Maïka Desnoyers brise le silence sur le postpartum pour aider d’autres mamans
Marjolaine Simard
Maïka Desnoyers est une véritable femme-orchestre, portée par un héritage familial de femmes travailleuses, transmis par sa grand-mère à sa mère. Tour à tour animatrice télé et radio, entrepreneure engagée et mère dévouée, elle a longtemps mis les autres avant elle. Alors que la quarantaine lui fait de l’œil, elle commence doucement à se réapproprier son identité de femme, au-delà des rôles qu’elle endosse. Dans ce témoignage intime, elle revient sur son difficile postpartum, sur son lent processus de reconnexion avec elle-même — sur les plans physique et moral —, mais également sur sa famille, dont elle est profondément fière.
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Maïka, tu as déjà mentionné en entrevue que tu n’aimes pas te sentir obligée de faire quelque chose...
Je déteste ça. J’ai un esprit très libre. Ma mère me disait toujours: «T’as l’âme d’une artiste!» Pour que je fasse quelque chose comme il faut, il faut que j’en aie envie. Ça ne m’empêche pas d’aimer travailler. Ma grand-mère avait un resto, ma mère y travaillait, et toute petite, j’y passais du temps. Ensuite, je servais des cafés, je lavais la vaisselle. À 14 ans, j’ai remplacé une serveuse et depuis, je n’ai jamais arrêté de travailler fort. C’est dans mon ADN. Ma mère et ma grand-mère étaient très énergiques. Je tiens ça d’elles. Ce sont des femmes de tête fortes et inspirantes. J'ai eu de beaux modèles.
La restauration forge le caractère...
Tellement. J’y ai appris l’autodérision. Je servais des camionneurs dans un casse-croûte. Ma grand-mère me disait: «Ménage tes pas: ramasse trois tables au lieu d’une!» J’ai toujours travaillé fort, mais je sens actuellement que mon corps me demande une pause.
Comment comptes-tu ralentir?
En disant «non» quand il le faut. Et en choisissant mes priorités. Ce n’est pas toujours facile, mais j’y arrive. Si j’ai besoin de dormir, je le fais. Mes amis comprennent quand je ne me présente pas à un souper. J’ai trois enfants, et c’est eux mon équilibre.
Tu es devenue maman de Hayden à 21 ans, puis d'Anna quelques années plus tard. Finalement, tu as eu Livia, un bébé-surprise qui t’a replongée dans la maternité alors que tu ne t’y attendais plus...
Oui. Entre mon fils et ma deuxième, il y avait cinq ans et demi. C’était parfait, je pouvais profiter. Mais Livia est arrivée même si j'avais un stérilet... 11 ans après mon aîné! Depuis mes 21 ans, je suis toujours maman. Avec trois enfants d'âges si différents, la fatigue s’accumule.
Comment fais-tu pour retrouver la femme en toi, au-delà de la mère?
Ce n’est pas évident, mais je m’aménage une journée par semaine, souvent le lundi. Je ne travaille pas, je reste à la maison, j’écoute un film, je lis... J’en ai besoin. Je suis très présente pour mes enfants, je préfère ne pas les faire garder. Mais ce moment en solitaire, c’est essentiel pour me recentrer.
Ton fils vient d’être recruté par une école américaine...
Oui, il a été repéré lors d’un showcase par une école préparatoire de hockey, située aux États-Unis. Il part à la fin août. C’est mon premier bébé, mon grand garçon. Il m’aide beaucoup à la maison, et on n’a jamais vraiment été séparés. Depuis ma séparation d'avec son père, Guillaume Latendresse, alors que Hayden avait un an, on a toujours été ensemble. Il m’a dit: «Je sais que le premier mois va être vraiment difficile.» Il ne se fait pas d’illusions, il sait que ça demandera un gros ajustement. On va essayer d’aller le voir chaque week-end au début. Il est à 5h30 de route, dans l’État de New York. On ira en famille avec mon amoureux, Étienne Boulay, et ses sœurs. L’important, c’est qu’il sente qu’on est là. Graduellement, on va aller le voir toutes les deux semaines, le temps qu'il s'adapte. Heureusement, on a la possibilité de voir tous ses matchs sur Internet. Après, on va l'appeler et lui dire: «Bravo!» pour qu'il sente qu'on reste présents dans sa vie.
