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L'article provient de Le Journal de Montréal

Louise Beaudoin - Le parcours remarquable d’une femme déterminée

Photo d'archives, BEN PELOSSE
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Photo portrait de Louise Bourbonnais

Louise Bourbonnais

2025-03-30T05:00:00Z
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La feuille de route de Louise Beaudoin est certes impressionnante. On comprend en lisant sa biographie qu’elle a fait preuve de détermination durant sa carrière afin de défendre ses idéaux, ce qui lui a permis de mener de nombreuses batailles idéologiques. L’ex-ministre de la Culture et des Communications du Québec a travaillé sans relâche pour mener ses projets à bien et laisser en héritage ses réalisations, qui font partie de notre patrimoine historique.

JEAN-FRANCOIS DESGAGNES/JOURNALD
JEAN-FRANCOIS DESGAGNES/JOURNALD

Son destin était sans doute tracé. Elle est née à Québec en 1945, dans une famille bourgeoise dont les ancêtres ont, en quelque sorte, marqué l’histoire du Québec en s’impliquant en politique. Sa grand-mère maternelle était une Tessier.

«Il y a eu au moins quatre Tessier qui ont été députés», souligne-t-elle.

Si on recule dans le temps, on découvre qu’un de ses ancêtres, Ulric-Joseph Tessier (1817-1892), a été maire de Québec, député réformiste de Portneuf, sénateur fédéral et juge à la Cour supérieure du district de Québec.

Son arrière-grand-père, Auguste, et son grand-oncle, Jules, ont été présidents de l’Assemblée nationale.

Son oncle, Jacques Flynn, a été ministre conservateur fédéral et élu dans une circonscription de Québec, puis nommé sénateur et ministre de la Justice au fédéral.

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Est-ce que l’on se demande encore pourquoi Louise Beaudoin a senti l’appel de la politique?

Quant à son père, avocat, originaire de Thetford Mines, il était déjà actif sur la scène politique fédérale avant d’être nommé juge à la Cour supérieure.

«On était très politisés chez nous, révèle Louise Beaudoin. Mes souvenirs les plus lointains liés à ma famille sont ceux de nos discussions politiques. C’était très important.»

Elle écrit cependant que sa mère, d’une autre époque, souhaitait simplement qu’elle trouve un bon mari. Aujourd’hui, Louise Beaudoin en rit. En revanche, son père l’a poussée à faire des études.

Marquée par diverses figures intellectuelles, elle est d’abord diplômée en histoire de l’Université Laval (l'équivalent d’un baccalauréat aujourd’hui), puis elle a obtenu une maîtrise en histoire, en plus d’être titulaire d'une licence en sociologie de l’Université Paris-Sorbonne.

Questions-réponses

MAXIME DELAND/AGENCE QMI
MAXIME DELAND/AGENCE QMI

En fait, son parcours, qui n’a rien d’anodin, nous est raconté par l’entremise de questions-réponses des coauteurs, Stéphane Paquin et Mathieu Roy. Un long processus qui s’est étendu sur trois ans et qui, somme toute, ressemble à un cours d’histoire, notre histoire, celle du Québec, qui est aussi liée à la France puisque Louise Beaudoin a aussi été déléguée générale du Québec à Paris.

Toujours active malgré ses 79 ans, elle estime d’ailleurs que ce sont ses diverses activités qui la gardent jeune.

«Je suis en santé, je travaille et je fais aussi du ski de fond avec une amie dans les Laurentides à Val-David, et l’été, je joue au golf dans Charlevoix, je passe mes étés aux Éboulements. Il faut être actif», insiste Louise Beaudoin.

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Aujourd’hui, l’ex-ministre peut regarder derrière elle et constater le parcours accompli. Directrice de cabinet, déléguée générale du Québec à Paris, ministre des Relations internationales, ministre déléguée aux Affaires intergouvernementales canadiennes, ministre de la Culture et des Communications, ministre responsable de l’application de la Charte de la langue française et, une deuxième fois, ministre des Relations internationales et de la Francophonie sont les postes qu'elle a occupés en politique provinciale.

