Défaite électorale: Marie-Josée Savard n’est «pas amère»


Dominique Lelièvre
Marie-Josée Savard «va bien», même s’il y a «une petite blessure qui reste», 10 jours après sa défaite déchirante à la mairie. Elle ne regrette rien de sa campagne.
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L’ex-numéro deux de la Ville s’est confiée à quelques médias triés sur le volet, mercredi, rompant un silence qui durait depuis le discours de «victoire» qu’elle avait donné le 7 novembre avant la remontée de Bruno Marchand.
Ce qui lui a fait mal, bien plus que de perdre, est l’impression de faire «subir» la défaite aux gens qu’elle aime.
«C’est la façon dont ça s’est passé. Pendant un certain moment, j’ai eu l’impression qu’on m’a pris le cœur et qu’on l’avait mis sur le comptoir», a-t-elle expliqué dans une entrevue accordée à la station Radio X.

Prononcer son discours en mi-soirée était une «décision d’équipe», a-t-elle précisé, rejetant les critiques selon lesquelles elle est sortie trop tôt.
«En bout de ligne, même si je n’étais pas sortie, la seule différence, c’est que vous auriez moins partagé ma souffrance, mais la souffrance aurait été la même.»
«Fière»
En dehors de cette soirée crève-cœur, elle est «fière» de sa campagne électorale et ne changerait rien si c’était à refaire. «C’est une campagne qui me ressemblait et c’est ce que je voulais.»
La dauphine de Régis Labeaume avoue avoir éprouvé de la colère le soir de l’élection, même si elle sait qu’il n’y avait pas de «mauvaise foi» de la part des réseaux qui l’ont déclarée mairesse par erreur.
Elle a ensuite senti le besoin de «faire le vide autour d’elle» et n’a pas consulté les nouvelles pendant une semaine.
Un poids s’est enlevé de ses épaules quand Claude Villeneuve, qui a «toute [sa] confiance», est devenu chef de son parti. Elle a dit à son équipe qu’elle n’allait pas jouer à la «belle-mère», mais qu’elle fournirait toute l’aide nécessaire.
Encore blessée
Aujourd’hui, elle se sent «guérie à 99%» et n’est «pas amère». «Je suis très zen, mais c’est ça, il y a une petite blessure qui reste encore», a-t-elle résumé en ondes.
Si elle est sortie de son mutisme, c’est pour «que les gens comprennent que je vais bien, que, moi, la défaite, ça faisait partie des scénarios possibles — chaque fois qu’on se lance dans une campagne, on est prêt à ça —, mais que l’événement en tant que tel a fait que j’ai eu besoin de prendre un petit moment», a brièvement exprimé Mme Savard quand Le Journal l’a approchée à la sortie de son entrevue radiophonique.
Pour la suite des choses, elle se dit prête à relever de «nouveaux défis», mais se montre réticente à tout retour en politique.
Mme Savard a décliné notre demande d’entrevue.
Une défaite difficile à avaler
«Je voulais sortir de ce mutisme-là, parce que je ne veux pas que les gens pensent que je suis en petite boule dans le coin de ma maison, bien au contraire. [...] Je me dis que ça va peut-être aider des gens à reprendre contact avec moi, aussi, parce qu’il y en a qui n’osaient pas, avec raison: je me mets à leur place, c’est malaisant.»
«Moi, jouer l’ex aigrie, ça ne me tente pas.»
«[M. Marchand] a gagné avec 800 votes, j’ai 10 collègues qui sont élus, je veux dire, ce n’est pas gênant. En bout de ligne, oui, j’ai perdu, mais je suis quand même très fière et je continue à dire que je suis fière de la campagne qu’on a faite.»
«Ce n’était même pas la peine que, moi, j’avais, c’était la peine que j’avais envers toute ma famille, mes amis. Ma petite Rosalie, 15 ans, elle comprenait ce qui se passait. Elle a pleuré pendant une heure et demie de temps. Ce n’était pas parce que sa mère n’était pas mairesse, c’est parce qu’elle savait que sa mère avait mal en tabarouette.»
«Je me connais. Je sais que je suis quelqu’un qui peut se relever rapidement. [...] Je mets un genou à terre, puis je me relève. Je sais ce dont j’ai besoin pour me relever et je savais que ce dont j’avais besoin, c’était de faire le vide autour de moi.»
«Pour moi, être candidate, la mairie, c’était comme la dernière étape, dans le sens où je ne me voyais pas aller au provincial ou au fédéral, et je suis encore à la même place.»
*Extraits tirés de l’entrevue de Marie-Josée Savard à l’antenne de CHOI 98,1