Marie-Eve Janvier: un été de réflexions, inspirées par Maripier Morin
«Les filles du lunch» du lundi au jeudi de 11 h 30 à 13 h sur les ondes de Rythme FM
Marjolaine Simard
L’été de ses 40 ans a marqué un tournant pour Marie-Eve Janvier. Pour une rare fois, elle s’est offert une saison de recul, loin des horaires chargés et des projecteurs. Dans ce face-à-face avec elle-même, des certitudes se sont effritées et de nouvelles forces ont émergé. De retour derrière le micro des Filles du lunch à Rythme FM elle a ouvert son cœur à sa complice Maripier Morin, partageant avec émotion les réflexions, les doutes et les élans nés de cet été pas comme les autres. Rencontre avec une femme qui apprend à s’accueillir pleinement et à embrasser l’avenir différemment.
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On peut déjà dire que c’est un beau début de saison à Les filles du lunch...
Se retrouver après l’été, ç’a été vraiment émouvant. On ne s’était presque pas vues, Maripier et moi. Elle était hyper occupée et moi, j’ai pris ça très relax. Ces pauses font du bien, parce qu’au moment des retrouvailles, tu prends la vraie mesure de ta relation. On était super contentes, et on avait mille histoires à partager.
Dès le début de la saison, tu es revenue sur ton été. Un été pas toujours facile et chargé de remises en question et de découverte de soi ...
Je suis un «non-dit» sur deux pattes, et ça, depuis des années. Cet été, j’ai réalisé que c’était moi qui m’imposais ça, personne d’autre. Je voulais tellement incarner l’image de la bonne fille que je me suis mise toute seule dans ce carcan. Aujourd’hui, j’apprends que j’ai le droit d’être moins lisse et de parfois même décevoir. C’est inconfortable mais nécessaire. Je suis vraiment dans ce processus. La vulnérabilité, j'ai longtemps eu le réflexe de ne pas plonger dedans et de ne pas la montrer. Je voyais ça comme une faiblesse. Et là, j’ai réalisé que la quarantaine m’amenait une prise de conscience. Ma lunette a changé de bord. Je vois la vulnérabilité comme une immense force. Depuis que j'ouvre cette valve-là, ma vie prend une nouvelle tangente. Je crois que Maripier a beaucoup contribué à ces prises de conscience.
Comment Maripier a-t-elle influencé cette transformation?
Maripier, c’est une accompagnatrice incroyable, parce qu’elle est sans filtre. Quand on a été réunies, on avait chacune une image préconçue de l’autre, et on a passé plusieurs semaines en ondes à déconstruire ces perceptions. C’est vraiment sous le regard du public qu’on s’est apprivoisées et qu’on a appris à se connaître. On se ressemble sur certains aspects, mais on est aussi très différentes. Je la vois un peu comme une petite sœur téméraire qui franchit les lignes et bouscule les règles. Moi, j’ai toujours essayé de les suivre... et elle est arrivée en disant: «Écrivons nos propres règles!» Cette façon de foncer m’a profondément inspirée. Ça m’a donné le carburant dont j’avais besoin pour avancer. On s’apporte énormément l’une l’autre, et j’ai l’impression qu’on s’est trouvées exactement au bon moment de nos vies.
Pourquoi ces remises en question se sont-elles présentées l’été dernier, plutôt que les précédents?
Outre ma rencontre avec Maripier, je pense que j’ai longtemps repoussé cette introspection parce que j’avais toujours de la broue dans le toupet, un projet après l’autre. C’est correct de carburer à ce rythme-là... jusqu’au jour où tout s’arrête pour la première fois depuis des lunes. Là, tu te retrouves seule avec toi-même et tu n’as plus le choix de prendre le pouls de ce qui se passe à l’intérieur. Cet été, j’étais à la maison avec un rythme beaucoup plus lent. La lenteur m’effraie toujours un peu. Au début, j’ai tenté de redémarrer la machine en trouvant des projets, en lançant des idées... Mais rien n’arrivait. Comme si la vie m’envoyait un message clair: «Arrête-toi!» Ça m’a déstabilisée, ça m’a même rendue inconfortable. Mais j’ai vite compris que c’était nécessaire.
Est-ce que tu as fini par apprivoiser ce «vide» momentané?