À cela s’ajoutent à son CV: des fonctions en tant qu’analyste dans les médias, sa carrière dans le milieu universitaire, en plus d’avoir écrit plusieurs ouvrages. Des études supérieures, certes, sans pour autant aller jusqu’au doctorat. «Je préférais aller dans l’action et tenter de faire l’histoire», se souvient Louise Beaudoin.

Déjà au moment de ses études, l’idée de faire de la politique s’était pointé le bout du nez. Donner des cours à l’université était son plan B.

«Comme on ne sait jamais si ça va marcher, l’enseignement était l’alternative. J’ai eu trois défaites avant de me faire élire», évoque-t-elle. Puis les choses se sont enchaînées.

Et si on lui demande dans quel ministère elle a préféré travailler? «La culture», répond-elle sans hésitation. «La culture nous définit et ça m’a beaucoup plu.»

La langue française en héritage

Photo d'archives, Sébastien St-Jean
Photo d'archives, Sébastien St-Jean

Lorsqu’il est question de Louise Beaudoin, ce n’est pas la matière qui manque. D’emblée, on comprend que son principal combat a été d’assurer au Québec la place qui lui revient dans le concert des nations.

Plusieurs rencontres ont été marquantes pour elle, notamment celle de René Lévesque pendant qu’elle était encore aux études, alors vice-présidente de l’association étudiante de l’Université Laval.

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«Il m’a influencée beaucoup. Je l’ai côtoyé jusqu’à une semaine avant sa mort», révèle la politicienne. Mais elle a aussi été proche de Jacques Parizeau, Lucien Bouchard et Bernard Landry. À l’écouter se raconter, on comprend que le français a toujours occupé une place importante dans ses fonctions. C’est elle qui a notamment permis au Québec de participer au premier Sommet de la Francophonie à Versailles en 1986.

La perte de son conjoint

Parmi ses épreuves, la mort de son mari, François Dorlot, en 2018, décédé d’un cancer, a été une dure épreuve.

«Ça a beaucoup changé ma vie de me retrouver toute seule. Il a été mon conjoint pendant 45 ans», confie-t-elle. «Il était drôle, intelligent, original... il m’impressionnait... Il m’a constamment appuyé sans jamais défaillir.»

Loin de baisser les bras après son départ, Louise Beaudoin n’a rien voulu abandonner pour autant. «Ç’a été pour moi une motivation de demeurer le plus active possible au lieu de m’étendre sur mon malheur.»

Avant sa mort, il a demandé l’aide médicale à mourir. Il y avait droit puisqu’il remplissait tous les critères. Néanmoins, il n’a jamais eu une réponse adéquate à sa demande. Ce qui ajoute à la souffrance afin de partir dans la dignité.

Ses rêves réalisés

Photo fournie par Pascale Vallée
Photo fournie par Pascale Vallée

Louise Beaudoin était habitée par de nombreux rêves qu’elle a réussi à réaliser. Elle n’a toutefois jamais rêvé d’être première ministre, préférant laisser cela aux autres.

Par ses accomplissements, elle a certainement ouvert des portes aux autres femmes qui ont suivi en politique, mais cela, elle est trop modeste et humble pour le prétendre elle-même.

Parmi ses réalisations, on retient la Journée de la culture du Québec ainsi que la Grande Bibliothèque du Québec, un projet qui lui tenait particulièrement à cœur. Tous ses rêves politiques ont été réalisés, à l’exception d’un seul: l’indépendance du Québec. Elle espère encore, et surtout, elle y croit encore.

Distinctions

Louise Beaudoin a reçu plusieurs honneurs. Entre autres:

- En 1986, elle est nommée officier de la Légion d’honneur.

- En 2000, elle est nommée commandeur de l’ordre de la Pléiade.

- En 2004, on lui attribue l’insigne de commandeur de l’ordre national de la Légion d’honneur.

- En 2017, elle est nommée grand officier de la Légion d’honneur

- En 2005, elle est récipiendiaire de la médaille d’honneur de l’Assemblée nationale.

Éditions du Boréal
Éditions du Boréal

Louise Beaudoin Entretiens

Stéphane Paquin et Mathieu Roy

Éditions du Boréal

278 pages

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