Ton chum Étienne Boulay participe-t-il à l’aventure d’Hayden?
Oui, c’est lui qui l’a aidé pour l’école aux États-Unis. Étienne connaît bien ce système, car il a étudié et joué au football là-bas. C’est lui qui a amené l’idée, et il l’a vraiment accompagné dans le processus.
Comment décrirais-tu tes filles?
Anna, ma deuxième, chante incroyablement bien. Elle a un vrai don, et c’est naturel chez elle depuis qu’elle est toute petite. Elle adore ça, mais elle est encore trop gênée de chanter devant les gens. Elle m’a déjà dit qu’elle aimerait faire La Voix un jour... Quant à Livia, elle vient d’avoir cinq ans. Elle découvre à peine sa personnalité, alors l’avenir nous le dira. Ils ont tous des personnalités tellement différentes.
Tu auras 40 ans dans un an et demi. Es-tu zen face à cette nouvelle décennie?
Au début, ça m’angoissait beaucoup. Maintenant, j’essaie de voir ça comme un nouveau départ. La quarantaine s’ouvre bientôt à moi.
Est-ce que quelque chose t’inquiète, sur le plan physique?
Non, parce qu’après ma dernière grossesse, ç'a été très dur. J’avais pris presque 50 livres, j’étais mal dans mon corps et dans ma tête. J’ai vécu une longue dépression postpartum, qui a duré près de cinq ans. Aujourd’hui, je commence à me retrouver, à perdre ces kilos. À près de 40 ans, quelques ridules ne me font pas peur. Après un postpartum comme ça, plus grand-chose ne me dérange.
Tu t'étais vraiment mis beaucoup de pression sur les épaules...
Oui, je n’ai pas vécu les premières années de ma petite dernière comme je l’aurais voulu, surtout parce que la COVID est arrivée. J’avais mon bébé avec moi pendant les tournages de Vendre ou rénover au Québec, et c’était trop! Si je pouvais revenir en arrière, je prendrais au moins six mois de pause. Beaucoup de femmes vivent ainsi sur le pilote automatique. Je crois que c'est important de parler du postpartum, car nous sommes nombreuses à le vivre. Plusieurs femmes vivent cette dépression en silence, alors que cet état peut durer plusieurs mois et même des années...
Ça n’a pas dû être facile pour ton couple non plus...
Non, les dernières années ont été dures. Mais on est un couple solide. On a traversé beaucoup d’épreuves, Étienne et moi. Heureusement, mon chum me comprend et respecte ce que je vis, il a toujours été là. Depuis six mois, un an, on a retrouvé notre complicité d'avant, le fun qu'on avait ensemble.
Tu es donc en train de te retrouver, globalement?
Exactement. C’est pour ça que mes 40 ans ne me font pas peur. Plus je m’en approche, mieux je me sens.
Vendre ou rénover au Québec est toujours une émission adorée des téléspectateurs...
Oui! Je me souviens des débuts, toujours à se demander si on serait renouvelés. Aujourd’hui, on tourne la 10e saison, prévue pour 2026. On s’amuse beaucoup, c’est une vraie grande famille. Cette belle ambiance qui règne sur le plateau, ça se voit à l’écran. Je suis également co-propriétaire des Soma Fit Club avec mon chum et Richard Turcotte. C’est un entraînement par électrostimulation, très populaire aux États-Unis, qui optimise l’effort en seulement 20 minutes. C’est parfait pour moi qui ne suis pas une grande sportive. J’ai aussi mon entreprise de bijoux et de sacs à main, Fauve Collection. Après deux ans, ça fonctionne très bien. Côté radio, je fais des remplacements à Rythme FM. C’est un moyen formidable d’échanger avec des gens inspirants. En somme, ces projets reflètent ma volonté de grandir tout en restant fidèle à moi-même.