[EN IMAGES] Manifestation à Québec: des milliers de personnes rassemblées pour éviter «le mur climatique»
Des étudiants et syndicats veulent pousser les partis politiques à prendre des engagements plus courageux

Jérémy Bernier
Quelques milliers de manifestants se sont rassemblés à Québec pour faire état de l’urgence climatique et dénoncer « l’inaction politique » en matière d’environnement, alors que la campagne électorale bat son plein.
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Plus de 160 000 étudiants et membres d’organisations syndicales à travers la province étaient en grève pour l’occasion. Une manifestation similaire a lieu dans une douzaine de villes au Québec.

Ils profitaient de la campagne électorale actuelle pour dénoncer « l’inaction politique » et le « manque de courage » des différents partis en matière environnementale.
« Il faut envoyer un message fort à la classe politique qu’il faut absolument accélérer la transition énergétique et écologique. Le danger de la crise climatique est à nos portes, c’est le temps d’agir », lance Vania Wright-Larin, l’un des organisateurs de l’événement.
On demande notamment au gouvernement d’abandonner les énergies fossiles d’ici 2030 dans l’espoir d’atteindre les cibles du Groupe d’experts international sur l’évolution du climat.
Le tout, en taxant les richesses pour améliorer le filet social et protéger les plus vulnérables aux conséquences des changements climatiques..

« Pour nos enfants »
Les quelques milliers de manifestants ont entamé leur marche vers 13 h 30 en début d’après-midi au parc des Braves, dans Montcalm.
« Trudeau, Legault, vous n’êtes pas écolo ! », « Un peuple uni jamais ne sera vaincu ! », scandaient-ils, alors que des pancartes aux slogans divers s’élevaient vers le ciel.
Une heure plus tard, le cortège a terminé son trajet devant l’Assemblée nationale pour interpeller directement les différents partis politiques qui brigueront le pouvoir, le 3 octobre.
« On le fait pour le futur de nos enfants. On fait notre petite part, mais ce n’est pas assez. On a besoin que la grosse machine industrielle et le gouvernement fassent la leur », affirme Mary Henderson, une mère de famille rencontrée dans la foule.

« Depuis notre gros rassemblement de 2019, il y a eu une certaine écoute de la part des gouvernements. Mais les actions avancées sont loin d’être suffisantes », estime pour sa part Ariel Timmony-Morier, qui a pris la parole devant la foule.
Le maire en veut plus
Questionné au lendemain du dernier débat des chefs, le maire de Québec s’est d’ailleurs exprimé en faveur d’une plus grande place dédiée à la lutte aux changements climatiques dans la sphère politique.
« Je pense que [l’environnement] a été abordé plus que d’autres enjeux. Assez ? Je ne pense pas, a-t-il dit d’entrée de jeu. Je pense qu’il y a une urgence d’agir. »
Selon lui, on ne parle pas suffisamment des possibilités économiques que peut apporter la lutte aux changements climatiques. Et sur cet aspect, il est possible de rallier les citoyens, croit-il.
« C’est le temps de mettre toutes nos énergies dans cet enjeu-là », a-t-il affirmé.
– Avec la collaboration de Stéphanie Martin
Des réactions

« D’être encore dépendant des hydrocarbures à notre époque, c’est de vivre dans le déni. Ça doit changer et rapidement »
– Ariel Timmony-Morier, interne à l’Association étudiante de sciences sociales de l’Université Laval
« La pandémie a été difficile pour le mouvement, mais ça nous a aussi montré que le gouvernement est capable de se virer sur un 10 cents pour le bien commun »
– Vania Wright-Larin, porte-parole du Regroupement d’éducation populaire en action communautaire des régions de Québec et Chaudière-Appalaches (RÉPAC)
« Il y a une capacité, comme peuple québécois, de trouver des solutions [aux changements climatiques]. [...] Il y a des possibilités de faire en sorte qu’on puisse développer des choses intéressantes qu’on pourrait même exporter ailleurs »
– Bruno Marchand, maire de Québec
« Après deux ans de pandémie, on sent que le mouvement a le vent dans les voiles. C’est le temps de repartir la machine parce que le temps file »
– Charles-Émile Fecteau, président de l’association des étudiants gradués en sciences et génie de l’Université Laval
Un millier de personnes marchent pour le climat dans les rues de Trois-Rivières

