision partagée.
