Marie Tifo de retour à l’écran après cinq ans d’absence
"Corbeaux" sera disponible sur illico+ dès le 5 décembre prochain

Marjolaine Simard
Cela faisait plusieurs années qu’on ne voyait plus Marie Tifo sur nos écrans. Elle fait aujourd'hui son grand retour dans le suspense policier Corbeaux. Elle nous parle avec enthousiasme de Murielle, un personnage qu’elle a eu un plaisir immense à jouer. Dans cet entretien, elle évoque également son récent accident de vélo, qui l’a contrainte à l’immobilité. Une épreuve qui, selon elle, lui a permis de découvrir la solidarité de sa communauté et la force de l’amour de ceux qui l’entourent.
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Marie, j'aimerais que vous me parliez de Murielle, votre personnage dans la nouvelle série Corbeaux...
C'est une femme profondément marquée par la vie. Elle est hospitalisée, car elle souffre d'alzheimer. Sa relation avec sa fille, l’enquêtrice Gabrielle, interprétée par Mylène Mackay, est empreinte de tendresse. Avec le réalisateur Stéphane Lapointe, nous avons choisi de la situer à mi-chemin de sa maladie, ce qui lui permet encore de reconnaître sa fille. On comprend qu’un événement tragique les a bouleversées et on va découvrir tranquillement ce qui leur est arrivé. Gabrielle, elle a quitté son emploi sur la Côte-Nord pour venir travailler à Lévis dans le but de se rapprocher de sa mère de qui elle est très proche.
Ce personnage marque votre retour à l’écran après un long moment...
On ne m'a pas vue depuis la série O’. Avec la pandémie, je me suis éloignée du milieu. Physiquement aussi, puisque je vis maintenant à North Hatley. Du coup, pour revenir, il me faut un projet vraiment intéressant et pas trop long. Si j'ai eu envie d'accepter ce rôle dans Corbeaux, c’est d'abord parce que j’admire le réalisateur Stéphane Lapointe. Puis j'avais vraiment envie de jouer avec Mylène Mackay. Et le scénario me captivait. Il est sombre et près du récit d’horreur. Le simple fait de me retrouver sur ce plateau, avec cette équipe, m'a rendue tellement heureuse!
Vous ne souhaitez plus vous impliquer dans des séries de longue haleine?
Quand j'ai interprété Jacqueline O'Hara dans O', ç’a été extrêmement exigeant! J'y ai consacré 10 ans de ma vie, avec des périodes de tournage intenses où je partais de chez moi à 4h30 du matin pour revenir à 20h le soir. Je ne dirais pas que ça m'a usée, mais à la fin, j'étais épuisée.
Parlez-moi du lac Massawippi. Je crois qu’il est important à vos yeux...
Mon lac, je le vois moins depuis quelques mois. Il y a quatre mois, j'ai eu un accident de vélo. Je me suis fracturé le bassin, ce qui m'a laissée en fauteuil roulant. J'ai eu très peur, car pendant trois mois, rien n’évoluait. Heureusement, j’ai repris un peu la forme: depuis 15 jours, je vois enfin des progrès. J'ai moins de douleurs et je peux me mettre un peu debout. Ça va de mieux en mieux!
Il y a un an environ, on vous a diagnostiqué un cancer de la gencive qui semble aujourd’hui résolu... Ça fait beaucoup d’ennuis de santé en peu de temps.
Ç’a été une année vraiment intense! Le cancer, ça s’est réglé en 15 jours grâce à une chirurgie: merci, bonsoir! Mais là, c'est épouvantable. Cela dit, dans ma communauté, les gens sont incroyablement solidaires. J’ai des voisines qui viennent promener mon chien le matin, et lorsque Pierre est à Montréal pour le travail, elles viennent me préparer à manger. Et mon fils Jérémy vient me garder. (rires) Il refuse de partir tant que Pierre n'est pas revenu. Franchement, je suis gâtée!