Pas moins d’un millier d’étudiants de l’UQTR et du Cégep de Trois-Rivières, accompagnés d’enseignants, de citoyens et d’enfants ont marché, vendredi, pour le climat dans les rues de Trois-Rivières. Une réponse bien supérieure aux quelque 200 ou 300 participants attendus par les organisateurs.
Le cortège s’est ébranlé peu après 13 heures sur le terrain de l’UQTR pour emprunter la rue Des Forges et aboutir enfin au parc Champlain, juste aux abords de l’hôtel de ville, un trajet d’environ 3 km.
Mobilisation
Pour la responsable de cet événement, Louann Poirier Bergeron, 21 ans, il est urgent que la population se mobilise pour faire face à la crise climatique et forcer les gouvernements à délaisser les énergies fossiles le plus tôt possible. «C’est notre responsabilité individuelle, mais collective aussi», a souligné cette étudiante de 1erannée en pratique sage-femme à l’UQTR.
«Je suis optimiste pour l’avenir. Il y a une prise de conscience, un certain retour à la normale qui est en train de s’opérer. Notre futur portera davantage sur l’entraide et il y aura de moins en moins de place pour la surconsommation. Ce changement, on le sent déjà. Il ne sera jamais trop tard pour agir.»
Certains manifestants de longue date, comme Christiane Bernier, sont beaucoup moins optimistes. «C’est toujours à recommencer chaque fois. Regardez simplement la question des pesticides à Trois-Rivières. Malgré tout, à 66 ans, je continue de me battre. On n’a pas le droit de baisser les bras.»
-Daniel Deslauriers
À Victoriaville aussi
Une soixantaine de manifestants ont marché en direction du centre-ville de Victoriaville, durant l’heure du souper, vendredi, dans le cadre des différentes marches pour le climat qui ont lieu un peu partout dans la province.
Avant d’emboiter le pas, les organisateurs rappelaient à tous l’urgence de changer leur mode de vie. «On n’a pas le luxe d’attendre. On s’en va directement dans le mur. C’est une question de survie», a insisté François Duguay.
D’autres ont dénoncé la surconsommation qui, à leur avis, pollue gratuitement l’environnement et transforme les citoyens en automates incapables de réfléchir.
Noémie Verhoef, une enseignante en philosophie, a notamment expliqué qu’elle préfère avoir une seule voiture pour la famille. Le fait de marcher l’aide à penser, deux actions qui la gardent en santé.
Sur une note sympathique, Joanie Boutin faisait un clin d’œil à la présente campagne électorale, avec son affiche intitulée «Je vote pour la planète». Elle participait à ce rassemblement avec sa fille de 8 ans, Éloise Boutin Beaudet.
Affichant son plus grand sourire, Bastienne Duncan Chatelain a conçu une pancarte où elle partage son souhait d’avoir «Plus d’amour, moins de GES!». Cette femme trouve dommage que ce genre de mouvement ait parfois tendance à diviser. «Je crois que c’est avec la gentillesse et la compréhension qu’on va régler ce problème», a-t-elle dit.
–Caroline Lepage
À Rouyn-Noranda manif pour le climat et contre l’arsenic
À Rouyn-Noranda, c’est une foule bigarrée composée de familles, de médecins, d’artistes et de militants communautaires et environnementaux qui s’est rassemblée dans le quartier Notre-Dame pour une marche sous le thème « Ensemble pour le 3ng/m3 », une référence à la norme québécoise d’émissions d’arsenic que la Fonderie Horne est autorisée à dépasser, et qui fait les manchettes depuis plusieurs mois.

«Ce n’est pas la mobilisation citoyenne qui donne une mauvaise réputation à Rouyn-Noranda, c’est l’arsenic qui l’empoisonne», a lancé Laurie Paquin du Regroupement d’éducation populaire de l’Abitibi-Témiscamingue (REPAT) pour donner le ton.

La Dre Marie-Pierre Lemieux, signataire avec une cinquantaine de médecins d’une lettre ouverte interpellant le premier ministre à régler ce dossier a aussi réitéré son appui à la population de Rouyn-Noranda. « [Cette lettre] a été appuyée par le Collège des médecins du Québec (CMQ) et l’appui nous a été réitéré ce matin même par le Dr [Mauril] Gaudreault qui était ici aujourd’hui », a-t-elle dit.

