Madeleine Péloquin raconte comment elle jongle entre rôles intenses et vie de famille
«Dumas» est diffusé le lundi à 20 h sur les ondes de Radio-Canada et sur Tou.tv
Marjolaine Simard
Madeleine Péloquin n’a pas peur des rôles intenses et physiques, tout en sachant également naviguer avec aisance entre comédie et animation. Cet automne, elle brille dans la série Dumas à la télé, tout en apparaissant sur les plateformes dans Emprises et Ils vécurent heureux. Elle est également de la distribution de la très attendue quatrième et ultime saison de la série Plan B dont le tournage a commencé en septembre dernier. Amoureuse depuis 20 ans du comédien Jean-François Nadeau, elle a appris à jongler avec brio entre sa carrière et sa vie de famille. Rencontre avec cette passionnée de sport et d’horticulture, qui vit son métier pleinement, avec énergie et authenticité.
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Cet automne, on continue de suivre ton personnage, l’enquêtrice Geneviève Allard, dans Dumas?
C’est une belle saison, parce que tout le monde a pris ses aises. Pour rendre mon personnage crédible, je pose beaucoup de questions à la figuration spécialisée sur le tournage qui est composée de vrais policiers et enquêteurs. Pendant les pauses, je leur demande comment ils procèdent dans la réalité. Ces discussions m’aident à comprendre ce métier exigeant, où on voit tout, du pire au plus farfelu parfois en une seule journée.
Depuis le début de la saison, on devine que le triangle amoureux entre Geneviève, Sophie (Marie-Lyne Joncas) et Anthony (Jason Roy Léveillée) n’a pas fini de nous surprendre...
Absolument. Il y a déjà une tension naturelle entre Intelco et la police, puisqu’ils enquêtent sur les mêmes affaires, mais avec des approches différentes. Parfois, Sophie et Geneviève s’entraident, mais ça reste source de frictions. Et ce triangle amoureux, c’est un filon inépuisable. On va explorer leurs zones plus intimes tout au long de la saison. Ce qui est drôle, c’est que dans la vraie vie, Marie-Lyne et moi, on s’adore, mais dans la série on ne se ménage pas.

Tu es également de retour dans la saison 2 de Classé secret, et on peut dire que ton personnage est rudement mis à l’épreuve...
Oui, Valérie Kasher prend beaucoup plus de place cette saison et elle se retrouve dans une scène de combat. Je crois même que c’est la plus longue scène de combat jamais diffusée à la télé québécoise! Toute l’équipe était fébrile pendant la préparation et le tournage. Pour moi, c’était un défi extraordinaire. J’ai un passé en arts martiaux, car j’ai pratiqué le karaté, je suis ceinture brune. J’ai toujours adoré le combat, alors je me suis préparée sérieusement et je me suis donné à cœur joie... même si je suis repartie avec quelques bleus! (rires)

As-tu montré cette scène à tes filles?
Oui, elles l’ont vue et m’ont lancé: «T’es hot, maman!» Mes nièces aussi étaient fières de dire: «Ça, c’est ma tante!» Tout le monde a été impressionné. On savait déjà que Valérie savait se défendre, mais cette scène est particulièrement intense.

Nous avons fait une entrevue ensemble à l’époque du tournage d’Alerte Amber, et tu semblais complètement habitée par ton personnage de mère ayant perdu la trace de son jeune enfant autiste...
Oui, ce fut probablement l’un des tournages les plus difficiles de ma carrière, avec la série L’empereur. C’est comme si ces personnages s’imprégnaient en toi, et il faut un moment pour s’en détacher, après. Jouer ces scènes avec Vincent Leclerc, où l’on va si loin, demande du temps pour s’en remettre. Dans le cas d’Alerte Amber, on restait constamment plongés dans cette émotion d’avoir perdu un enfant. Je suis une actrice qui donne tout, et pour ce rôle, je suis allée à fond.
Est-ce que jouer des rôles aussi lourds et intenses a des répercussions sur ta vie personnelle?
La fatigue est énorme. Ça épuise, mais j’ai appris à mieux gérer. Par exemple, en tournant L’empereur, je me suis dit: «OK, je peux plonger à fond dans le personnage, mais il faut que j’en sorte ensuite!» Surtout que je tournais avec mon chum et père de mes enfants, Jean-François Nadeau. On s’était mis d’accord avant de commencer qu’on irait vraiment loin dans nos personnages, mais qu’on ne les emporterait pas à la maison. La vie de famille nous aide beaucoup, parce que nos enfants ne savent pas ce qu’on a vécu sur le plateau. Le soir, il y a les lunchs à préparer, le lavage... c’est ça qui nous ramène à la réalité.

