LIV Golf: popularité à gagner
LIV Golf traîne de la patte aux guichets depuis son lancement

François-David Rouleau
BEDMINSTER, New Jersey | Ça ne se bouscule pas aux portes du Trump National pour le troisième tournoi de l’histoire de LIV Golf à Bedminster. L’organisation prétend faire les choses différemment, mais peine à attirer l’attention du grand public.
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La mégalopole du nord-est des États-Unis qui s’étend de Washington D.C. à Boston est un endroit de prédilection des amateurs de sports.
C’était toutefois très tranquille cette semaine sur le parcours Trump National à Bedminster. Et en lever de rideau du tournoi aussi à l’exception des groupes de manifestants exprimant leur dégoût envers la série.

Ils sont très nombreux à ne pas avaler cette présence d’une ligue propulsée par l’argent saoudien à 75 km à l’ouest du One World Trade Center alors que 15 des 19 terroristes du 11 septembre 2001 provenaient de l’Arabie saoudite. D’autres manifestent contre les droits réprimés et les atrocités commises par le Royaume.

Autour du parcours, on ne ressent pas la frénésie d’un événement du circuit de la PGA. Malgré des haut-parleurs crachant de la musique qu’on entend un peu partout sur la propriété, l’ambiance n’est pas celle annoncée dans le slogan, soit plus bruyante.

Les observateurs de salon qui en doutent sont invités à se déplacer sur les différents sites accueillant les meilleurs golfeurs au monde... Ça grouille de partout et il y a de l’action.
Si elle veut être fidèle à ce qu’elle annonce, la ligue a fort intérêt à s’activer sur tous les fronts.
Du luxe
À Bedminster, on note surtout les parades des invités de marque et le luxe. Dans le fief du 45e président des États-Unis Donald Trump, il fallait s’y attendre. Personnalités publiques connues, investisseurs étrangers, membres influents de la communauté d’affaires américaine et membres du riche club de golf détonnent parmi les spectateurs.
Sur le parcours, on retrouve à peine une demi-douzaine de petits gradins à deux niveaux où peuvent s’entasser une centaine de personnes. Ils sont installés à proximité des aires de jeu afin de créer l’ambiance. Les détenteurs de billets achetés à l’admission générale suivent les traces des têtes d’affiche.

Autour des installations du club se trouvent différents types de «loge» où l’atmosphère est davantage à la fête, surtout avec l’alcool qui coule à flots sous le chaud soleil.
Mais l’atmosphère générale n’arrive pas à la cheville d’un tournoi régulier du circuit de la PGA. Quant aux tournois majeurs, elle ne peut même pas s’y comparer.
Peu d’informations
LIV Golf suit la même tendance que son unique investisseur, le Fonds public d’investissement saoudien.
Il retient les informations et laisse couler très peu de détails.
Ainsi, il est impossible de connaître le nombre de billets en circulation de même que l’assistance aux deux premiers tournois de la saison.
Selon les estimations des collègues ayant couvert ces deux événements, moins de 10 000 spectateurs avaient franchi les tourniquets chaque jour.

Des tas de billets disponibles
La même tendance est observée sur le parcours de 7591 verges ce week-end. À la veille du premier coup de départ, les billets de deux catégories, Gallery Club et Club 54, étaient entièrement écoulés pour la première ronde d’hier. On n’en connaît pas le nombre.
À l’admission générale, les prix sont fixés à 75 $ par jour tandis que dans les loges, la valeur quotidienne varie de 275 à 1250 $. Le forfait «premium» pour la totalité du tournoi s’élève à 4250 $. En argent américain, bien sûr!
Jeudi soir, il était possible de se procurer des billets à 1 $ sur les sites de revente en ligne.
Dans les coulisses, on raconte que bon nombre des billets en circulation sont donnés pour augmenter l’affluence et montrer sur les images que l’événement intéresse les amateurs.
Sans données officielles, il est difficile de contredire la théorie.
À l’exception du Tournoi des Maîtres, les assistances sont connues dans les grands tournois professionnels. Les foules quotidiennes sont souvent estimées à environ 50 000 personnes par jour.
Son Excellence a été oubliée

BEDMINSTER, New Jersey | Une scène irréaliste s’est déroulée jeudi matin lors du pro-am sur le premier tertre de départ. Après leur coup de départ respectif, Dustin Johnson, Bryson DeChambeau, Eric Trump et Donald Trump ont fait quelques pas pour quitter le tertre, jusqu’à ce qu’une voix s’élève derrière. Ils avaient oublié un invité de marque... et non le moindre!
C’était son Excellence Yasir Othman Al-Rumayyan. Il s’agit du gouverneur du Fonds public d’investissement d’Arabie saoudite. C’est lui qui tient la gigantesque pompe à fric qui finance entièrement la nouvelle série LIV Golf.
Les deux golfeurs et leur cadet ont donc arrêté leur démarche, l’ex-président américain et son fils aussi. L’homme s’est précipité pour planter sa balle et s’élancer sous leurs regards attentifs et celui du commissaire Greg Norman.
Pas dérangé
Le gouverneur n’a pas paru dérangé par ce manque de respect. Dans le contexte, s’il y avait quelqu’un à ne pas oublier, c’était bien lui. Sans compter qu’il est connu que la famille Trump entretient des liens d’affaires avec le Fonds d’investissement saoudien.
Pas étonnant aussi que l’organisation Trump accueille deux tournois LIV cette saison. C’est une forme de vengeance contre la PGA d’Amérique, qui avait déplacé l’édition de son championnat 2022 de Bedminster à Southern Hills, après l’assaut du Capitole le 6 janvier 2021.
Les dirigeants de la compétition chez LIV n’ont pas dévoilé la liste de tous les invités au pro-am. Une des influenceuses qui y prenaient part s’est quant à elle occupée de la publier sur ses réseaux sociaux.
Parmi les personnalités connues invitées à titiller la petite blanche figuraient Caitlyn Jenner, l’ancienne vedette de la NBA Charles Barkley, et l’ancien joueur de football Brian Urlacher.
Sécurité renforcée
Avec la présence de Trump sur le site, en plus de celles du gouverneur Al-Rumayyan et de son directeur des finances Ziad al-Murshed, il va sans dire que la sécurité était grandement renforcée.
Les agents des services secrets protégeant l’ex-président ont patrouillé dans le parcours à bord d’une vingtaine de voiturettes. À cela s’ajoute la sécurité autour des Saoudiens.
Al-Rumayyan est d’ailleurs débarqué sur le paillasson du Trump National en ouvrant la portière de l’une des deux berlines de luxe identiques Mercedes-Benz noires. Celles-ci étaient entourées de quatre énormes véhicules utilitaires sport.