Maison de l'horreur à Rouyn-Noranda: les communications des résidents auraient été contrôlées
James Testa subit son procès notamment pour agression sexuelle et traite de personnes qu’il hébergeait dans sa résidence


Valérie Gonthier
Un quinquagénaire de Rouyn-Noranda accusé d’avoir gardé sous son joug des personnes vulnérables qui résidaient chez lui serait allé jusqu’à contrôler leurs communications avec leurs proches.
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« Là-bas, ce n’était pas conseillé de parler aux gens de l’extérieur. Il a fallu que je parle de façon très désagréable à mon frère, que je l’envoie promener, que je le renie quasiment », a raconté un homme qu’on ne peut nommer, dans le cadre du procès de James Testa.

Ce dernier fait face à une trentaine de chefs d’accusation, dont agression sexuelle armée, traite de personnes, voies de fait, harcèlement criminel, bestialité et menaces de mort.
On reproche à l’homme de 56 ans d’avoir fait vivre l’horreur pendant plus d’une décennie à plusieurs personnes qui ont vécu chez lui, à sa résidence du rang du Lac-Boisclair.
Les 11 victimes alléguées sont des hommes et des femmes, dont une personne mineure.
«5 ans qu’on ne s’est pas vus»
À la maison régnait un climat de contrôle, d’isolement et d’exploitation, a résumé hier la procureure de la Couronne au dossier, Me Véronique Gingras-Gauthier, au palais de justice de Rouyn-Noranda.
L’accusé aurait fait subir à ses victimes de la violence physique, sexuelle et psychologique.
C’est avec émotions que le témoin qui a habité pendant huit ans chez Testa a raconté comment ce dernier l’a coupé de sa famille.
«Il me disait que mes parents ne m’aimaient pas», a-t-il dit, ajoutant que l’accusé dénigrait et riait du physique de son frère.
Des messages vocaux envoyés entre les deux frangins ont aussi été entendus en salle d’audience.
«Ça fait au-dessus de cinq ans qu’on ne s’est pas vus, j’aimerais qu’on se voie tout seul», lui a lancé son frère, en janvier 2022.
Mais chaque fois, le témoin expliquait que ce n’était pas possible, qu’il fallait «checker» avec Testa.

«On est chez lui, c’est lui qui décide», a-t-il expliqué.
Parce que la maison de James Testa était «son royaume», il décidait de ce qu’il s’y passait, répétait-il, selon le témoin.
Ce dernier a aussi décrit les sévices sexuels que les gens qui y résidaient auraient subis.
Sévices sexuels dégradants
Testa n’y aurait pas participé, mais c’est à sa demande que les gestes odieux auraient été perpétrés, dans le cadre de «défis» lancés en jouant à des jeux vidéo.
Les résidents auraient été forcés à s’insérer mutuellement des objets dans l’anus ou à s’y appliquer des produits forts comme une crème décongestionnante ou un gel analgésique.
Il devait aussi s’infliger des sévices sexuels dégradants, a dit le témoin.
Ces «défis» n’avaient lieu que lorsque Testa le décidait, a-t-il ajouté.
Il avait aussi raconté lundi avoir été «embarré» pendant 15 minutes dehors en plein hiver à -20°C alors qu’il ne portait qu’un sous-vêtement.
À au moins trois reprises, on l’aurait aussi mis de force dans «les égouts de la maison qui sortaient dans le champ».
Le procès se poursuit devant la juge Manon Lapointe.
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