C’est beau, cette belle cohésion dans la vie comme au travail entre Jean-François et toi...
Oui, c’est vraiment une belle complicité et quand on joue ensemble, au théâtre comme dans L’empereur, on est heureux. On se comprend rapidement, on peut avancer vite. On connaît nos manières de travailler. Au travail, on reste concentrés, mais après, notre vie de famille est primordiale. On adore être avec nos filles. On est très branché sur notre famille. C’est vraiment très important pour nous.
Vos filles ont-elles la fibre artistique?
Oui, elles sont très artistes dans l’âme et dans leurs intérêts. Elles sont encore jeunes pour savoir exactement ce qu’elles veulent faire, mais elles adorent le dessin, la musique, les instruments... tout ce qui touche à la créativité. Elles nous suivent depuis qu’elles sont toutes petites, on les emmène en tournée, en coulisses. Elles aiment les loges, les bijoux, les costumes... Aujourd’hui, Laura et Raphaëlle ont 13 et 17 ans.
Lors de ton passage à Aux enfants de la télé, ils ont montré un extrait touchant où toi et Jean-François tourniez une scène où on assiste aussi aux balbutiements de votre véritable relation amoureuse...
On était dans la vingtaine. En 2005 on a tourné une série qui s’appelait Casting... à l’école de la vie où on incarnait des cégépiens dans une série où les dialogues étaient improvisés. À cette époque, j’étais finissante de l’École nationale de théâtre en 2002 et lui venait du Conservatoire de théâtre. Pendant le tournage s’est présenté le classique moment où tu te dis: «Oh, il se passe quelque chose!». Jusque-là, on savait juste qui était l’autre de loin. On a tourné dans une belle ambiance, avec une chimie qui s’est rapidement installée. Et c’est ainsi que la complicité amoureuse a commencé. Nos filles ont regardé quelques épisodes de cette série, même avec leurs amis et elles ont trouvé ça vraiment drôle. Elles disent: «Vous avez l’air des enfants, c’est drôle!»
Félicitations pour vos 20 ans de vie de couple...
Merci, ça va toujours très bien.
Quel est le secret de votre bonheur?
Ah, mon Dieu! Il faut y mettre du temps et de l’engagement, et avoir de la conscience dans la relation. Il faut s’accorder sur ses valeurs. On est comme tout le monde. On n’est à l’abri de rien, mais on aime être ensemble et on travaille bien.
Tu as aussi touché à l’animation dans une émission de jardinage que l'on peut écouter sur illico+. On ne t’attendait pas là...
Oui, Tous au jardin. Tout est devenu possible grâce à une amie d’enfance qui est productrice chez Trio Orange. Elle m’a proposé qu’on fasse quelque chose ensemble. J’ai dit: «Pourquoi pas l’animation?» J’avais envie de me faire les dents là-dessus! Je suis passionnée d’horticulture depuis toujours. Ça va bien au-delà des fleurs. Je fais aussi de gros travaux, transporter des pierres, des brouettes de terre... j’adore ça, ça me détend.

Tu incarnes une femme très différente de ta personnalité dans la série Emprises, disponible sur Tou.tv...
Oui, je joue Anouk, une femme issue du milieu des motards, qui a fait de la prison. C’est un personnage très loin de moi. J’ai vraiment fait des recherches pour m’en rapprocher. Je suis allée dans des lieux où je ne me serais pas forcément rendue et j’ai consulté des forums pour mieux comprendre son univers. J’ai rencontré des femmes qui lui ressemblent dans des bars, des restos... C’était fascinant. On a envie de les incarner avec justesse pour qu’elles puissent se reconnaître.
Quels projets s’en viennent pour toi?
Il y a Ils vécurent heureux, qui vient de sortir sur Crave. J’y incarne Adèle, la tante de Léo qui est joué par Lévi Doré. C’est une femme libre qui aime faire la fête avec les jeunes. Ensuite, je vais jouer Marie-Lou dans À toi, pour toujours, ta Marie-Lou de Michel Tremblay, au Théâtre du Rideau Vert, à partir de janvier 2026. C’est un beau gros défi, et je commence déjà à sentir l’excitation monter.