Louve X Irina: une alliance parfaite!
Amélie Hubert-Rouleau
La mannequin et directrice artistique canadienne Irina Lazareanu et Véronique Goulet, à la tête de la compagnie québécoise Louve Design, s’engagent toutes deux depuis longtemps en faveur de la durabilité dans le domaine de la mode. Il était donc tout indiqué pour elles de collaborer dans la création d’une collection capsule réalisée à partir de textiles inutilisés (matériaux deadstock), qui sera offerte à partir du XX mai (date à reconfirmer).
Les deux femmes passionnées nous donnent tous les détails sur ce match parfait.
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Comment vous êtes-vous rencontrées?
Véronique: C'était dans un petit salon de mode à Drummondville. Ça a cliqué, ça a fait boum!
Irina: Oui, ç'a été fusionnel très vite. Il faut savoir que j'ai vécu la plus grande partie de ma vie adulte à Paris, lorsque j’étais mannequin. Je suis rentrée au Québec pendant la pandémie. Avec mon garçon, mon bébé, je voulais rentrer à la maison et être plus proche de ma famille. En embarquant dans l’avion, j’ai eu cette vision: celle de mettre à profit mon cheminement, mon expérience et les contacts que j'ai eu la chance d’amasser pendant ma carrière de mannequin afin de travailler avec des marques et des créateurs québécois. J'ai donc commencé à faire de la direction artistique et créative, et à travailler avec plusieurs marques québécoises, dont celle de Véronique. C'était un rêve qui devenait réalité! Collaborer avec Véro, c'est incroyable, parce qu'on a les mêmes valeurs, surtout sur le plan de la création et de l'idée de la durabilité.

Comment s’articule votre collaboration?
Véronique: La production est ma force; je peux faire cinq échantillons en une journée. Irina, quant à elle, est renommée pour le branding, l'image. On est vraiment complémentaires: très différentes, mais perfectionnistes dans nos domaines respectifs. C'est un rêve pour moi aussi. Irina s’est donné comme philosophie d’aider les femmes entrepreneures en mode au Canada. Le vrai made in Canada: voilà ce que nous réalisons.
Qu’est-ce qui caractérise votre démarche?
Véronique: On part d'une matière, à l’inverse du processus de production habituel, où un directeur artistique ou un designer dessine une pièce avant d’en rechercher la matière.
Irina: On travaille à l'envers! Véronique est vraiment incroyable. Ça prend beaucoup de talent et d’ingéniosité pour partir d'une matière existante. Comment la transformer pour créer quelque chose qui est pertinent et moderne?
Comment avez-vous décidé quel type de pièces créer?
Irina: Ces pièces représentent une partie de mon histoire personnelle et sont inspirées de personnages iconiques qui ont marqué ma vie d'une façon ou d'une autre. Ça fait 20 ans qu'on me demande en entrevue quels sont les incontournables de ma garde-robe. Ce sont mes incontournables, ces choses qui reviennent au fil du temps depuis le début de ma carrière, que j’ai eu envie de créer.

