«Monsieur Carney doit démontrer qu’on n’est pas en train de prier Saint-Donald-Trump de nous accorder sa clémence»
TVA Nouvelles
L’objectif que doit se donner Mark Carney pour sa rencontre avec Donald Trump mardi après-midi est de «faire baisser la température» en vue de la renégociation de l’accord de libre-échange qui aurait lieu uniquement l’an prochain, selon l’analyste politique Emmanuelle Latraverse.
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En entrevue avec FOX News lundi après-midi, le secrétaire au Commerce des États-Unis, Howard Lutnick, a affirmé que l’Accord Canada-États-Unis-Mexique serait renégocié en 2026 et a ajouté qu’il ne voyait pas exactement comment les deux pays pourraient trouver tirer profit d’un autre accord d’ici là.
Il a également affirmé que le Canada opérait selon un «régime socialiste» qui se «nourrit des États-Unis».
Lors de son commentaire à l’émission «Le Québec matin», Mme Latraverse a minimisé la portée de cette prise de parole du proche conseiller de Donald Trump, qui témoigne toutefois de l’hostilité qui règne entre les deux nations.
«Il est comme l’arme de destruction massive du président, dit-elle. C’est comme l’agent orange qui vient mettre de l’huile sur le feu tout le temps.»
L’analyste politique est d’avis que Mark Carney devra faire attention et choisir avec minutie la manière dont il abordera les questions épineuses sur lesquelles les deux pays ne s’entendent pas.
«Monsieur Carney a toujours lié commerce avec sécurité et défense parce qu’il y a une reconnaissance que dans les critiques des États-Unis à l’égard du Canada, le fait que le Canada ait été laxiste sur le front de la sécurité nationale [...] ils n’ont pas tort, dit-elle. La crainte de plusieurs, c’est que s’il lie les deux, on vient un peu légitimer l’approche de Washington qui vient utiliser les tarifs comme arme de négociation.»
«Est-ce qu’il faut proposer de négocier commerce d’un côté et sécurité de l’autre, mais de le faire en parallèle? demande-t-elle. Est-ce qu’il faut négocier un seul accord? Il y a très peu de clarté en ce moment. Je ne m’attends pas à ce qu’on ait des réponses précises ce soir.»
C’est donc pourquoi, selon elle, le premier ministre du Canada doit se concentrer sur son objectif de préparer le terrain en vue des négociations de l’an prochain.
«Le but de monsieur Carney aujourd’hui, c’est vraiment de faire baisser la température et de réussir à rétablir un dialogue où monsieur Carney doit démontrer que nous aussi on a un rapport de force là-dedans, qu’on n’est pas à genoux, à quatre pattes en train de prier Saint-Donald Trump de nous accorder sa clémence», avance-t-elle.
«C’est ça tout ce jeu d’équilibre très périlleux que doit réussir à mettre en œuvre monsieur Carney dans ses rencontres aujourd’hui», renchérit-elle.
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