L’événement, auquel ont participé plus de 800 personnes, a culminé avec une allocution de l’auteur-compositeur-interprète Richard Desjardins. Le poète et militant a rappelé l’historique de sa vie avec la Fonderie Horne, notamment la réalisation, dans les années 1980, du film Noranda.
« L’Action boréale réclame la suspension immédiate des opérations à la Fonderie Honte », a-t-il lancé à la foule qui l’a chaleureusement applaudi.

L’événement, organisé par la Planète s’invite au Parlement, Mères au front, le Regroupement d’éducation populaire de l’Abitibi-Témiscamingue (REPAT) et le Comité Arrêt des Rejets et Émissions Toxiques (ARET), s’est déroulé dans la bonne humeur.
–Émilie Parent-Bouchard
Ottawa: les jeunes marchent pour le climat

Comme au Québec, des centaines de personnes ont brandi pancartes et mégaphones sur la colline parlementaire à Ottawa pour dénoncer l’inaction des partis politiques dans le dossier des changements climatiques.
Les organismes Climat Go et Fridays for Future se sont rassemblés devant le Parlement, vendredi à 14 h, pour revendiquer leurs causes.
«Il faut absolument que le gouvernement mette en place des actions concrètes. On veut, entre autres, un transport collectif gratuit pour tous, bannir l’énergie fossile et taxer les plus riches», a dénoncé un enseignant au Cégep de l’Outaouais et membre de Climat Go, Olivier Rousseau.

Étudiante et militante, Myriam St-Pierre a tenu à souligner l’importance d’une journée comme celle-ci, à quelques jours des élections provinciales.
«La crise environnementale, c’est aussi une crise sanitaire, sociale et économique. Les effets des changements climatiques sont nombreux et on ne peut pas continuer à émettre autant de gaz à effet de serre. Il faut changer nos habitudes de vies et investir dans les services publics.»

Afin de faciliter les déplacements, la Société de transport de l’Outaouais (STO) a décidé d’offrir le transport en commun gratuit de 10 h à 18 h.
«En plus de permettre à des milliers de gens de se déplacer de façon accessible et économique, le transport en commun est un incontournable pour réduire les émissions de gaz à effet de serre et atteindre les objectifs gouvernementaux. À Gatineau seulement, on parle de 192 502 tonnes de CO2 évitées chaque année», a soutenu le président de la STO, Jocelyn Blondin.
La STO a rappelé que des perturbations sont à prévoir sur le réseau, particulièrement au centre-ville de Gatineau et d'Ottawa.
-Juliette Babin
Une centaine de marcheurs pour la Justice climatique à Gaspé

Près d’une centaine d’étudiants collégiaux, de professeurs du Cégep de la Gaspésie et des Îles et de la population en général ont participé à la marche pour la Justice climatique vendredi midi au centre-ville de Gaspé.
Panneaux et porte-voix à la main, les participants souhaitaient faire comprendre à la planète l’importance de poser des gestes concrets pour freiner le réchauffement climatique.
«Je suis ici parce qu’il y a beaucoup de pollution qui détruit la Terre. Il faut changer les choses sinon, on n’aura plus de planète pour vivre bientôt», a affirmé Evelyn Cloutier, 10 ans, qui marche avec sa mère, et sa sœur.

Étudiant français en foresterie, Bastien Lye, a rappelé que la France a subi une intense sécheresse cet été et voit les effets des changements climatiques sur la Gaspésie.
«On parle du caribou qui est sur le point de s’éteindre. Quel est l’impact de la foresterie? Comment on se déplace? On a des hivers plus doux et des été plus chauds. On a des effets visibles», a mentionné M. Lye.

Le défi de la crise climatique frappe davantage les femmes, selon la Table de concertation des groupes de femmes de la Gaspésie.

«Souvent, les femmes ont généralement moins d’autonomie financière. Lorsqu’une tempête vient inonder un logement, elles ont moins de moyens de se revirer de bord. C’est pour ça qu’on parle de justice climatique», a soutenu la coordonnatrice de la table, Nastassia Williams.
-Nelson Sergerie
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