Oui, et ça m’a fait un bien fou. J’ai exploré de nouvelles choses, profité de vrais moments avec mes amis, avec des 5 à 7 et des sorties. J’ai beaucoup lu aussi. Un ami m’a suggéré de rencontrer une sorte de psychothérapeute qui utilise différentes approches. Il y a même un petit côté ésotérique dans sa démarche... et je dois dire que j’aime ça! (rires) Finalement, j’ai adoré mon été. Ç’a été épeurant et confrontant au début, mais au bout du compte, ç’a été très, très bénéfique.

Pourrait-on dire que tu en es sortie plus solide?
Absolument! Je pense que c’est souvent ce qui arrive à 40 ans. Tu ressens ce besoin de faire une mise à jour et de te demander: «Est-ce que je suis en phase avec la femme que je suis aujourd’hui? Est-ce que je suis celle que j’ai envie d’être? Qu’est-ce que je veux changer? Où est-ce que je m’en vais?» Cette réflexion était nécessaire, et elle va assurément teinter toute la prochaine moitié de ma vie.
Tu as participé à Si on s’aimait Célébrités avec ton amoureux, en tant que couple témoin. Penses-tu que des participantes comme Sophie Bourgeois ou Joanie Guérin, qui ont su toucher le public par leur vulnérabilité et leur force, ont influencé tes propres prises de conscience?
Je pense que oui, et peut-être même que ça avait commencé un peu avant... Mais en les regardant évoluer sous nos yeux, quelque chose s’est ouvert en moi. Ce qui m’a le plus impressionnée, c’est de me voir réagir. Je me revois émue, en larmes parfois. Je me revois crier devant certaines situations ou donner une opinion très ferme sur certains comportements. Avant, jamais je ne me serais laissée aller comme ça, surtout pas à la télé.
Est-ce que cette expérience et les changements vécus cet été vont influencer ta façon d’animer?
C’est drôle, parce que Maripier m’a déjà répété plusieurs fois: «Hey, je l’aime, la nouvelle Marie-Eve!»
Qu’as-tu découvert en faisant tous ces bilans?
Que j’ai été très choyée par la vie. Pendant longtemps, le téléphone sonnait, on me proposait des projets et je disais souvent: «J’embarque!» Mais ces derniers mois, j’ai appris à provoquer les choses moi-même. J’ai envie de me mouiller, d’oser et de créer des occasions, même dans des secteurs où on ne m’attend pas. J’ai vraiment le goût de ça pour la prochaine décennie.
Justement, tu nous as offert un bel exemple de défi où on ne t’attendait pas en participant à un des Grands Bien-cuits ComediHa! Celui de Garou. Tu es montée sur scène pour le griller...
C’était tellement le fun, j’ai capoté! Honnêtement, c’était dans la liste des choses que je ne pensais jamais faire. Avant, j’aurais eu bien trop peur. Mais là, j’ai lâché prise. J’étais là pour m’amuser. Et ç’a été un buzz incroyable, un boost d’adrénaline fou! Comble du bonheur, ça a fait rire les gens... et ça a marché!
Savais-tu que tu avais un talent pour l’humour avant cette expérience?
Je suis une grande ricaneuse. Quand on faisait des shows avec Jean-François, j’aimais autant les présentations entre les chansons que les chansons elles-mêmes. On riait, on se taquinait, on lançait des blagues... et la réaction du public, c’est une vraie drogue! Donc je savais que je pouvais puncher. Mais un roast de neuf minutes, entourée d’humoristes? Ouf! Je ne voulais pas que le stress me paralyse. Et au premier rire, je me suis détendue.

Jean-François était-il surpris de te voir performer comme humoriste d’un soir?
Pas vraiment, il connaît ce côté-là de moi. Mes parents, eux, étaient très surpris d’apprendre que j’allais faire ça! J’étais contente de les étonner.
Et Jean-François, comment réagit-il à cette évolution?
Il est complètement avec moi! Il me dit: «Enfin, ma blonde n'a plus peur d'avoir du chien devant les autres!»
En terminant, on sort tout juste de la période de la rentrée. Comment ça s’est passé avec les enfants?
C’était super, vraiment enthousiasmant. J’en ai deux en garderie: Louis, deux ans, et Laurence, quatre ans. Ma grande Léa, qui a neuf ans, vient d’entrer en quatrième année. C’est une vraie préadolescente, ça va tellement vite! J’adore la rentrée scolaire, tout préparer me réjouit. Mon petit côté organisationnel est choyé! Hélas, cette fois, Léa m’a empêchée d’étiqueter tout son matériel. Mais honnêtement, j’adore encore l’odeur des cahiers neufs et acheter des crayons. (rires)