Troisième lien contre tramway: «Je ne suis pas à vendre», lance Bruno Marchand
Pas question de «marchander» dans les dossiers du tramway et du 3e lien


Taïeb Moalla
Assurant qu’il «n’est pas à vendre», Bruno Marchand refuse catégoriquement de «marchander» son appui au troisième lien contre l’obtention des décrets gouvernementaux nécessaires au tramway.
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C’est ce que le maire de Québec a lancé lundi après-midi lors d’un impromptu de presse précédant le conseil municipal. «Je ne marchanderai jamais mon appui à quoi que ce soit. Je vais analyser chaque projet en soi et pour soi. Je vais analyser chaque projet pour sa valeur. Je ne suis pas à vendre et je ne serai jamais à vendre», a laissé tomber M. Marchand.
La Ville de Québec est toujours en attente de deux décrets qui doivent être adoptés par le conseil des ministres pour pouvoir poursuivre le processus d’approvisionnement du tramway. Il y a quelques jours, le maire Marchand a affirmé qu’on lui a promis ces décrets pour le 16 ou le 23 mars. Or, même s’il est en constantes discussions avec les ministres caquistes, M. Marchand a dû admettre lundi qu’il n’a aucune «garantie» d’obtenir les décrets souhaités cette semaine.
Pas besoin d’attendre Ottawa, dit Marchand
La semaine dernière, la ministre responsable de la Capitale-Nationale, Geneviève Guilbault, a renvoyé la balle vers Ottawa en regrettant que le fédéral tarde à se commettre sur le financement des dépassements de coûts.
Or, le maire Marchand fait visiblement une analyse différente. Selon lui, à ce stade-ci du processus, il n’est pas nécessaire d’attendre une signature formelle du palier fédéral pour adopter les décrets rapidement et éviter ainsi d’autres retards coûteux dans la réalisation du tramway.
«Je suis prêt à travailler avec le gouvernement du Québec et avec le gouvernement du Canada pour que l’entente (sur les dépassements de coûts) soit béton pour tout le monde, avec une proportion de dépenses pour chacun, mais on n’en a pas besoin pour les décrets», a-t-il fait remarquer.
Lundi en fin d’après-midi, en impromptu de presse, Claude Villeneuve, chef de Québec d’abord, a affirmé que «présentement, ce qui nuit au projet, c’est le gouvernement (caquiste)». Disant soutenir M. Marchand dans ses pourparlers, il a ajouté que «si le maire se cherche un bad cop, moi j'ai pas de problème à jouer ce rôle-là. Je trouve que le gouvernement du Québec, il faut qu’il s’enlève les doigts du nez».
De son côté, la cheffe de Transition Québec, Jackie Smith, a également appelé le gouvernement du Québec à «arrêter de mettre des bâtons dans les roues». Cela dit, cette dernière a également envoyé une pique au maire Marchand en affirmant que ce dernier «a remis en question» le projet tramway lors de la campagne électorale municipale de l’automne dernier. «Et ça n’a pas aidé», a-t-elle regretté.
Travaux préparatoires
Par ailleurs, le maire Marchand dit être «neutre et indifférent» face au début des travaux préparatoires pour le troisième lien confirmés lundi matin par le gouvernement de la CAQ. «Ils [les élus de la CAQ] ont promis une pelletée de terre, ils ont le droit de vouloir la livrer. Maintenant, je pense que ce qui est le plus important, c’est comment ces travaux-là vont s’accorder au projet. C’est ce que tout le monde a envie d’avoir comme réponse», a-t-il précisé.
Il a rappelé qu’il veut en savoir davantage sur le projet pour voir «sa pertinence et avoir les réponses aux questions qu’on a posées. Pour voir comment ce projet-là est bon pour Québec».
Bruno Marchand a souligné que plusieurs questions restent en suspens, notamment sur l’étalement urbain, la circulation automobile, le financement et la part du transport collectif dans le mégatunnel estimé pour le moment entre 6 et 10 G$.
Pression
Plus tôt en journée, la Ville de Québec avait émis un communiqué de presse dans lequel elle remettait la pression sur le gouvernement Legault. Pour la deuxième fois en autant de semaines, Bruno Marchand a ainsi montré des signes d’impatience en interpellant publiquement le gouvernement.
Le temps presse, selon le maire de Québec, qui réclame deux décrets afin de lancer au plus vite les appels de propositions pour le matériel roulant – dans un premier temps – ainsi que pour la construction et l’entretien des infrastructures.
La Ville espérait lancer l’appel de propositions pour le matériel roulant ce mardi. Or, le conseil des ministres n’a toujours pas adopté le décret nécessaire pour aller de l'avant. La prochaine rencontre aura lieu mercredi, d’où ce second cri du cœur du maire.
«Il n’y a aucune raison de retarder davantage le lancement des appels d’offres. Nous avons une responsabilité historique d’offrir aux prochaines générations des villes où il est facile de se déplacer, de respirer un air de qualité et où les effets des changements climatiques pourront être limités», a fait valoir Bruno Marchand dans un communiqué diffusé sur l’heure du dîner, lundi.
«Le gouvernement du Québec travaille à atteindre ses objectifs de réduction de GES. Pour y arriver, il mise sur l’électrification des transports. Le tramway de Québec est un des plus importants projets d’électrification des transports au pays. Des consortiums se sont qualifiés pour le réaliser», a-t-il rappelé dans son plaidoyer, ajoutant que la Ville de Québec «a fait ses devoirs» au fil des ans.
Le projet de tramway est désormais évalué à près de 4 G$. Le plus récent sondage Léger, réalisé à Québec en janvier, avait révélé une dégringolade de l'appui populaire au projet, lequel se situait alors à 41 %.
- Avec la collaboration de Stéphanie Martin et de Jean-Luc Lavallée