Marie-Ève Côté: «Je combats présentement un cancer du sein, mais je ne me sens pas malade.»
Nathalie Slight
Révélée au grand public québécois lors de la deuxième édition de Star Académie, en 2004, Marie-Ève Côté a mis fin à sa carrière musicale il y a quelques années, pour se reconstruire loin de l’anxiété. Aujourd’hui, elle mène un combat contre le cancer du sein avec force et résilience, une épreuve qui lui a redonné l’envie de chanter.
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Marie-Ève, le public québécois a fait ta connaissance à Star Académie. C'était en quelle année?
J’étais de la deuxième édition, en 2004. Je suis entrée dans l’aventure grâce aux votes du public. Après l’émission, j’ai pris part à des spectacles musicaux et sorti deux albums, en 2009 et 2014. Puis, lorsque ma fille est née, en 2015, j’ai complètement tiré la plogue sur la musique.
Pourquoi donc?
Parce que durant ma grossesse, j’étais aux prises avec de graves problèmes de santé mentale. Épuisée de souffrir d’angoisse 24 heures sur 24, je suis entrée par moi-même à l’hôpital Douglas. Ça m’a sauvé la vie! La psychiatre a mis des mots sur mon état; je souffrais d’un trouble d'anxiété généralisé, doublé d’un trouble obsessif compulsif sur mon anxiété. C’était tellement épouvantable, je ne souhaite pas ça à mon pire ennemi.
As-tu été traitée?
J’ai d’abord essayé l'hypnose thérapeutique, le yoga, la bioénergie, l’acupuncture... pour finalement accepter la médication. Après quatre semaines de médication, je me suis sentie revivre, rien de moins. Parallèlement à ça, je suis allée chercher des outils pour gérer mon anxiété, grâce à une thérapie, qui a duré quatre ans et demi.
Et qu’as-tu découvert à travers cette thérapie?
Une de mes plus grandes sources d'axiété, c’était la musique! Dans le domaine artistique, tu as beau travailler fort et donner le meilleur de toi-même, tu ne contrôles pas les éléments de ton succès. Je suis quelqu’un de très résilient, alors pendant plusieurs années, je poursuivais mon chemin, malgré l’incertitude du métier. Mais lorsque je suis devenue maman, l’anxiété a pris le dessus. Ç’a été l’élément déclencheur qui m’a donné la force de changer de vie.
Vers quel domaine t'es-tu dirigée?
Parallèlement à ma carrière musicale, j’ai poursuivi mes études universitaires à temps partiel, en administration, profil finance. Après la naissance d’Abby, j’ai accepté un premier mandat en gestion de projet, puis un deuxième. Depuis cinq ans, je travaille pour la multinationale CGI et je n'ai jamais été aussi heureuse au travail.
Tu es présentement en congé de maladie, puisque tu combats un cancer du sein. Comment l’as-tu découvert?
Tout le mérite revient à mon amoureux, c’est lui qui a trouvé la masse, le 22 décembre dernier. Comme il n'y avait pas de cancer du sein dans ma famille, que j’étais jeune et que la masse était petite, j’ai essayé de ne pas trop m’en faire durant le temps des fêtes. À la suite d'un rendez-vous avec mon médecin de famille, le 9 janvier, j’ai passé une biopsie. Puis, lorsque j’ai reçu un appel pour me donner rendez-vous afin de recevoir le résultat en personne, je me suis doutée que c’était positif.
Comment as-tu réagi?
C’est naturellement un choc, lorsque le médecin t’annonce cette nouvelle. Mais je suis de nature assez positive, alors j’ai immédiatement demandé quel était le plan de match. Comme il s’agit d’un cancer de type hormonal, je vais suivre un traitement d’hormonothérapie pendant 5 à 10 ans. Je suis aussi passée sous le bistouri, pour une mastectomie partielle, dans le but d’enlever la masse et les tissus autour.
Recevras-tu de la chimiothérapie?
Durant l'opération, je me suis fait enlever des ganglions, afin qu'ils puissent être analysés. J’attends les résultats pour savoir si j’aurai à faire de la chimiothérapie. Cela dit, peu importe le verdict, je suis confiante, puisque le cancer a été pris à temps et que je suis entourée d’une superbe équipe.
Ta fille, Abby, est âgée de 10 ans. Comment compose-t-elle avec la maladie?
Comme elle voit que j’ai un bon moral à travers cette épreuve, elle ne s’inquiète pas outre mesure. Je la tiens au courant de chaque étape et elle est ravie d’être ma petite infirmière à la maison. J’utilise beaucoup l’humour pour dédramatiser la situation. «Oui, ma chérie, j’ai un cancer. Mais la bonne nouvelle, c'est que je ne mourrai pas! Les médecins vont l'enlever et me traiter. Ça va être correct!»
Les enfants basent souvent leurs réactions sur celles de leurs parents...
Oui, vraiment. Abby est super allumée, et c’est sûr qu’elle s’en fait pour moi, tout comme ma famille au grand complet. Mais me voyant aussi positive et prête à me battre, ils ne peuvent pas faire autrement qu’avoir la même attitude face à ma maladie. Je suis vraiment bien entourée, à commencer par mon amoureux, Jean-Sébastien, avec qui je partage ma vie depuis six ans. Il est mon pilier dans cette épreuve, il m’accompagne à tous mes rendez-vous. J’ai aussi une belle relation de co-parent avec le papa d’Abby, qui est extrêmement présent pour notre fille en cette période plus difficile.
Et à travers tout ça, chantes-tu toujours?
Après trois ans sans toucher à mon piano, j’ai recommencé à chanter. Mais aujourd’hui, je ne dépends plus de la musique pour payer mes factures. Chanter, c’est ma passion et non mon métier. Le fait que les deux soient séparés me permet de ne prendre que le positif de la chanson, sans le côté anxiogène qui vient avec. Et bizarrement, depuis que je fais preuve de ce lâcher-prise, je n'ai jamais aussi bien chanté. Moi qui avais quand même un bon registre, je suis capable d’atteindre certaines notes avec une aisance que je n’avais pas auparavant.
Ce que tu traverses présentement t’inspirera peut-être une chanson!
Probablement, puisque je m’inspire de mon vécu pour écrire. Je combats présentement un cancer du sein, je suis en congé de maladie, mais je ne me sens pas malade, alors je m’occupe en composant des chansons. Je souhaite que ma musique porte un message d’espoir, comme la chanson Écho, que j’ai spécialement composée pour la maison de soins palliatifs Adhémar-Dion. Je travaille aussi sur deux conférences à présenter dans les écoles: une sur la résilience, et l’autre sur l’anxiété. Et à travers tout ça, je prends soin de moi et de ma petite famille.