Marie-Victorin : pas de colère envers la CAQ

Joseph Facal
La CAQ remporte certes une impressionnante victoire, mais le PQ finit à un deuxième rang fort respectable.
Quand une élection partielle est la seule avant l’élection générale, elle impose souvent une perception qui dure jusqu’au scrutin.
Qui a le momentum ? Qui est en panne ? Qui a le vent dans les voiles ? Qui patine dans la gadoue ?
Ayoye
De ce point de vue, le résultat est proprement catastrophique pour le PLQ. Le Québec francophone est devenu un terrain hostile pour lui.
Dans Marie-Victorin, il n’y avait même pas un électeur sur dix pour l’appuyer. Plus que jamais, le PLQ est la créature des anglophones et des allophones.
Pour QS, il s’agissait de voir s’il pouvait se poser avec crédibilité en principal parti d’opposition au gouvernement. Pas vraiment.
Pour le Parti conservateur, il s’agissait de voir la force hors de la région de Québec de cette vague illustrée par les sondages. Rien pour écrire à sa mère.
La CAQ, elle, affrontait les électeurs pour la première fois depuis le début de la pandémie. Elle y a mis le paquet. Tous les ministres furent conscrits.
La dernière semaine avait été extrêmement difficile pour le gouvernement. Y aurait-il un prix à payer pour l’hécatombe dans les CHSLD ?
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Les électeurs avaient donc l’occasion de passer un message. On a vu : pas de grosse colère, tout le contraire.
Le PQ, lui, était carrément donné pour mort par beaucoup. La dernière messe avait été dite.
Or, le résultat d’hier soir n’est pas du tout catastrophique, même s’il est décevant.
Il est décevant parce que le PQ, tant qu’à devoir aller au bâton dans une élection partielle, ne pouvait espérer des circonstances plus favorables.
Marie-Victorin fut longtemps une forteresse péquiste, et le PQ y présentait cette fois un candidat de qualité et fort connu dans la région.
Malgré cette défaite, il reste que la truite péquiste sautille encore dans le fond de la chaloupe et qu’il n’en tient qu’aux électeurs de la remettre à l’eau.
Évidemment, quand un parti va mal, on pointe inévitablement du doigt le chef. C’est doublement injuste ici.
D’une part, parce qu’il est injuste de comparer M. St-Pierre Plamondon aux géants qui l’ont précédé à une époque où la souveraineté semblait si proche que le parti attirait les plus brillants de ceux qui épousaient cette cause.
D’autre part, parce que le chef actuel hérite d’une situation dont il n’est pas l’artisan.
Ce n’est pas le véhicule, mais la destination proposée qui pose un problème à de nombreux Québécois et qui doit être remise à l’avant-plan.
Solidité
Cette élection, me semble-t-il, ne change pas la dynamique de fond.
Il faudrait un invraisemblable concours de circonstances pour que le gouvernement Legault ne soit pas réélu cet automne, même si les écarts entre les formations vont se resserrer.
Cette certitude généralisée qu’il sera réélu sera d’ailleurs un risque qu’il devra gérer. En politique, l’excès de confiance est souvent votre pire ennemi.