Un climat de «violence physique, sexuelle et psychologique» dans la maison de l’horreur à Rouyn-Noranda
James Testa subit son procès notamment pour agression sexuelle et traite de personnes, qu’il hébergeait dans sa résidence

Erika Aubin
Un quinquagénaire de Rouyn-Noranda aurait instauré un véritable climat de terreur dans sa petite maison de campagne, où il hébergeait des personnes vulnérables à qui il aurait fait subir d’horribles sévices sexuels et physiques durant plus d’une décennie.
«Ces victimes viendront parler du climat dans lequel elles ont évolué, sous l’emprise de James Testa. Un climat rempli de violence physique, sexuelle et psychologique. Un climat de contrôle, d’isolement et d’exploitation», a résumé la procureure de la Couronne au dossier, Me Véronique Gingras-Gauthier, au palais de justice de Rouyn-Noranda.
James Testa y subit son procès depuis lundi matin. L’homme de 56 ans fait face à une trentaine de chefs d’accusation, dont agression sexuelle armée, traite de personnes, voies de fait, harcèlement criminel, bestialité et menaces de mort.

Pendant plus d’une décennie, il aurait fait vivre l’horreur à plusieurs personnes qui ont vécu chez lui, à sa résidence rurale en Abitibi-Témiscamingue. Les 11 victimes alléguées sont des hommes et des femmes. L’une d’entre elles aurait été âgée de seulement 12 ans au début des agressions, selon l’acte de dénonciation.
Des sévices entre eux
Lors du procès, plusieurs doivent témoigner des sévices vécus et des agressions qu’elles ont elles-mêmes commises sous la pression de l’accusé, a fait savoir Me Gingras-Gauthier.
«Si on n’était pas d’accord avec lui, on avait des représailles. C’était son royaume, comme il disait», a expliqué un homme qui aurait été exploité et agressé sexuellement. Son identité est protégée par la cour.
Le plaignant était dans une mauvaise passe lorsque Testa l’a contacté via Messenger pour lui offrir une place où vivre, en échange qu’il s’occupe d’un immeuble.
«J’étais dans la drogue, je ne payais plus mes affaires, a-t-il résumé. Ça n’allait pas bien, mais je ne sais pas comment il l’a su. Et quand on est dans les problèmes, on accepte trop vite de l’aide.»
Il y a finalement habité pendant huit ans, puisqu’il n’avait aucune autre place où aller. Jusqu’à 13 personnes ont vécu sous le même toit chez Testa, selon celui qui aurait été témoin d’horribles crises de colère de l’accusé.
Comme un déchet
Une fois, Testa l’aurait embarré dehors pendant une quinzaine de minutes en plein hiver à -20°C alors qu’il ne portait qu’un sous-vêtement.
À au moins trois reprises, on l’aurait aussi mis de force dans «les égouts de la maison qui sortaient dans le champ». «Il me traitait en déchet, carrément. [...] Après chaque chicane, il s’excusait», a-t-il dit, en témoignant avec l’aide d’un chien d’assistance.
Il aurait aussi vu Testa obliger au moins un garçon à se coucher au sol, avant de déféquer sur lui.
L’homme a aussi expliqué que l’accusé aurait forcé des chiens à se battre. «Il aimait ça voir ça. C’était quasiment une arcade», a déploré celui-ci, qui soignait ensuite les animaux.

Le procès se poursuit toute la semaine devant la juge Manon Lapointe. En plus des 33 accusations criminelles, le procureur général du Québec a entamé des procédures pour saisir la résidence de Testa sur le rang du Lac-Boisclair, où il aurait commis ses atroces crimes.
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