Vous avez souffert d’une malformation à la hanche étant petite. Vous avez porté un plâtre sur presque tout le corps de l’âge de deux à six ans. Votre condition doit vous rappeler cette période de votre vie...
C’est la même hanche, en plus! Effectivement, le fait de me retrouver immobilisée à nouveau 70 ans plus tard m’a vraiment frappée. C’est sûr que cette épreuve m’a permis de voir l’amour inconditionnel de mon amoureux, qui est devenu du jour au lendemain un proche aidant. Il est là pour m’aider à me coucher, à prendre mon bain...
Vous racontiez qu’enfant, votre condition rendait difficile le contact avec les autres enfants...
En effet, à cause de mon plâtre et ensuite à cause de mon système immunitaire, je ne suis pas allée à l'école avant la troisième année. J’attrapais toutes les maladies. Je n'avais pas développé d'anticorps comme les autres enfants. Quand je suis enfin entrée à l'école, j'étais hyper agitée. C'était le grand déchaînement, le gros fun! J'étais tellement heureuse de pouvoir enfin y être.
Cette enfance particulière vous a également amenée à développer un grand amour pour les chiens.
Ils ont été mes premiers amis. Toute ma vie, j'ai eu des chiens. Ma chienne Rosette a un an et demi maintenant. Elle est belle comme un cœur. Elle est très gentille. Mais elle aussi, elle a eu un petit choc, parce que sa Marie ne va plus la promener tous les matins au bord du lac comme avant.
Lorsque vous étiez enfant, vos parents étaient, paraît-il, de grands amoureux. Diriez-vous que cette image de l'amour s'est perpétuée dans votre relation qui dure depuis plus de 40 ans avec Pierre Curzi?
Effectivement, ma sœur et moi avons eu un bel exemple de ce qu’est l’amour. Jusqu'à la fin, mes parents étaient profondément attentifs l'un à l'autre. Mon père, ce n'était pas un homme comme ceux de sa génération. Il était très attentionné. Il aidait à la maison et lavait la vaisselle. Vraiment, nous avons eu un papa qui prenait soin de nous.
Est-ce vrai que vous aviez une mère originale?
Ma mère était totalement différente des autres. Elle s’habillait toujours de façon incroyable, avec des couleurs vives et des chapeaux. On aurait dit un personnage. D’elle, j'ai gardé cet amour pour la «guenille». Ma mère cousait mes vêtements. Elle créait des robes magnifiques! Mais moi, à l’époque, je voulais porter des robes comme les autres filles. Notre mère nous a inculqué l'art du beau. Même si mes parents n'étaient pas riches, mon père fabriquait tout de ses mains, et ma mère avait un goût exceptionnel. À la maison, c'était comme un décor de théâtre. Ma sœur et moi, ça nous gênait parfois. Mais avec le temps, tu réalises: «Non, c'était elle qui avait raison!»
Comment décririez-vous le coup de foudre que vous avez eu pour Pierre Curzi sur le plateau de tournage du film Lucien Brouillard au début des années 1980?
C'est comme si c'était thermique. Tout à coup, tu perds la notion du temps. Il n'y a plus que la personne qui est là. C'est un moment où ton cœur bat, mais d’une manière presque irréelle. C’est quelque chose d’impalpable. C'est un peu du domaine de la fièvre, comme si, soudainement, un gros plan venait te chercher et qu'on allait jusqu'à l'intérieur de ton âme.
Diriez-vous que vous êtes fière de votre famille reconstituée avec Pierre Curzi?
C’est ma plus grande fierté! Mon fils Jérémy, les enfants de Pierre, Mélissa et Alexandre, et nos petits-enfants, on se retrouve dès qu’on le peut. D’ailleurs, l’été dernier, on est partis en famille en Toscane. On a loué une maison pour l'occasion. On aime privilégier les grands moments, les moments forts!