Quelle est la première pièce à laquelle vous avez pensé?
Irina: Quand j'étais très jeune, j'ai vu le film Annie Hall, avec Diane Keaton, et je suis tombée amoureuse de ce personnage. Le lendemain matin, je suis allée dans la garde-robe de mon papa et je lui ai volé une cravate. J'avais huit ou neuf ans. Je voulais la mettre à l'école. Tout le monde riait de moi. C'était ridicule. Aujourd’hui, on le voit sur tous les podiums Saint Laurent, c'est redevenu à la mode. Dès le début de ma carrière, j'ai toujours aimé les complets, les vestons; ce look un petit peu androgyne. J’ai porté beaucoup de cravates. La première fois où j'ai été remarquée pour mon style personnel, c'était parce que je portais mes complets vintage. On a donc commencé avec le veston, qui est une pièce iconique, je pense, de tous les garde-robes de femmes.
Véronique: C'est un fit un peu plus boyfriend que ce que j’ai fait avant. Irina voulait qu'elle ait l'air de porter des épaulettes. Et quand j'ai vu passer cette matière — un mélange de polyester et de rayonne certifié Oeko-Tex — dans du deadstock, je me suis dit: «C'est sûr que j'achète ça!» Je voyais vraiment Irina dedans. Je trouve que ça fait un peu Londres, dans les années 1990.
Qu’en est-il de la robe Kate?
Irina: Elle est inspirée par Kate Moss, une très bonne amie et ma mentor dans l’univers de la mode. Elle m’a inspirée, dans ma carrière, ma vie personnelle, mais surtout dans mon style. Quand on voyageait ensemble, je piquais toujours des choses dans sa valise, et vice versa. La robe Kate, c'était vraiment notre vision de la petite robe noire que Kate a revisitée et portée à maintes reprises à travers les années. Ce modèle-là est inspiré des années 1990: une petite robe noire très simple, qui fait bien à un peu tout le monde. Ce qu'elle a d’incroyable, c'est la coupe au niveau du décolleté. Avec Véronique, on a fait beaucoup de recherches pour qu’elle soit parfaite: pas trop longue, pas trop carrée.

Il y a aussi une petite robe d’été dans la collection?
Véronique: Oui, la robe Paris!
Irina: Paris, c’est une ville qui fait partie de ma vie et où j'ai habité pendant plus de 20 ans. On a d’ailleurs eu la chance de photographier la campagne Irina X Louve là-bas. La robe Paris, pour moi, évoque une influence un peu bohème, qui fait aussi partie de mon style. On voit Marianne Faithfull, en 1969, à Woodstock, la porter pieds nus, avec des fleurs dans les cheveux. Mais aujourd'hui, je verrais aussi une skateboardeuse la porter avec des Converse! Jaune, c'est ma couleur préférée aussi. Elle est droite et elle tombe sur le corps d’une façon très décontractée, un peu hippie.
Quel est l’objectif ultime de la collaboration?
Irina: Avec ce qui se passe aux États-Unis, l'important est d'encourager les marques québécoises, de soutenir nos artistes, nos designers, nos couturiers, nos patronniers, nos compagnies locales. C'est plus important que jamais. Il faut qu'on travaille tous ensemble pour donner une chance à nos artisans locaux de pouvoir grandir et survivre dans ces moments très difficiles.
Véronique: De mon côté, je vois la chute, parce que j'ai grandi là-dedans. Je ne suis pas sûre des chiffres, mais le nombre d’emplois en mode au Canada a diminué radicalement. Ça s'en va où? Je l'ai vu à Vancouver, je l'ai vu à Toronto. C'est très, très difficile. Donc on a vraiment besoin de gens comme Irina pour nous élever un peu, parce que tous seuls, on ne peut pas tout faire. Mais le but ultime de la collection, c'est d'aider l'industrie de la mode au Québec.
Irina: En plus, on ne peut plus se permettre de surproduire. Si tout le monde essaie de créer en encourageant des valeurs comme le respect d'autrui, le respect de l'environnement, de notre industrie, on fera de petits pas et on arrivera à offrir un modèle de mode différent: durable, respectueux, conscient.

Quel est votre souhait concernant l’avenir de la mode au Québec?
Irina: Mon rêve, ce serait qu'il y ait d'autres artistes québécoises — que ce soient des peintres, des humoristes, des actrices, des chanteuses — qui veuillent collaborer avec nos marques, encourager et pousser nos femmes entrepreneures pour donner de la visibilité aux marques locales. C'est vraiment important pour moi. Quand on travaille en communauté, tout le monde gagne. On ne peut plus compter sur l'extérieur. Il faut compter sur nous. Il faut vraiment que les gens le comprennent. On doit s’entraider.
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