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L'article provient de Le Journal de Montréal
Affaires

Fitzgibbon battu à plate couture

LG et Stellantis choisissent l’Ontario pour leur «méga-usine» de batteries de 5 G$

Le premier ministre de l’Ontario, Doug Ford (au lutrin), était tout sourire, mercredi, à Windsor, lors de l’annonce de la construction d’une méga-usine de batteries dans sa province.
Le premier ministre de l’Ontario, Doug Ford (au lutrin), était tout sourire, mercredi, à Windsor, lors de l’annonce de la construction d’une méga-usine de batteries dans sa province. Photo tirée de Twitter, @fordnation
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Photo portrait de Francis Halin

Francis Halin

2022-03-23T15:05:24Z
2022-03-24T04:22:44Z
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Le gouvernement Legault vient de se faire damer le pion par l’Ontario qui aura sa méga-usine de batteries de 5 G$ des géants LG et Stellantis, selon les partis d’opposition à Québec.

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« C’est symbolique de l’échec de l’ambition de François Legault et de Pierre Fitzgibbon de faire fonctionner le Canada à l’avantage du Québec », a dénoncé le chef du Parti Québécois (PQ), Paul St-Pierre Plamondon.

« Ce sont nos impôts qui vont empêcher le Québec d’avoir son pôle batterie. Ça me fait penser à la Davie », a-t-il ajouté, ajoutant que l’investissement ontarien de 5 milliards $ et 2500 emplois créés n’avait rien à voir avec le 500 millions $ et 200 nouveaux emplois de General Motors (GM) et Posco à Bécancour annoncé récemment.

Québec « en culottes courtes »

Pour le libéral Marc Tanguay, porte-parole de l’opposition officielle en matière d’économie, le gouvernement Legault est « en culottes courtes ».

« Venant d’un premier ministre qui aime se comparer à l’Ontario. Aujourd’hui, Doug Ford et les Ontariens ont marqué un gros but », a-t-il imagé.

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Mercredi, Ottawa a annoncé en grande pompe que c’est à Windsor, en Ontario, que le géant coréen LG et Stellantis bâtiront la première « méga-usine » de batteries de 5 G$ au pays, ce qui entraînera la création de 2500 emplois payants.

« C’est le plus gros investissement de l’industrie automobile de l’histoire de la province et du pays aussi », s’est félicité le premier ministre ontarien Doug Ford. On ignore encore combien de fonds publics injectera le fédéral.

Fausse compétition

Or, pour le ministre de l’Industrie, François-Philippe Champagne, l’annonce d’hier est une bonne nouvelle pour la filière batterie de Bécancour.

« La compétition, ce n’est pas entre le Québec et l’Ontario. C’est entre le Canada et les États-Unis ou l’Europe », a-t-il assuré en entretien au Journal.

« Il nous manquait un élément important, qui était l’usine de batteries et aujourd’hui, on l’a, alors au contraire je vois cela comme une très bonne nouvelle », a-t-il insisté. 

Même son de cloche pour Daniel Breton, PDG de mobilité Électrique Canada (MEC), qui a souligné que l’arrivée de LG allait aider la filière québécoise.

« C’est une excellente nouvelle pour le Québec et le Canada de voir que le Québec et l’Ontario tirent leur épingle du jeu », a-t-il résumé.

Fitz pas déçu

Mercredi, quand Le Journal a demandé au cabinet du ministre de l’Économie, Pierre Fitzgibbon, s’il était déçu de ne pas avoir eu l’usine au Québec, il a répondu que non et qu’il savait que le projet s’en venait.

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« Il y aura plusieurs usines de cellules qui seront annoncées dans le futur. L’usine LG servira à créer des cellules pour les batteries alors que les projets de BASF et de GM Posco vont produire des matériaux actifs de cathodes alors que Nouveau Monde Graphite va produire des matériaux actifs d’anodes », a indiqué son directeur des communications, Mathieu St-Amant.

« Ces derniers matériaux représentent plus de 60 % du coût d’une batterie et ont une grande valeur ajoutée. Nous sommes aussi en discussion avec différentes cellules qui souhaitent s’établir au Québec. Nous sommes fiers de nous être intégrés dans la chaîne d’approvisionnement des voitures au Canada, une première depuis 20 ans », a-t-il conclu.

Le plus gros manufacturier de batteries au monde, CATL est à la recherche d’un endroit pour bâtir une usine en Amérique du Nord.

La filière batterie québécoise face à de gros obstacles 

Pénurie de main-d’œuvre, protectionnisme, concurrence... une économiste du Mouvement Desjardins estime que le gouvernement Legault devra « garder le souffle » pour faire avancer sa filière batterie.

Alors que la coopérative financière constate que le Québec s’est positionné pour accueillir des usines de batteries électriques, on note qu’elle devra travailler fort pour rester dans la course.

« Toutefois, rien n’est acquis : outre la rareté de travailleurs potentiels, il faut reconnaître que l’oncle Sam n’a pas véritablement baissé la garde en ce qui a trait au protectionnisme », observe Joëlle Noreau, économiste principale du Mouvement Desjardins dans une analyse parue hier.

« Les concurrents ont des moyens financiers colossaux et sont en marche depuis plus longtemps », ajoute-t-elle.

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Financement adéquat, recrutement de main-d’œuvre compétente, formation des travailleurs et partenariats avec les donneurs d’ordres sont autant de défis que devront surmonter les usines de production de batteries.

On part de loin

D’après l’économiste, « le pays part de bien loin en comparaison avec ses concurrents », mais il faut souligner la volonté affichée d’aller au-delà de l’extraction du lithium.

« C’est la première fois dans l’histoire du Québec où l’on est capable de prendre le minerai et d’aller si loin dans la chaîne », a récemment souligné en entrevue au Journal le ministre de l’Économie, Pierre Fitzgibbon, après l’annonce de l’arrivée du géant allemand BASF.

De l’extraction des métaux jusqu’au recyclage des batteries, le Québec dispose de nombreux atouts, souligne Desjardins.

Même si le Canada et le Québec ne sont pas des joueurs majeurs dans l’exploitation du lithium, il est possible de tirer leur épingle du jeu.

« Malgré le fait que le Québec ne soit pas un joueur dominant en termes de réserves de lithium, il s’est déjà positionné comme terre d’accueil pour les usines de batteries électriques et leur recyclage », conclut Joëlle Noreau.


Usine de batteries de LG et Stellantis en Ontario  

  • Ville : Windsor, Ontario 
  • Coût : 5 milliards $ 
  • Emplois : 2500  

Usine de matériaux de cathode GM Posco au Québec  

  • Ville : Bécancour 
  • Coût : 500 millions $ 
  • Emplois : 200  

Sources : ministère de l’Innovation, Sciences et Développement économique Canada et ministère de l’Économie et de l’Innovation du Québec

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