Mairie de Québec: Bruno Marchand baissera les taxes des commerçants
Stéphanie Martin
Le candidat à la mairie Bruno Marchand s’engage à réduire les taxes des commerçants dès la deuxième année de son mandat s’il devient maire.
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Le chef de Québec forte et fière (QFF) en a fait l’annonce au détour de la période de questions, lors d’un point de presse sur l’économie.
«C’est ce qu’on va faire», a répondu M. Marchand quand on lui a demandé s’il avait l’intention de baisser les taxes des commerçants. Il veut en effet que la Ville de Québec grimpe dans le classement des grandes villes canadiennes en ce qui concerne la charge foncière imposée aux commerçants. Elle se situe en ce moment au bas du classement.
La mesure sera effective à la deuxième année, puisqu’un nouveau maire arrive en poste au moment où le budget est pratiquement bouclé, a-t-il souligné.
«On aimerait ça, dire dès la première année, mais je pense que c’est irréaliste. On va le travailler dès la deuxième année pour que ce soit prévisible pour les entrepreneurs.»
QFF compte procéder en créant un nouveau palier de taxation spécifiquement pour les commerçants.
Redevance sur le tramway
L’une des façons de financer cette perte de revenus pour la Ville sera d’utiliser la redevance de transport que son équipe étudie et qu’il implanterait le long du tracé du tramway. Cependant, ce n’est pas la seule option, précise-t-il, se gardant de faire l’adéquation entre cette redevance et une baisse de taxes pour les commerçants.
La redevance rapportera 200 à 300 millions de dollars dans les coffres de la Ville, estime QFF. «C’est énorme. Il n’y a aucune source de revenus qui peut être aussi importante. On parle d’aller chercher une source de revenus chez les spéculateurs qui vont de toute façon faire de l’argent. Ils vont faire de l’argent avec un projet qui est payé par l’ensemble des citoyens.»
M. Marchand n'a pas hésité à parler de l'«incohérence» de son adversaire Marie-Josée Savard, qui a admis la veille que son administration avait étudié la redevance sur le tracé du tramway, alors que, la semaine précédente, elle assurait que cela n'avait jamais été dans les cartons.
Pour le secteur résidentiel, M. Marchand prévoit une hausse des taxes selon l’inflation.
Aide aux entrepreneurs
Bruno Marchand veut aider les entrepreneurs à naviguer dans le système «complexe» de l'appareil municipal. Pour ce faire, il promet la création d'un guichet unique auquel un entrepreneur peut s'adresser pour être accompagné. La ligne Info-Commerçant existe déjà, convient le candidat de QFF Éric Courtemanche-Baril, mais elle ne permet pas un accompagnement complet des commerçants. «Ça peut prendre entre six à neuf mois pour changer la couleur de la façade d'un commerce», illustre-t-il.
QFF promet aussi de maintenir à 50$ le coût des permis de terrasse, qui avait été abaissé à ce niveau pendant la pandémie, d'éviter le développement de nouveaux pôles commerciaux en favorisant plutôt les pôles déjà existants et de faire en sorte que la Ville s'inscrive dans certains programmes de sociofinancement, pour venir compléter des montages financiers afin d'encourager les jeunes entrepreneurs.
«Ça sent l’improvisation»
«Je suis obligée de vous dire que ça sent l’improvisation», a réagi la candidate à la mairie Marie-Josée Savard, en fin de matinée, au sortir de l’hôtel de ville, où son équipe a officiellement déposé ses candidatures mardi.
«J’ai un peu de difficulté à suivre tout ça, a poursuivi Mme Savard, en parlant du programme électoral de QFF. Au départ, on parle de taxer à l’inflation. Ensuite, on parle aujourd’hui de baisse de taxes dans le prochain mandat. Du même coup, on parle de taxer davantage le long du tracé [du tramway] et, le lendemain, on dit: “Non, non, ça va être des redevances”», s’est-elle exclamée.
«Le principal revenu d’une ville, c’est les taxes, donc, quelque part, si on veut bonifier les services, continuer à offrir des services de qualité, et du même coup diminuer les taxes [...] il faut couper quelque part», critique-t-elle.
Du même souffle, elle souligne que les revenus tirés d’une redevance sur les nouveaux projets immobiliers le long du tramway, comme l’envisage M. Marchand, mettraient des années avant d’arriver. «Il faut qu’il y ait des constructions, il faut que ça se développe [...] ça ne se fera pas du jour au lendemain.»
Mme Savard s’engage pour sa part à limiter l’augmentation des taxes à l’inflation. Elle fait valoir que c’est la prévisibilité qui prime pour les résidents et les commerçants.
«Que ce soit pour les commerçants ou les résidents, je pense qu’il faut qu’on ait cette pensée-là de façon plus générale et non pour seulement une catégorie.»
«Une promesse en l’air», affirme Gosselin
De son côté, Jean-François Gosselin, chef de Québec 21, a également tenu à réagir mardi en fin d’après-midi pour s’en prendre à son adversaire. «M. Marchand n’a aucune expérience et aucune connaissance des finances publiques municipales. Il démontre son incohérence aujourd’hui en faisant carrément une promesse en l’air et ne la chiffrant pas», a-t-il affirmé.
Selon lui, Bruno Marchand «veut copier le modèle d’affaires de Montréal en taxant davantage les citoyens de la Ville de Québec (...) Je serai curieux de savoir ce que les gens (du projet) de Humaniti (anciennement le Phare) en pensent».
Depuis plusieurs jours, l’essentiel des sorties des différents candidats à la mairie de Québec se font en réaction aux prises de position du chef de Québec forte et fière (QFF). Faut-il comprendre que M. Marchand fait peur à ses adversaires? «Quand un adversaire vous fait une passe sur la palette puis le but est vide, moi je marque un but, a imagé M. Gosselin, sourire au coin. Je vais continuer à le faire toute la campagne.»
– Avec la collaboration de Dominique Lelièvre et Taïeb Moalla